Mali : La Dengue devenue une affaire d’État

2

Ce fléau qui multiplie discrètement les victimes dans notre pays mérite enfin l’attention et le suivi qu’il faut après 3 mois de présence. Apparue en 2021, cette maladie du moustique-tigre avait longtemps disparu des radars avant d’effectuer son retour au Mali en septembre dernier. Le Gouvernement, qui faisait régulièrement le point de la Covid 19 en a provoqué un agacement durant des semaines. Et pour cause, alors que dame Corona, qui avait changé l’ordre mondial en 2020 est classée de faible ampleur par l’OMS, le conseil des ministres continuait de faire le point. Situation que notre rédaction a maintes fois dénoncée afin que les choses soient rétablies au sommet de l’Etat et dans leur contexte.

Une communication alors limitée faisant office de gros paradoxe alors que la dengue faisait des ravages en refaisant surface. Il aura donc fallu une hausse des contaminations pour que KOULOUBA prenne le mal à son compte. En effet, la courbe de ce qu’il convenait de suivre de près est en croissance au Mali avec plus de 300 cas positifs dont 12 cas graves confirmés à la date du 9 novembre, selon les chiffres d’autorités sanitaires. Finalement, les 2 derniers conseils des ministres ont consacré un chapitre à cette montée en puissance du moustique. Une attente finalement comblée qui permet tout au moins à la population de prendre la mesure du danger et d’en comprendre les enjeux.

Les autorités se contentent certes pour l’heure de dévoiler chaque semaine des  chiffres et d’exhorter les populations à la prudence, mais il s’agit déjà d’une démarche exceptionnelle dans une sous-région où aucun pays n’en fait de même alors que la problématique se pose avec autant d’acuité dans plusieurs pays frontaliers du Mali.

Quoi qu’il en soit, avec plus de 2.406 cas suspects pour 336 cas positifs et 12 cas graves enregistrés par les services de santé à la date du 9 novembre 2023, l’heure est grave. Notre rédaction invite chacun à prendre les dispositions pour éviter d’être exposé.

 

I KEITA

xxxxx

Les conseils du Dr Moussa Djimdé du MRCC sur la Dengue

«Plus le corps est affaibli, plus graves sont les conséquences»

Transmis par des moustiques aux humains, la dengue est présente sur le territoire malien depuis le 9 septembre 2023.  En attendant de trouver un remède efficace, notre rédaction a approché Dr Moussa Djimdé du centre de recherche et de formation sur le paludisme (MRCC). Lisez plutôt ses éclaircissements sur cette maladie mortelle.

Le Témoin : Quelles sont les causes principales de la dengue ?

Dr Djimdé : La dengue est une maladie infectieuse d’origine virale. La cause est un virus de façon générale, de façon spécifique il y a plusieurs souches qui peuvent être responsables de la maladie de la dengue. Il existe jusqu’à 4 souches qui sont aujourd’hui identifiées. On les appelle des stéréotypes (DENV-1, DENV-2, DENV-3 et DENV-4). C’ est une maladie virale qui est transmise par un moustique(Aedes) tout comme le paludisme, mais les moustiques qui transmettent la maladie sont différents.

Le Témoin : Quels sont les symptômes liés à cette maladie ?

Les symptômes de la dengue sont tout comme le paludisme. Il n’y a pas de signe spécifique à la dengue car elles sont similaires au palu.  En cas d’infection un patient peut avoir de la fièvre, des maux de tête, de la nausée, des vomissements et des courbatures. Pour la dengue, ces symptômes peuvent être accompagnés de saignement. Généralement dans nos structures de santé on soigne tout pour le paludisme, alors que plusieurs maladies présentent des symptômes similaires à celles du palu. Il est donc recommandé de faire des tests pour avoir confirmation.

Le Témoin : Comment prévenir la dengue ?

La prévention est compliquée dans notre pays, c’est de ne pas se faire piquer par les moustiques.  Au jour d’aujourd’hui, je ne pense pas si le vaccin de la dengue fait partie du programme élargi de vaccination(PEV), En tout cas le vaccin existe tel que la Dengvaxia qui, même s’il ne prévient pas l’infection, peut prévenir au moins le développement des signes. Le vaccin prépare le corps contre les microbes.

Le Témoin : En quoi consiste son traitement ?

Le traitement est symptomatologique. Il n’y a pas un traitement spécifique pour la dengue, on traite les signes qui sont associés à la maladie. Quand une personne a mal à la tête on lui donne un traitement contre les maux de tête ou quand le corps est chaud on donne quelque chose contre la fièvre, etc. Généralement les infections virales ne sont pas aussi méchantes que les infections bactériennes ; l’organisme saura se défendre pour éliminer le virus.

Par contre, quand le corps est affaibli sur le plan immunitaire, le virus peut prendre le dessus.  Donc on traite les symptômes le temps que l’organisme prenne le dessus pour pouvoir éliminer le virus.

Le Témoin : Quelles sont les conséquences liées à cette pathologie ?

S’il n’y a pas de prévention on est exposés à l’infection, aux signes. Et ces signes peuvent se compliquer et provoquer la mort du patient. Généralement plus le corps est affaibli sur le plan immunitaire plus les conséquences sont graves. Par exemple chez les malades qui ont le cancer, le diabète, le sida ils ont une immunité affaiblie, les vieilles personnes également et certain traitement que l’on prend diminuent l’immunité. Donc, s’il y a un problème immunitaire qui est déjà là, la maladie va être plus fulgurante et conduire jusqu’au décès.

 

Propos recueillis par Aly Poudiougou

Commentaires via Facebook :

2 COMMENTAIRES

  1. Keitake, il ne faut pas donner des fausses assurances sur dame COVID19 car si l’OMS parle de la situation globale, les réalités locales sont a prendre en compte tres sérieusement, beaucoup de pays a travers le monde font de la vaccination contre la COVID19 une priorité de sante publique encore en ce mois de novembre 2023. Je pense qu’il est tres malhonnête de dire a la population Malienne d’oublier la COVID19 et de s’intéresser a la Dengue, il faut combattre les deux en meme temps!

Comments are closed.