Les 25 et 26 avril 2016 s’est tenu à la Résidence Bouna de Bamako le deuxième atelier de capitalisation du projet : « West Africa Ebola preparedness project » de Christian Aid. La cérémonie d’ouverture était présidée par le Représentant de Christian Aid au Sahel, Yacouba Koné. Deux jours durant et sous la Facilitation de Dr. Yacouba Cissoko, Chargé de Programme d’urgence à Christian Aid, les participants, venus des régions bénéficiaires au Mali et au Sénégal, ainsi que des partenaires de Christian Aid du Burkina Faso, sans oublier les chargés de programme des autres agences ayant bénéficié des fonds START au Mali, ont fait la revue des avancées et des insuffisances constatées, des leçons apprises, bref de l’expérience tirée pendant la durée du projet.
Entre 2014 et 2015, la Maladie à Virus Ebola (MVE) a fait des ravages en vies humaines dans plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest tels que le Libéria, la Sierra Léone et la Guinée Conakry. Le Mali et le Sénégal, deux pays voisins de la zone durement infectée, ont été touchés et éprouvés par la maladie qui a été heureusement vite maîtrisée. Cependant, l’épidémie rode, toujours en Guinée d’où la persistance du risque pour ces pays voisins.
Ainsi, dans le cadre de la prévention et la préparation contre l’épidémie de la Maladie à Virus Ebola (MVE) en Afrique occidentale et particulièrement au Mali et au Sénégal, Christian Aid a bénéficié de DFID le Département de à travers le Start Fund d’un financement d’un montant global de 517,697 millions de FCFA pour une durée de 11 mois, allant de mai 2015 à avril 2016.
Fidèle à sa stratégie d’intervention basée sur le principe de « faire faire », Christian-Aid a confié l’exécution de ce projet d’urgence humanitaire à trois (3) ONG nationales, à savoir : ADAC et 3 AG au Mali et RADI au Sénégal.
Au Mali, les régions de Sikasso (Kadiolo et Kolondiéba) et Koulikoro (Ouélessébougou, Kangaba et Kolokani) et au Sénégal, celles de Kolda, Sédhiou, Tambacounda, Kédougou, sont considérées comme à risque élevé. D’où leur choix pour bénéficier de ce projet à travers le renforcement de la prévention dans ces zones. Dans le cadre dudit projet, il est prévu un processus de capitalisation.
Qu’est-ce que la capitalisation ?
La capitalisation est « un processus d’acquisition, de collecte, d’organisation et d’analyse d’informations relatives à une expérience donnée, en vue d’en tirer des leçons et de les partager en utilisant des supports adaptés ». Ainsi, cet atelier de capitalisation est le couronnement d’un processus entamé dès le début du projet. Elle permettra de valoriser les ressources humaines, la gestion des connaissances, c’est un lieu d’apprentissage, de partage et de solidarité.
En effet toute personne travaillant au sein de chaque organisation ou ONG dispose d’une expérience à faire valoir, à faire reconnaître et à partager, chacune de ces personnes doit également apprendre des autres. C’est ainsi que tous les agents de Christian Aid ont participé au processus de capitalisation qui se termine par cet atelier.
La capitalisation est aussi une composante de la gestion des connaissances si l’on sait que les connaissances peuvent être définies comme un ensemble d’informations provenant des pratiques, des expériences et des leçons tirées de la mise en œuvre d’activités. Les acteurs de ce projet ont longuement recueillis et analysé leurs pratiques en vue d’apporter un changement ou d’inspirer des actions plus efficaces dans un contexte élargi pouvant alimenter un nouvel apprentissage et de nouvelles connaissances.
D’une manière générale, l’objectif de la capitalisation, c’est de permettre à chaque ONG de tirer parti de la richesse de son expérience et de son savoir-faire dans la mise en œuvre de projets. Elle analyse ainsi la manière dont elle met en œuvre ses activités pour en tirer des leçons en termes de pratiques à reproduire ou au contraire à éviter en vue d’améliorer la qualité et l’efficacité de ses actions futures.
Dans le cadre de la mise en Œuvre de ses projets, celui de la prévention et de lutte contre la Maladie à Virus Ebola en Afrique de l’ouest est le premier où Christian-Aid formalise la capitalisation à travers ce genre d’atelier. Une première préparatoire a eu lieu en février 2016 et l’atelier des 25 et 26 avril est le deuxième du genre.
Le projet Ebola Christian Aid et partenaires
Au cours des deux jours, les débats ont été très riches, les chargés de projets des ONG partenaires de Christian-Aid (ADAC, 3AG et RADI) ont présenté les résultats de leurs projets respectifs et le Dr. Yacouba Cissoko, Chargé de Programme d’urgence à Christian Aid, a consolidé ces résultats. Ces communications ont fait l’objet d’échanges participatifs et de partage d’expérience entre les participants.
De ces communications nous retenons que l’objectif général du projet, était de contribuer à réduire le risque d’une large propagation de la Maladie à virus Ebola au Sahel. Plus spécifiquement, il s’agissait d’améliorer la préparation à la MVE au Mali et au Sénégal au niveau communautaire, et au niveau Système de santé.
Les stratégies se déclinaient en sensibilisation (masse, école, communauté) et en distribution de matériel (lavage des mains, hygiène, médicaux).
Au chapitre des activités menées, il y avait la formation (agents projets, relais communautaires, enseignants), les sensibilisations (causeries éducatives, théâtre, émissions radio), le lavage des mains (écoles, communautés), les kits d’hygiène (écoles, lieux publiques : de culte, marchés, gares…) et médicaux, les plaidoyers (leaders religieux et traditionnels, syndicats et transporteurs, élus locaux, chasseurs, orpailleurs) et un atelier gouvernance en santé (conseillers communaux, ASACO…).
Résultat atteints par le projet plus de 80% des acteurs sensibilisés sur MVE et connaissent 3 messages clés sur la prévention ; plus de 90% des personnes formées ont leurs connaissances accrues sur la MVE ; 75% des cibles de plaidoyer se sont engagé à lutter contre la MVE ; 70% des conseillers municipaux ont augmenté leurs connaissances sur les textes légaux en santé ; une nette amélioration de la pratique du lavage des mains a est maintenant observée dans la population bénéficiaire directe et indirecte qui a été estimée a environ deux millions de personnes.
Comme difficultés rencontrées, on note le retard dans la réalisation des activités, le problème de motivation des relais, et la période des activités par rapport aux réalités du terrain. Des solutions ont été préconisées pour chaque difficulté.
Parmi les leçons apprises figurent la dissémination de la fabrication et l’utilisation du lave main « Tippy-Tap » qui est un dispositif fait de deux fourches de bois implantées dans le sol qui servira de support à une traverse en bois sur lequel on met un bidon de 5 litres remplis d’eau relié à l’aide d’un fil à un morceau de bois qui sert de pédale « ainsi on se lave les mains avec peu d’eau sans rien toucher » cf Photo ; la mise en place de cadres de redevabilité pour la gestion des plaintes dans les communautés bénéficiaires ; les rencontres entre agences bénéficiant du fonds START qui a beaucoup aidé les uns et les autres grace au partage d’expériences et à la mutualisation des ressources; l’implication des différentes parties prenantes dès le début du projet ; la dynamisation des rencontres mensuelles entre relais communautaire et le centre de santé communautaire; l’amélioration de la pratique du lavage des mains ; et le déclic dans la surveillance à base communautaire.
Aujourd’hui, le grand défi qui se pose, c’est la pérennisation des acquis du projet.
Rappelons que chaque partenaire a choisi un thème de capitalisation. Ainsi, 3AG a capitalisé sur le rôle des groupements de femmes dans la lutte contre EBOLA ; le RADI va travailler sur le plaidoyer et ADAC sur le rôle des relais communautaires dans la lutte contre EBOLA. Ainsi ils ont présenté à cet atelier des fiches d’expérience et des histoires de vie pour illustrer les thèmes respectifs de leur choix.
Un film de capitalisation réalisée sur le projet qui sera bientôt projeté sur les média a été aussi projeté aux participants.
Cet atelier a été enrichissant pour les uns et les autres car les participants des autres ONG ont apporté leurs critiques constructives aux outils de capitalisation présentés. Ils ont bénéficiés des connaissances partagées. Un livret de capitalisation issu de cet atelier sera largement partagé. Ici cher lecteurs nous nous faisons porteurs de ces informations pour vous car cette maladie nous concerne tous.