Lutte contre le virus hémorragique Ebola La société accuse la clinique Pasteur pour négligence coupable

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Depuis l’entrée fracassante du virus de la mort certaine à la clinique Pasteur, qui plaide non coupable, le cœur des Maliens balancent sur l’attitude à tenir. Entre les accusations et la prudence du corps médical, Bamako affiche un nouveau train de vie. A ce jour, les autorités complètement déboussolées ne savent plus à quel saint se vouer. Focus !

 

Mardi, le 11 Novembre 2014, la nouvelle de l’entrée effective du virus Ebola dans la clinique Pasteur se répand comme une traînée de poudre. L’actionnaire principal de cet établissement de référence et de Pasteur en Guinée, Dr Ben Baba, alias Alwata, cardiologue de son état, brise le silence à l’hôtel Salam.

Selon lui, l’infirmier stagiaire décédé dans sa clinique s’appelait Salifou Diarra. Depuis, Pasteur est mise en quarantaine et surveillée par les forces de sécurité, notamment la Minusma, qui a d’ailleurs des patients dans le lot.

Toujours selon lui, le patient guinéen, Oumar Koïta, 65 ans, arrive à Pasteur pour une consultation ce Samedi 25 octobre  2014, entre 21 h et 22 h. Admis aux urgences, le médecin de garde, le docteur Doumbia, l’examine et l’hospitalise ipso facto pour traiter une pneumopathie, disent les langues fourchues de Pasteur. Deux jours plus tard, le 27 octobre 2014, il eût des complications et meurent. Sa dépouille revient à sa famille de Daoudabougou. Laquelle l’enterrement à Kourémalé sans autopsie.

Tardivement, l’équi- pe du ministère de la Santé informe la clinique Pasteur que le mort était un cas suspect. Immédiatement, le processus de surveillance et de prévention commence par le lavage des mains et la prise de température à l’entrée de Pasteur. Toutes les personnes alors en contact avec le vieux sont listées et le ministère de la Santé détient leur adresse.

Concernant  l’infirmier stagiaire, Salifou Diarra, il fut hospitalisé et isolé dans une salle, non sans alerter l’équipe du Pr Sow, en charge de la lutte contre l’épidémie au Mali.

Après les prélèvements, le résultat qui aurait dû tomber quelques heures dès l’entrée du virus de la mort certaine à Pasteur n’a été communiqué que quarante-huit heures après le décès de Salifou Diarra. C’est ce qu’on appelle de manière triviale le médecin après la mort.

Sur ce, la clinique ferme ses portes pour 21 jours. Une période pendant laquelle il n’y aura, ni consultation ni hospitalisation. Si le sieur Doumbia, médecin traitant du vieux guinéen demeure sous haute surveillance, son collègue en charge de l’infirmier stagiaire, est déclaré cas suspect. Ce qui amène le docteur Ben Baba à dire à ceux qui veulent l’entendre : «Nous sommes des victimes». Autrement dit, Pasteur décline toute responsabilité quant à la propagation du virus hémorragique à Bamako.

Une psychose perceptible

Des salons feutrés aux grins de rue de Bamako, la causerie porte sur Ebola. Les attitudes ont donc changé. Beaucoup se promènent avec du javel et se lavent les mains avant de saluer ou toucher autrui. D’autres portent des gants. C’est le cas de Souleymane du quartier populaire de Missira qui ne cache pas son inquiétude : «On peut se faire surprendre par Ebola à tout moment. Il faut s’écarter les grins pour éviter de partager le même verre de thé avec tout le monde».

Du côté de Lafiabougou, Mme Oumou Sidibé se montre plus radical. Cette responsable d’Ong tire à boulets rouges sur Pasteur. «Ils se sont tus lorsqu’ils ont constaté le virus chez le cas importé. C’est lorsque le personnel a été infecté qu’ils ont annoncé l’existence d’Ebola. Les responsables doivent être poursuivis pour négligence coupable. Ce qui du reste est une haute trahison».

Certains Bamakois, comme Macky Bâ du quartier Faladié, mettent la pression sur le chef de l’Etat. Elle estime que la fermeture provisoire des frontières peut épargner le pays d’une propagation à grande échelle. Surtout qu’il y a des infectés dans la nature. Employée dans une institution internationale, elle ne croit pas aux dires des responsables de la clinique Pasteur qui parlent d’une situation sous contrôle.

Leur attitude amènent beaucoup de Maliens à prendre leur distance avec les Guinéens. La gare de Sébénikoro affiche incomplet depuis l’annonce du maudit virus à Bamako. Les trafics ont été réduits comme peau de chagrin, les restaurants de la place quasiment vides. Beaucoup voient en cette gare, un redoutable foyer de propagation du virus.

En ce qui les cncerne, les services publics et privés commencent à imposer le lavage systématique des mains. Même l’ex Palais des congrès de Bamako qui abrite les importants rendez-vous entre dans la danse. Les agents des banques et d’Orange font recours aux gants pendant les heures de service.

Un corps médical confus

Au niveau du centre de santé de Kalaban Coura, le médecin-chef, Maïmouna Kéïta, se veut rassurante : «Si tout le monde applique à la lettre les précautions à prendre, Ebola n’aura aucune chance». D’ores et déjà, un dispositif de lavage des mains est visible dans son service. Mais, ses confrères du quartier Hippodrome ont une autre lecture de cette terrible maladie. L’infirmer stagiaire A. K. ne fait pas dans le mystère. Il pense que ses «collègues doivent être très regardant vis-à-vis des patients guinéens. Le système de surveillance sanitaire à la frontière a été fustigé. C’est ce qui expose le pays et facilite la chaîne de contamination».

Du côté de la clinique Farako, sise à la lisière de Badialan III, Mlle Koné appelle à ne pas tomber dans la psychose : «Si quelqu’un a un début de paludisme ou saigne du nez, il sera automatiquement stigmatisé par ses voisins. Une sensibilisation doit être faite afin d’éviter que les malades refusent d’aller vers les hôpitaux ou les cliniques». Elle préconise «une grande campagne de sensibilisation autour du virus Ebola. Et, comment s’en protéger ? Ainsi, chacun saura à quoi s’en tenir». Enfin, elle demande au ministre de la Santé d’«équiper les structures sanitaires du fait que le personnel médical a déjà et suffisamment payé un lourd tribu depuis l’apparition du virus en Guinée voisine». Si ses collègues de Pasteur étaient équipés, le docteur Doumbia serait peut-être en vie et la clinique concurrente aura évité la mauvaise publicité qui va fortement affecter sa notoriété.

Mobilisation générale forcée

La population doit être vigilante. Les différents avis enregistrés montrent à quel point Ebola hante tous les esprits. Les uns estiment que le ministre de la Santé, Ousmane Koné, a failli à son devoir. Les autres estiment qu’il doit rendre le tablier pour avoir été surpris à deux reprises par le virus : la fillette de Kayes et le vieux Koïta de Pasteur. Ces cas importés ne rassurent guère les citoyens de la capitale qui commencent à trimbaler du javel pour se laver les mains avant salutation.

Il reste à dire que l’appel au calme du porte-parole du gouvernement n’a vraiment pas eu d’échos. Chacun y va désormais avec son commentaire et sa compréhension. Pire, les pessimistes pensent que le virus n’existe pas, que c’est juste une distraction politicienne.

En tout cas, le virus Ebola se transmet par contact direct avec la sueur, le sang, la salive, l’urine, le lait maternel, le sperme, les selles et les vomissements des infectées vivantes ou mortes.

En plus de se référer aux structures sanitaires pour toutes informations supplémentaires, le gouvernement doit insister davantage sur un point : la communication, la sensibilisation à outrance. La population doit apprendre, en langues nationales, bien entendu, et comprenne réellement ce qu’il en est et prenne les dispositions adéquates face au virus de la mort certaine.

Il y va du bien-être de la population et de la bonne gestion de la lutte contre Ebola en terre malienne.

 

Grain de sable

Minusma en quarantaine

Depuis plusieurs jours, une vingtaine de soldats de la Minsma est mise à Pasteur. Ces soldats y avaient été initialement admis pour traitement après blessures subies dans le Nord du Mali. Avec l’entrée d’Ebola dans cette, c’est l’ensemble de l’établissement qui a été mis en quarantaine. Il ne faut pas confondre mise en quarantaine et mise en isolement. Un patient mis en quarantaine n’a pas développé de symptômes de la maladie, il n’est donc pas contagieux. C’est une mesure de précaution. Les soldats de la Minusma ne présentent, pour l’instant, aucun symptôme de la maladie.

 

IBK déprécie le dispositif de Kourémalé

Le chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keita, a-t-il apprécier ou déprécier le dispositif frontalier malien sis à Kourémalé que deux porteurs du virus traversent au nez et à la barbe des surveillants, entrent au Mali et contaminent des Maliens ?  Le président IBK ne mâche pas ses mots à l’endroit des laxistes, en occurrence les gardes frontaliers et les docteurs du cordon médical. Il tape sur la table : «Aucun cas ne doit être négligé». Personne ne doit traverser la frontière sans être soumis à un contrôle rigoureux. C’est dire à ses commis de la République de faire montre l’abnégation et la rigueur. Car, avertit l’homme fort du Mali, aucun manquement ne sera pas toléré. A bon entendeur…

Dans un autre registre, il signale que les négligents passifs docteurs de la clinique Pasteur où, les derniers cas ont été détectes, vont répondre devant la justice.

Pour le reste, le président IBK calme le jeu et prie ses compatriotes à ne pas basculer dans la psychose, voire la fatalité. Mais, il reconnaît : «Seul Dieu en a décidé ainsi. Nous devons être forts et vigilants».

Pour ce qui est des précautions à prendre pour éviter de contracter le virus, il conseille : «Il ne faut pas se serrer la main. Il faut se laver les mains avec du savon. Le lavage des morts doit être stoppés par les proches qui doivent en laisser le soin aux médecins spécialisés. Tout le monde doit appliquer à la lettre les instructions des proticiens et des autorités sanitaires. Car, Ebola n’est pas une affaire malienne.

 Ebola est une guerre et il sera combattue».

Cette sortie du président calme le jeu pour le moment. Mieux, elle place tous les Maliens devant leurs responsabilités. Il doivent soutenir le gouvernement qui ne peut pas combattre à lui seul le virus de la mort certaine.

Chacun doit revoir ses attitudes pour éviter les voies de contamination.

Le Parena déterre sa hâche de guerre

Dans la logique de la riposte contre le virus Ebola, le Parena s’engage dans la bataille via une tournée de sensibilisation à travers la capitale et ses environs du vendredi 21 Novembre au Lundi.

Le Parena a lancé ses activités à son siège national situé à Bolibana. Ce programme humanitaire dirigé par le président des jeunes du Parti pour le renouveau national repose sur le thème : “La jeunesse du Parena contre la maladie à virus Ebola”.

En collaboration avec les municipalités, Seydou Cissé et son staff ont effectué une tournée de sensibilisation à Bamako, Kalaban Koro et Kati. Les équipes engagées  ont appris à la populations la technique de lavage des mains, l’existence du virus tant redouté et distribué des kits d’hygiène afin que les bénéficiaires se protègent de cette maladie hémorragique.

La jeunesse du Parena se place désormais dans la bataille avec le slogan ” Ebola dehors”. Cette tournée de sensibilisation pilotée contribue à la mise en application des mesures sanitaires.

Pour rappel le virus Ebola a fait 54 victimes au Mali et 338 personnes mises en quarantaine.

Les précautions a prendre consistent à se laver les mains au savon au moins 4 fois par jour en évitant de se serrer les mains ou faire des accolades.

 

 

Porte-parole du gouvernement où médecin après la mort

Le porte-parole Mahamadou Camara ne ménage aucun effort dans le cadre de la lutte . Depuis Kouremalé, lors d’une visite de terrain, en compagnie du président IBK, il met en exergue le dispositif gouvernemental.

Selon lui, «la lutte est un engagement général impliquant le gouvernement». Il appelle chaque Malien  à ne pas céder à la panique. Concernant les personnes déclarées suspectes à Pasteur, le ministre des Ntic  rassure pour la bonne et simple raison qu’elles sont ‘’suivies de près. Après 21 jours, si elles n’ont pas développé les symptômes, elles seront toutes libérées. Le Dr Diomandé qui est a été le plus exposé se stabilise» signale M.  Le patron de la communication gouvernementale se montre confiant : «Si le Sénégal et le Nigeria ont pu stopper le virus Ebola, alors le Mali peut en faire autant». D’après lui, cette mobilisation commence au sein des familles, des mosquées, es églises, bref à tous les niveaux de la société. Il faut noter que Mahamadou Camara effectue des communications sur l’évolution de l’épidémie depuis son retour de la clinique Pasteur. Son service d’information annonce qu’à la date du 16 Novembre, les personnes exposées sont au nombre e 442 suspects sous contrôle sanitaire.

 

Idrissa KEITA  

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