Lutte contre les mutilations génitales féminines/ excision (MGF/E): Croisade des parlementaires ouest africains et européens contre le phénomène

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Des parlementaires ouest africains et européens étaient réunis à Bamako, les 8 et 9 mai derniers pour la mutualisation leurs efforts dans la lutte contre les mutilations génitales féminines/ excision (MGF/E). C’était à l’initiative d’AWEPA, avec l’appui financier du ministère des affaires étrangères du Luxembourg.

Cette rencontre de deux jours était présidée par le premier vice-président de l’Assemblée nationale du Mali et en présence de la coordinatrice politique du programme MGF/E et de l’AWEPA, Els Van Hoof, député belge et du chef du bureau d’AWEPA Mali, Antoine Brasset. Etaient présents à cette rencontre, les parlementaires venus du Niger, du Burkina Faso, de la Guinée Bissau, de la guinée Conakry, du Sénégal, de la Mauritanie, la Gambie et bien sûr du Mali. Avec le Mali, ces pays cités forment le Comité international des parlementaires pour l’abandon des mutilations génitales féminines/excision (CIPA-MGF/E), créé l’année dernière à Saly au Sénégal.

Ce rendez-vous de Bamako avait pour objectifs de partager l’expérience en ce qui concerne les activités parlementaires menées pour l’abandon des MGF/E, d’adopter les statuts et de discuter de la coopération sous-régionale  sur les MGF/E.

Selon Els Van Hoof, députée belge, coordonnatrice politique d’AWEPA, les parlementaires un rôle primordial a joué dans la lutte contre les MGF/E. Elle a indiqué que le premier but de l’atelier parlementaire organisé au Sénégal était « de renforcer la conscientisation du parlement sénégalais nouvellement élu sur la pratique des MGF/E et d’encourager les actions des parlementaires pour favoriser l’abandon de la pratique. Depuis la déclaration de Saly en 2013, des avancées énormes ont  été réalisées. Il est remarquable de constater que les parlementaires n’ont pas perdu leur temps, ont reconnu leur rôle important et ont pris des initiatives parlementaires concrètes, pour favoriser l’abandon de l’excision. Le modèle Sénégalais est intéressant et peut être inspirant au niveau institutionnel et méthodologique ». Devant les parlementaires ouest africains, elle a évoqué des cas de MGF/E dans son pays, qui concernent plus de 13 000 femmes qui « sont vraisemblablement  excisées  et plus de 4000 fillettes qui risquent une MGF selon les estimations de la Santé Publique ».

Sur le plan légal, elle a indiqué que la Belgique dispose depuis novembre 2000 d’une loi condamnant les mutilations génitales féminines. Cette loi a introduit un article 409 dans le Code pénal, sanctionnant d’une peine d’emprisonnement de trois à cinq ans « quiconque aura favorisé toute forme de mutilation des organes génitaux d’une personne de sexe féminin, avec ou sans consentement de cette dernière ». Comme parlementaire, elle a pris différentes mesures legislatives. Il s’agit notamment, depuis juillet 2014, de la loi permet de punir aussi les personnes qui incitent à cette pratique ou qui en font de la publicité sa 2e proposition de loi entend poursuivre la lutte contre les mutilations génitales féminines, d’une part en adaptant la réglementation relative au secret professionnel et, d’autre part, en rendant obligatoire l’enregistrement des mutilations génitales dans le dossier hospitalier des patientes.

En matière de mutilations génitales féminines, cette loi devrait autoriser les praticiens professionnels, indépendamment de l’identité de la victime qu’ils examinent, à rompre le secret professionnel et à signaler ces faits à la justice. Selon elle, sa proposition est discutée à la commission de justice et est transférée pour avis au conseil d’état. «Elle est soutenue par les ministres de la justice et de l’égalité des chances. Le débat continue. J’espère une approbation cette année », a-t-elle déclaré.

Président de la cérémonie d’ouverture des travaux, le premier vice-président de l’Assemblée nationale du Mali, l’honorable Moussa Timbiné, a passé en revue les initiatives des autorités maliennes pour mettre fin à la pratique des MGF/E. Il a salué le choix du Mali pour abriter cette importante rencontre. L’élu de la nation a assuré les participants du soutien des plus hautes autorités du Mali pour l’atteinte des objectifs du Cipa-MGF/E.

Youssouf Bamey

 

L’Honorable Fatoumata élue présidente du CIPA-MGF/E

La rencontre de Bamako a été sanctionnée par la signature des statuts du Comité international des parlementaires pour l’abandon des mutilations génitales féminines/ excision (CIPA-MGF/E) et la mise en place d’un bureau dirigé par notre compatriote, Honorable Fomba Fatoumata Niambali, député à San. La rencontre de Bamako marque un nouveau départ pour la lutte contre les MGF/E. Les parlementaires ont adopté un ambitieux plan d’action pour l’abandon de la pratique de l’excision. Il s’agit de créer une dynamique sous régionale pour sensibiliser les populations à travers un lobbying le long des frontières. Car, comme on le sait, la porosité des frontières fait que les gens se déplacent d’un autre pour pratiquer les MGF/E. C’est pourquoi, il est urgent de parvenir à l’adoption d’une loi réprimant les MGF/E dans tous les pays membres. En tout cas, c’est désormais le combat de la toute nouvelle présidente, à qui, nous avons posé deux questions, juste après la cérémonie de signature.

Vous venez de signer les statuts du CIPA-MGF/E, quels sont vos objectifs ?

Fomba Fatoumata Niambali : Je crois que c’est notre deuxième rencontre. La première a eu lieu à Sali au Sénégal. C’est une organisation qui regroupe 8 pays : Niger, du Burkina Faso, de la Guinée Bissau, de la guinée Conakry, du Sénégal, de la Mauritanie, le Mali et la Gambie. Ce sont des parlementaires qui se sont donnés la main à travers la mise en place d’un comité pour lutter contre les MGF/E. Nous constatons qu’il y a beaucoup de pays qui ont légiféré en la matière. D’autres ne l’ont pas encore fait. Donc, ce comité nous permettra d’harmoniser nos points de vue au niveau régional pour aider les autres pays n’ayant pas encore légiféré à le faire. Nous voulons aussi appuyer les différentes politiques des Gouvernements pour l’abandon de la pratique des MGF/E.

Quel sera votre cheval de bataille ?

Vous savez, au Mali, nous sommes dans le cas des pays qui n’ont pas encore légiféré. Il faut savoir que presque tous les pays de la sous-région ont légiféré. Il ne faut pas perdre de vue que tous nos pays ont ratifié les conventions sur les droits des enfants, les droits de l’homme, celle sur toutes formes de discrimination à l’égard des femmes. Donc, nous devons harmoniser nos textes au niveau national avec les conventions que nous avons ratifiées. Le Mali a mené beaucoup de combat mais tant qu’on n’arrivera pas à légiférer, nous ne serons pas en phase des différentes que nous avons ratifiées. Actuellement, les parlementaires travaillent avec le département en charge de la promotion de la femme, de l’enfant de la famille et le programme national de lutte contre l’excision pour proposer un projet de loi afin que nous puissions avoir une législation en la matière réprimant la pratique des MGF/E.

Propos recueillis par Youssouf Bamey

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