Le Ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique du Mali, M. Ousmane Koné, et son homologue de la Guinée Conakry, le médecin Colonel Rémy Lamah, accompagnés de part et d’autre d’une forte délégation, se sont rencontrés le samedi 29 novembre 2014 à la ville drontière en partage de Kouremalé. Objectif: discuter et décider de la mise en oeuvre d’une stratégie conjointe de lutte contre la maladie à virus Ebola.
la délégation malienne, outre le Ministre Ousmane Koné, comprenait le Ministre des Mines (Kourémalé étant aussi une zone minière), le Dr. Boubou Cissé, le Conseiller spécial du président de la République en charge de la lutte anti-Ebola, le Pr. Samba Sow, également coordinateur du centre opérationnel d’urgence de lutte contre Ebola, le gouverneur de la région de Koulikoro, M. Allaye Tessougué, le préfet de Kangaba, et les responsables nationaux de la santé.
Côté Guinéen, outre le Miinistre de la Santé, le médecin Colonel Rémy Lamah, on notait la présence du coordinateur national de la riposte contre Ebola, le gouverneur de la région de Kankan, le préfet de Siguiri, et les cadres nationaux de la santé. Ont également pris part à cette rencontre historique entre Maliens et Guinéens, plusieurs institutions, organismes et partenaires gouvernementaux et non gouvernementaux (Oms, Unicef, Oim, Cdc….).
Après les mots de bienvenue du Maire de la Commune de Benkadi (côté Malien), lequel est revenu sur le besoin criard de l’eau potable qui se fait encore ressentir à Kourémalé, tant du côté Guinéen que malien, le Ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique, M. Ousmane Koné, a planté de décor. Cette rencontre transfrontalière entre les deux pays, a t-il dit, est la traduction en concret des instructions fermes données par les présidents Alpha Condé de la Guinée et Ibrahim Boubacar Kéita du Mali, lors de la visite de ce dernier à Conakry, il y a un mois.
Le Ministre Koné est aussi revenu sur les raisons profondes motivant la décision des autorités maliennes de ne pas fermer la frontière avec la République soeur de Guinée. Des raisons qui vont au delà du seul argument économique pour s’imposer en question de santé de haute portée, les constats ayant montré l’inefficacité de la fermeture des frontières comme solution, mais plutôt comme source d’aggravation de la maladie en l’absence de tout contrôle sanitaire. Des raisons fondamentalement et entièrement partagées par le Ministre de la Santé de Guinée qui, au-delà de l’élan de solidarité internationale manifesté à l’égard de son pays, n’avait apparemment pas mieux à dire pour apprécier le geste de solidarité et de fraternité dont les autorités maliennes ont fait montre à l’endroit de la Guinée.
“Nous sommes sûrs que si la Guinée n’avait pas été stimagtisées, si tout le monde avait fait comme le Mali l’a fait, nous aurions déjà vaincu la maladie à virus Ebola depuis”, a déclaré le médecin colonel Rémy Lamah, Ministre de la Santé de la Guinée Conakry. Il reconnaît que la Guinée, n’ayant pas réussi très vite à confiner la maladie à virus Ebola, connait des problèmes de suivi des personnes contactes (personnes ayant côtoyé des sujets malades). “Nous sommes résolument engagés dans la lutte contre Ebola, et nous allons vaincre Ebola”, a t-il ajouté; puis il a souhaité voir les actions l’emporter sur les discours.
Après ces différentes interventions, les deux Ministres de la Santé et leurs cadres techniques ont débattu à huis clos et peaufiné ce qu’il conviendrait d’appeler la “stratégie commune de lutte contre Ebola”, pour plus d’harmonisation et de coordination dans la lutte contre cette redoutable épidémie.
A l’issue des échanges, les deux Ministres ont décidé de renforcer le dispositif de surveillance épidémiologique au niveau des points d’entrée et de sortie des deux pays par l’élaboration d’une fiche de renseignement sanitaire, le contrôle de température, la désinfection des mains, l’interdiction de transférer des cadavres, l’interdiction de transfert de malade, l’identification des cas suspects et contacts et leur prise en charge (avec interdiction de déplacement à l’intérieur comme à l’extérieur du pays) et le partage d’informations entre les pays.
Les Ministres ont en outre décidé de renforcer les structures sanitaires transfrontalières dans les pays par la formation, le contrôle de l’infection, le triage, l’alerte précoce, l’équipement adéquat et l’établissement des centres d’isolement et d’observation; par la diffusion des messages clairs et harmonisés à l’endroit des populations le long de toute la bande frontalière; par la conception des stratégies adaptées sur les sites traditionnels d’orpaillage le long des frontières; par la mise en place d’une équipe d’investigation et de réponse avec une coordination unique; par la facilitation du passage d’un côté comme de l’autre de la frontière aux personnels humanitaires non ressortissants de la Cedeao ; par la mise en place d’un mécanisme de transfert des échantillons au loboratoire le plus proche en vue de la confirmation rapide du diagnostic ; par l’échange des listes de contacts et les rapports périodiques entre les postes de santé frontaliers.
Les deux Ministres invitent enfin les populations à ne pas céder à la panique et à se mobiliser pour gagner le combat et bouter Ebola hors de leur communauté.
Assane Sy DOLO
Encadré
Au Mali, l’un des deux malades en traitement guéri et libéré
A la veille de son départ pour Kouremalé, le Ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique, M. Ousmane Koné, a annoncé la guérison totale et complète d’un des deux malades d’Ebola en traitement au Mali. Identifiée le 12 novembre comme cas suspect, la personne en question a été declarée positive le 19 novembre 2014, et depuis elle était en traitement.
Une semaine après, un premier test effectué pour savoir si elle était guerie s’est avéré négatif. Un second test, 48 heures après, s’est également avéré négatif. Et le 28 novembre 2014, un certificat de décharge lui a été délivré selon les normes Oms avant qu’elle ne soit autorisée à rentrée à la maison.
“Une bonne nouvelle”, a dit le Ministre, qui prouve qu’on peut bien guérir d’Ebola suite à prise en charge rapide. Le Gouvernement par la voix du Ministre Ousmane Koné a salué et félicité toute l’équipe de traitement, et appelle les Maliens à la vigilance. “Une bataille est gagnée, mais le combat continue”, a indiqué le Dr. Ibrahim Socé Fall, représentant-résident de l’Organisation Mondiale de la Santé (Oms) au Mali.
Assane Sy DOLO