Notre compatriote, Samba Sow, Directeur du Centre national d’appui à la lutte contre la maladie (CNAM) et professeur à l’Université du Maryland aux USA était hier face à la presse dans les locaux de son service pour présenter les travaux de l’étude multicentrique mondiale des germes entériques (GEMS) qu’il a eu à mener sur deux continents pour une période de trois ans. Cette recherche selon le conférencier, est la première étude complète sur les maladies diarrhéiques infantiles.
D’entrée de jeu, le conférencier a rappelé que cette étude financée à hauteur de 80 millions de dollars US (soit 40 milliards de FCA) par la Fondation du milliardaire américain Bill Gates, se justifie par le fait que les maladies diarrhéiques occupent le deuxième rang mondial pour la mortalité des enfants de moins de cinq ans. Il a précisé que les recherches ont été menées sur sept sites géographiques différents en Afrique et Asie. Elles avaient pour objectif de mettre en évidence les causes, l’incidence et les répercussions de la diarrhée aigüe d’intensité moyenne à sévère.
” Cette étude a concerné 22 568 enfants de trois catégories. Nous avons mené des recherches sur les causes de cette maladie dans différentes familles. Ici, à Bamako, les enquêtes nous ont même conduit dans des cimetières. Aussi, nous avons mis en place un système de suivi médical de 60 jours pour tous les enfants concernés par cette étude. Cela, pour apporter de nouvelles données scientifiques sur les répercussions sanitaires à plus long terme des maladies diarrhéiques en dehors d’un cadre hospitalier ” a précisé le conférencier.
Au terme de cette étude, il a révélé que ce sont une quarantaine de germes qui sont responsables de la diarrhée.
” Parmi toutes ces causes, ce sont quatre agents pathogènes qui sont surtout responsables de la plupart des cas aigues. C’est le Rotavirus qui vient en première position, suivi du Cryptosporidium, du Shigella et de E.coli entéroxigène “ a-t-il soutenu. M Sow s’est surtout réjoui de l’introduction prochaine d’un vaccin par nos plus hautes autorités en collaboration avec l’Alliance mondiale pour les vaccins et l’immunisation (GAVI) pour prévenir cette maladie.
S’agissant du résultat de cette étude, le Pr Sow a rappelé qu’il constitue un atout inestimable dans la lutte contre les maladies diarrhéiques. C’est pourquoi, a-t-il poursuivi, les conclusions de ces recherches ont été publiées dans la revue scientifique The Lancet et seront diffusées dans d’autres revues spécialisées à travers le monde.
Le Directeur du CNAM qui a piloté toute ces recherches a surtout exprimé sa satisfaction pour le choix porté sur notre pays parmi tant d’autres et sur sa personne pour mener ces travaux.
En tout cas, le Pr Sow qui est aussi le Directeur du centre pour le développement des vaccins ne veut pas s’arrêter en si bon chemin, car il a révélé qu’il va chercher des financements pour mener d’autres études notamment sur les pneumonies sévères et aigues chez les enfants de moins d’un an.
Cette conférence de presse a été mise à profit par le Directeur du CNAM pour présenter aux hommes de médias certains de ses collègues du Centre qui viennent de boucler des formations au Sénégal, en Italie… L’un d’eux vient d’entrer dans le cercle très restreint des Professeurs, il s’agit d’Ousmane Faye.
Toute chose qui prouve selon le conférencier que sa structure mise aussi sur le renforcement des capacités de ses membres.
Ramata TEMBELY
Lutte contre les mutilations génitales féminines
Faire baisser le taux de l’excision en utilisant les médias
” Droit des enfants et interpellation avec l’excision “, tel est le thème de deux jours d’un atelier qui réunit depuis hier à la Maison de la Femme de Sabalibougou, une trentaine de journalistes issus de différents organes de presse. L’objectif de cette rencontre est d’accroître le niveau de connaissance des professionnels de la presse sur les conséquences liées à la pratique de l’excision et son interrelation avec les droits des enfants. Ainsi, plusieurs communications seront présentées sur les conséquences de la pratique et son état actuel qui est de 85%.
ieille de plusieurs milliers d’années, la pratique de l’excision est profondément ancrée dans les mœurs des populations, ce qui justifie des débats contradictoires lorsqu’il s’agit de la lutte pour son abandon au sein de la communauté. Parmi toutes les pratiques traditionnelles néfastes à la santé de la femme et de la petite fille, l’excision demeure de loin la plus répandue au Mali. Elle constitue un véritable problème de santé publique à cause de son ampleur (85% chez les femmes de 15 à 49% selon EDS IV et 84% chez les filles de 0 à 14 ans selon l’enquête nationale sur l’excision en 2009). Selon l’OMS, 132 millions de personnes sont excisées dans le monde dont 120 millions en Afrique.
Pour la directrice du PNLE, Mme Kéita Joséphine Traoré, si les préjugés pour justifier la pratique de l’excision sont nombreux, on ne doit plus ignorer que cette pratique est une violation flagrante des droits humains et en particulier des droits de l’enfant à cause des diverses complications qui entachent sérieusement la santé reproductive des jeunes filles. Ainsi, elle dira que “ chaque communicateur moderne dans le domaine qui le concerne, devra préciser ses attentes pour qu’ensemble nous puissions explorer des pistes nouvelles pour rendre la lutte contre l’excision plus efficace c’est-à-dire faire converger les approches vers une législation “.
Pour sa part, la coordinatrice du projet MGF de Plan- Mali, représentant sa structure a indiqué que l’excision est une préoccupation majeure qui interpelle tous au vu de ses conséquences. A cet effet, la presse est l’interface entre les organes mise en place pour lutter contre cette pratique et la population pour l’amener à une prise de conscience. Selon le magistrat, Mathieu Traoré en matière de droit, il n’existe pas de loi pénale au Mali pour sanctionner la pratique de l’excision. Mais des mesures disciplinaires sont applicables, car la mutilation génitale féminine est une infraction au code pénal malien.
La présentation de Dr Sidibé Bintou Fofana, sur les complications liées à l’excision a provoqué une onde de choc dans l’assistance. Ce qui amènera les journalistes à s’engager totalement et sans condition dans la lutte contre cette pratique.
Rappelons que durant la rencontre, les formateurs auront à examiner tous les problèmes qui se posent aux journalistes sur un double plan à savoir l’interrelation entre l’excision et la santé publique en général d’une part et les violations des droits humains d’autre part. De même, il sera question de trouver des solutions qui permettent de gagner la bataille contre cette pratique traditionnelle préjudiciable à la santé de la femme et de l’enfant à travers les thématiques abordées.
F. Mah Thiam KONE