Le Mali est, certes, un pays où le taux de prévalence du VIH-Sida est l’un des plus faibles du monde, mais cela n’empêche pas d’accentuer la lutte contre le fléau en misant surtout sur la prévention, ne serait-ce que pour être conforme au dicton : “mieux vaut prévenir que guérir”.
Certes beaucoup d’efforts ont été consentis par les plus hautes autorités, des efforts sont également en cours pour minimiser au mieux l’impact de la maladie dans notre société. Le Haut Conseil présidentiel de lutte contre le sida, la gratuité des ARV et tous les moyens disponibles aujourd’hui prouvent bien l’élan d’engagement des autorités maliennes et de l’ensemble des partenaires impliqués dans la lutte contre le sida. Malgré l’existence de tout ce arsenal structurel et institutionnel, certaines couches de notre société continuent d’être ignorées en matière de lutte contre les IST/VIH-Sida. Le cas le plus illustrant est celui des jeunes travailleurs du secteur informel, à entendre par là : les apprentis métiers, les aides ménagères, etc.
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Ces jeunes, d’une tranche d’âge de 14 à 25 ans, évoluant dans le secteur informel constituent un véritable groupe-passerelle pour la propension du VIH/Sida et autres IST. Parmi ceux-ci, le cas des filles migrantes préoccupe plus eu égard à leur nombre (plus de 200 000 aides ménagères sont employées dans le District de Bamako), et plus de 50% des filles retournant au village une fois par an. Ces filles, malheureusement, sont victimes des abus dans les grandes villes tels que le harcèlement sexuel et la violence de toutes sortes dans les familles qui les emploient.
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Or, et paradoxalement, ces jeunes du secteur informel ont des difficultés criarde d’accès aux sources d’informations élémentaires comme la radio et la télévision dans les familles et sur les lieux de travail. De la même manière, ces jeunes ont toutes les peines du monde pour avoir accès à des structures socio-sanitaires adéquates. A, l’opposé, des études révèlent qu’un nombre important de ces jeunes mène une activité sexuelle précoce, fréquente et sans protection, souvent avec plusieurs partenaires, d’où tout le risque. Ce qui constitue par ailleurs de sérieux facteurs de vulnérabilité pour les jeunes travailleurs du secteur informel.
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A ces insuffisances s’ajoutent le faible taux de dépistage et l’usage des structures sanitaires modernes, le niveau élevé de connaissances erronées sur les aspects fondamentaux des services de santé de la reproduction, y compris les modes de transmission et de protection contre les IST/VIH/Sida, le tout couronné par un environnement précaire dans lequel ces jeunes évoluent et qui se caractérise généralement par d’intenses activités commerciales propices aux échanges sexuels non protégés et des réseaux d’information qui alimentent de nombreux mythes en matière de sexualité et de VIH/Sida. Toutes choses qui contribuent à un certain niveau à influer sur les comportements à risque observés chez les jeunes du secteur informel.
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Face à ce tableau sombre, il y a le manque d’intérêt pour la réponse aux besoins des services de santé de reproduction par les responsables directs des jeunes travailleurs du secteur informel. Il s’agit ici des chefs d’ateliers, des employeurs et des grands logeurs de ces jeunes laissés pour compte. C’est pour renverser cette tendance et permettre aux jeunes du secteur informel de bénéficier de soutiens nécessaires en matière de santé de reproduction et de prévention contre les IST/VIH/Sida que l’ONG Family Care intervient au Mali depuis septembre 2003.
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Family Care International au chevet des jeunes travailleurs
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Assurer aux femmes et aux adolescentes l’accès aux informations et services de haute qualité dont ils ont besoin pour améliorer leur santé sexuelle et reproductive, bénéficier d’une grossesse et un accouchement sans risques, et pour éviter la grossesse non désirée et l’infection par le VIH, telle est la mission première de Family Care Internatioanl au Mali.
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Pour répondre à sa vocation, FCI-Mali s’est joint à l’Association des Enfants et Jeunes travailleurs depuis 2003, et travaille avec ces jeunes dans le cadre du droit n°8 du Mouvement Africain des Enfants et Jeunes travailleurs, relatif aux soins de santé des jeunes travailleurs. Après une première expérience réussie, le FCI vient de bénéficier des soutiens techniques et financiers de la Fondation Bristol Myers Squibb dans le cadre d’un projet qui va de décembre 2005 à novembre 2007.
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Il s’agira, de par ce projet, de renforcer les capacités de 100 jeunes du secteur informel pour leur permettre de mener des activités de sensibilisation, counseling, distribution des préservatifs et d’orientation tout en assurant la pérennisation du projet; apporter à 15 000 jeunes du secteur informel ciblés, les compétences de développement personnel et les préservatifs pour se protéger des IST et du VIH. Le projet vise aussi à renforcer l’accès de ces jeunes aux services appropriés de dépistage de conseling, et de prise en charge des IST/VIH/Sida. Un an seulement a suffit pour le FCI et AEJT d’atteindre environ 8400 jeunes (filles et garçons ) dans les Communes I, II et III du District de Bamako.
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Pour mener à bien ce vaste projet qui vise à venir au secours des jeunes du secteur informel, Family care International entend étendre son champs d’intervention en associant à la lutte certaines cibles considérées comme incontournables, à savoir les employeurs, les chefs d’ateliers, les grands logeurs et les religieux. Des journées de plaidoyer ont été organisées dans ce sens à l’intention de ces cibles à l’issue desquelles un comité de suivi des actions de promotion de la santé sexuelle et réproductive des jeunes du secteur informel dans la zone du projet.
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FCI entend maintenant, pour parfaire ses missions, susciter l’implication des autorités communales dans la facilitation de l’accès des jeunes du secteur informel aux informations et services de soins de qualité au niveau de toutes les communes. Un combat enclenché par Family Care International depuis 2003, auquel tout le monde doit se joindre pour permettre aux jeunes du secteur informel d’évoluer dans leurs activités diverses sans risque de contamination des IST/VIH/Sida, mais aussi, pour couper la passerelle qu’ils constituent dans la migration de la maladie de la ville aux villages.
rnAdama S. DIALLO
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