Lutte contre le Sida au Mali : L’ échec est cuisant !

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Depuis maintenant 3 mois, toutes les activités menées dans le cadre de la lutte contre le sida sont interrompues, faute de financement. Conséquence de cette situation, il n’y a plus d’activités de prévention ou de sensibilisation pour faire face à la terrible pandémie.

En même temps, nombre d’ONG créées pour combattre le mal ont fermé leurs portes.

 

Actuellement dans notre pays, la pandémie du Sida a de beaux jours devant elle. Raison de cette situation, l’interruption de toutes activités de lutte contre la maladie. Cette inactivité qui s’explique par le manque de ressources financières a plongé les intervenants (ONG et associations) dans une impasse sans précédent au Mali.

 

Conséquence, le non payement des salaires du personnel de ces ONG et associations, le non acquittement des dettes contractées auprès des particuliers pour mener à bien les activités.

Aussi, l’incapacité de ces ONG de faire face aux frais de loyer des bâtiments qui les abritent aurait conduit nombre de ces structures à fermer boutique.

 

Et, à en croire nos sources, au rythme où les choses vont, il n’y aura plus, dans quelques semaines de stocks de médicaments anti rétroviraux dans plusieurs districts sanitaires.

Les régions de Sikasso et Kayes seraient déjà en rupture de médicaments. D’où, la multiplication des vas et viens des malades du Sida dans ces localités pour accéder à leurs doses quotidiennes a-t-on appris de sources sûres.

Le manque de financement explique t il cette situation ?

L’on ne saurait le dire. Cependant, une chose est indéniable, la lutte contre le sida souffre depuis belle lurette au niveau de notre pays de plusieurs irrégularités.

 

Parmi elles, les surfacturations et la gabegie.

Aussi l’incompétence de certaines ONG est signalée quant à la mauvaise gestion des fonds destinés à la lutte contre le sida. Ce qui expliquerait le double financement de certaines activités menées par des ONG et associations.

 

Par ailleurs, l’incompétence de nombre d’ONG luttant contre le fléau serait liée au favoritisme qui a eu lieu au moment de leur sélection.

 

A ces maux s’ajoutent, le mauvais fonctionnement des cellules sectorielles mises en place au niveau des différents départements ministériels, le manque de coordination des activités.

Le Haut Conseil National de Lutte Contre le Sida qui est actuellement à la recherche de financement pourra-t-il sauver la situation ?

 

Rien n’est moins sûr ! Et pour cause.

 

Le mal est profond

Crée pour freiner la propagation du terrible Sida dans notre pays à travers la sensibilisation, le Secrétariat Exécutif du Haut Conseil National de lutte contre le fléau, malgré les milliards de nos francs à lui affectés est gravement infecté par le "virus" de l’inefficacité.

Le Secrétariat Exécutif du Haut Conseil National de Lutte contre le Sida est une structure agonisante. Du moins, c’est ce qui ressort des dernières vérifications effectuées par la Cellule d’Appui aux Structures de Contrôle de l’Administration (CASCA) qui y dénonce des irrégularités criardes.

Parmi celles-ci, on peut retenir, l’insuffisance des capacités de mise à jour des informations relatives aux besoins en produits pharmaceutiques, la prolongation du délai de séjour des ARV (09 mois) dans les magasins de la Pharmacie Populaire du Mali (PPM), la mauvaise tenue des fiches de stocks…

Aussi, au niveau du Système d’approvisionnement et de distribution des produits pharmaceutiques, la CASCA signale une insuffisance des capacités de mise à jour des informations relatives aux besoins en produits pharmaceutiques, la non application du Schéma Directeur d’Approvisionnement en Médicaments Essentiels (SDA-ME) en ce qui concerne la création des Dépôts Répartiteurs des Cercles (DRC), la faiblesse de la durée de vie résiduelle des médicaments et réactifs mis à la disposition des utilisateurs finaux.

 

La CASCA,  signale aussi au niveau du secrétariat Exécutif du Haut Conseil National de lutte contre le Sida, la prolongation du délai de séjour des ARV (09 mois) dans les magasins de la Pharmacie Populaire du Mali (PPM), la faiblesse des capacités logistiques et de stockage de la PPM ; l’exécution non diligente des travaux, dans le cadre du renforcement des capacités financés par le PNUD.

A cela,  s’ajoutent le retard dans le contrôle de qualité des produits pharmaceutiques par le Laboratoire National de la Santé (LNS), la sous utilisation des ressources humaines et des équipements des structures centrales (Hôpital du Point G), Hôpital Gabriel Touré et l’Institut National de Recherche en Santé Publique).

 

Plus grave, il y a l’arrêt de la chaîne de distribution au niveau régional, le besoin de renforcement des capacités des ONG et Association intervenant dans la lutte contre le SIDA.

Dans cette structure, toujours selon la CASCA, il existe un déséquilibre entre la durée de vie des médicaments et réactifs et le temps de la livraison de ces produits sur les sites.

Rien ne va !

Par ailleurs, d’autres faits révoltants, sont révélés par la CASCA. Il s’agit de la mauvaise tenue des fiches de stocks, la non disponibilité des réactifs pour la sécurité transfusionnelle, les ruptures dans le financement des activités, l’utilisation de produits périmés, et l’insuffisance des stratégies avancées pour le dépistage rapproché des ruraux. Ce qui est de nature à limiter l’impact des campagnes de sensibilisation, l’insuffisance d’infrastructures pour accueillir les malades des localités reculées, sont signalés au niveau de cette structure.

 

 Quant à la gestion des activités de lutte contre le Sida, c’est le comble. Car, à ce niveau, on signale une insuffisance numérique des effectifs du SE/HCNLS et des Agences d’Exécution  (Agence de Gestion des Contrats (AGC) et Agence de Gestion Financière (AGF)), mais aussi, le retard dans l’installation des secrétariats exécutifs régionaux et leur non dotation en moyens de déplacement.

Pire, il y a le rejet par l’IDA de 70 % des dépenses présentées par l’AGF au titre des activités sur le terrain des sous projets multisectoriels, le faible taux de décaissement, la non fonctionnalité des agences ne permettant pas un suivi financier de l’état d’exécution des contrats.

Sur ce plan, d’autres irrégularités non moins importantes ont été relevées. Il s’agit notamment du retard dans la passation et l’exécution de plusieurs contrats ou protocoles, des livraisons non conformes aux clauses des protocoles, l’insuffisance du suivi des activités sur terrain, le nombre insuffisant de rapports reçus des promoteurs.

 

Quant à la détermination des groupes cibles à sensibiliser par les  pairs éducateurs, elle est faible, très faible.

En somme, au Secrétariat Exécutif du Haut Conseil de lutte contre le Sida, rien ne va !

 

 

A. Sanogo

 

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