Lutte contre le paludisme : Un long chemin à parcourir pour le Mali

0

Malgré l’adoption par le Mali d’une politique nationale de lutte contre la maladie, des centaines de personnes meurent toujours de cette maladie. Et les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans sont les principales victimes. Le combat est donc loin d’être gagné. 

 

Chaque année, près d’un million de personnes meure à cause du paludisme en Afrique. Et en cette période hivernale au Mali, la maladie fait plus de victimes, notamment parmi les enfants de moins de cinq ans. « Quand ils en échappent, ils se retrouvent avec de graves séquelles qui hypothèquent leur développement physique et intellectuel », nous explique le médecin du centre de santé communautaire du Badialan. Qui rappelle que la meilleure manière de lutter contre le palu reste la prévention. Et l’Organisation mondiale de la santé (OMS), appelle à un regain d’ardeur pour renforcer les résultats obtenus dans la lutte contre le fléau car les investissements dans le contrôle du paludisme ont généré des résultats exceptionnels ces dernières années. Pour cela, il faut continuer de soutenir la recherche. En effet, le thème choisi pour la célébration de la journée mondiale de lutte contre le paludisme était : « Maintenir les progrès, Sauver des vies : Investir dans la lutte contre le paludisme ».

 

Des efforts à améliorer au Mali

 

En Afrique, les décès dus au paludisme ont été diminués d’un tiers au cours de la dernière décennie, se réjouit l’OMS. Pour qui, dans les pays où l’accès aux interventions de contrôle du paludisme s’est amélioré, les taux de mortalité globaux chez les enfants ont même baissé d’environ 20 %.

Dans notre pays, le paludisme est responsable de 37, 5% des consultations dans les services de santé, selon le ministère de la santé. Il représente la première cause de décès des enfants de moins de 5 ans et la première cause d’anémie chez les femmes enceintes. Depuis 1999, le Mali a adhéré à l’initiative Roll Back Malaria qui a pour objectif la réduction de l’empreinte du paludisme. Selon l’OMS, des résultats satisfaisants ont été obtenus ces dix dernières années. Le processus de décentralisation entamé au Mali a permis d’obtenir l’engagement des collectivités dans la lutte contre le paludisme à travers la participation communautaire en matière de lutte contre la maladie. Les ONG/Associations travaillent avec le Programme national de Lutte contre le paludisme dans la promotion de ses activités. Des partenariats existent aussi avec des structures de santé privées, parapubliques et confessionnelles.

 

Gratuité de l’accès aux soins :  pas une réalité

 

Au Mali, dans le cadre de la prévention, le gouvernement a mis l’accent sur la promotion de l’utilisation des moustiquaires imprégnées, notamment par les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans. En effet, dans les structures de santé publiques, la femme en enceinte bénéficie d’une moustiquaire  dès sa première consultation prénatale au 3ème mois. Aussi, après l’accouchement, en plus de la remise gratuite de certains médicaments anti-paludismes, le nouveau-né et sa mère bénéficient également d’une moustiquaire imprégnée. Tout le monde convient que cette stratégie a contribué à faire reculer le paludisme.

 

 

Cependant, la gratuité de l’accès aux soins dus au paludisme en faveur des femmes en enceintes et les enfants de moins 5 ans, est loin d’être une réalité en certains endroits du pays. Malgré les mesures prises par les pouvoirs publics, de nombreuses familles sont astreintes à payer les frais liés à la prise en charge médicale de leurs enfants. La corruption dans les structures publiques de santé, le manque de médicaments dans lesdites structures, ou encore la méconnaissance des textes (par le personnel sanitaire et les usagers) en sont les principales raisons.   Ce qui fait que le fait du chemin à parcourir pour éradiquer la maladie est toujours long. Des centaines d’enfants meurent toujours du palu, ou encore vivent avec les séquelles de la maladie. A l’OMS, on souligne que les progrès réalisés dans la lutte contre le palu sont fragiles, et seront inversés si les décideurs et les bailleurs de fonds ne redoublent pas d’efforts face à la pandémie. L’organisation internationale souligne qu’en dépit de l’environnement économique actuel très difficile, l’aide au développement aux programmes nationaux de lutte contre le paludisme doit continuer. «L’arrêt des subventions et autres soutiens techniques et financiers mettra en danger tous les succès engrangés jusqu’ici et la vie de millions de personnes à travers le monde. Nous devons maintenir les efforts de contrôle du paludisme. Ceci est un investissement dans le développement », explique-t-on au Programme national de lutte contre le paludisme au Mali. En 2011, ce Programme a bouclé un plan stratégique quinquennal (2007-2011) pour lutter efficacement contre cette maladie. Ce plan, faut-il le préciser, a coûté 63 milliards de francs CFA financés par le gouvernement malien et ses partenaires. Si les résultats ne sont pas encore officiellement rendus publics, les responsables dudit programme sont convaincus que sa mise en œuvre a consacré une étape importante dans la concrétisation de la politique nationale de lutte contre la maladie.

Issa Fakaba Sissoko

 

Commentaires via Facebook :