Dans la lutte contre le paludisme, la recherche était jadis basée sur le traitement, mais très peu sur le vecteur. Une équipe de chercheurs maliens travaillent sur une technologie centrée sur le moustique. Les deux premières phases de la recherche ont été bouclées, et la troisième qui voit le déploiement de la technologie à plus grande échelle est lancée.
Du jus de plusieurs fruits contenu dans des alvéoles artificiels. Ce jus mélangé à du sucre attire les moustiques pour les empoisonner grâce au pesticide contenu dans le jus. Le piège (appelé station par les chercheurs) est accroché à l’extérieur de la case ou à un arbre. « L’utilisation des sources de sucre pour attirer les moustiques vers une substance toxique ingérée est une stratégie relativement simple et peu couteuse », a indiqué Dr Mahamadou Touré, membre de l’équipe de recherche et Coordinateur national du projet Innovative Vector Control Consortium (IVCC).
De plus en plus, les moustiques résistent aux pesticides et déjouent les méthodes habituelles de lutte contre le paludisme. Dans ce contexte, « des insecticides avec de nouvelles modes d’actions capables de tuer les moustiques sensibles et non sensibles est une urgence », a expliqué Dr Mahamadou Touré, ce vendredi 18 février, au cours d’une séance de présentation des résultats des phases précédentes, au centre Universitaire de Recherche Clinique (UCRC-Mali).
Les Appâts à base de sucre attractif et toxique / Attractive target sugar bait (ATSB) est un outil développé au Mali, en partenariat avec la firme israélienne Westham Innovations. Les deux premières phases de l’étude ont permis de réduire de 34% le nombre de moustiques dans un espace donné par rapport aux méthodes déjà utilisées. Grâce à l’expérimentation, les chercheurs ont pu déterminer que le nombre optimal de stations à déployer était deux par zone. « La technologie est le résultat de 10 ans de recherche », a indiqué Pr Seydou Doumbia, directeur de l’UCRC. En plus du Mali, affirme le chercheur, l’outil est en expérimentation à grande échelle au Kenya et en Gambie.
« Au Mali, l’expérimentation à grande échelle sera effectuée dans 14 villages du Mandé », a informé Dr Mohamed Traoré, expert en Santé environnementale et membre de l’équipe de recherche. Les stations seront déployées dans 07 villages. Dans 07 autres villages, il n’y aura pas de stations. A la fin de cette période, « on saura l’impact de la technologie sur la réduction du nombre de cas de paludisme », a expliqué l’expert en Santé environnementale. Si elle est concluante, cette phase ouvrira la voie vers l’homologation de la technologie par l’OMS.
Mamadou TOGOLA/maliweb.net