Depuis quelques semaines déjà, le déconfinement se substitue de plus en plus au confinement dans de nombreux pays. Une décision sur laquelle les avis sont assez partagés.
En Afrique du Sud, au Burkina Faso, au Nigéria ou encore au Cameroun, face à la colère des citoyens, ces derniers jours, les autorités ont décrété le déconfinement en ordonnant la réouverture des lieux de rassemblement tels que les mosquées, les marchés, les gares routières, etc. Des décisions qui ne sont pas sans conséquence. Dans la quasi-totalité de ces pays, ces déconfinements ont été suivis par une augmentation en flèche du nombre de cas de contamination au coronavirus.
Au Ghana aussi bien qu’en Afrique du Sud, depuis le déconfinement, la situation épidémiologique connait son pic. Avant le déconfinement, 1042 cas positifs étaient enregistrés au Ghana. Après le déconfinement, en fin avril, ce nombre a grimpé pour se retrouver à 2719 cas positifs.
Le commun des pays africains dans cette guerre contre le covid-19 est le scepticisme des citoyens. Un état d’esprit nourri par l’incohérence entre les discours et les actes des autorités politiques. En effet, rares sont les citoyens qui croient à la gravité de cette maladie. Beaucoup la jugent politique. En conséquence, les mesures-barrières sont rarement suivies. Dans de telles circonstances prouvant que nos pays sont loin de maitriser la situation épidémiologique, si les autorités cèdent à la pression populaire, il ne faudrait s’attendre qu’à une augmentation du taux de contamination que nous constatons déjà dans ces pays.
Mais au lieu de reconnaitre cette évidence, les présidents malien, gabonais aussi bien que sud-africain estiment impossible de confiner leurs populations de peur de les condamner à mourir. Ils décident alors de sacrifier la santé publique au profit du besoin économique.
Rappelons qu’au Mali, c’est cette peur des pressions populaires qui a empêché les autorités politiques à décréter la fermeture des mosquées et à interdire les prières en grand groupe pendant ce mois de carême. Outre cela, les mesures adoptées pour l’ouverture et la fermeture des marchés ne sont nullement respectées. D’ailleurs, dans ces lieux de regroupement, aucune mesure préventive n’est mise en place.
Sur le plan éducatif, si les cours ont pu être suspendus jusque-là, il faudrait souligner que ce ne sera plus pour longtemps puisque la région de Kayes commence déjà à réclamer la réouverture des classes. Une revendication qui sera sans nul doute suivie par d’autres régions.
Toutes ces polémiques n’ont d’autres fondements que le manque de confiance des citoyens aux autorités politiques. Les citoyens estiment que les autorités montent une forme de business autour de cette maladie. Le plus souvent, le comportement des autorités le prouve. En pleine pandémie, les deux tours des élections législatives se sont déroulés conduisant à des manifestations de grande envergure durant lesquelles (manifestations) aucune mesure n’était respectée. Nous avons également vu l’enregistrement des nouveaux députés à l’Assemblée nationale le mardi 5 mai 2020. Non seulement la distanciation physique n’était pas respectée, mais aussi ils se serraient les mains. Que de mauvais exemples à montrer aux citoyens ! Comment veut-on alors convaincre les citoyens de la réalité de cette maladie si l’on ne commence pas par respecter les mesures mises en place.
Togola