Lutte contre la mortalité infantile : L’ASC, succès d’un coup d’essai dans les zones rurales

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Les soins essentiels dans la communauté sont une approche  mise en œuvre dans notre pays visant la prise en charge des maladies courantes de l’enfance et des femmes en âge de procréer. La stratégie a déjà fait ses preuves dans certaines localités du Mali dont Samanta une bourgade située à 55 kilomètres de Kita. Grace à l’intervention   de l’agent communautaire,  la mortalité infantile et néonatale  est en passe de devenir un mauvais souvenir.

Première étape de la caravane, le village de Samantan  situé à plus de 50 kilomètres de la ville de Kita. Dans ce village de 1500 âmes, les femmes n’ont plus besoin de parcourir des kilomètres pour se rendre dans le centre de santé communautaire de Djidjan à 35 km. Agé seulement de 38 ans Toumani Dagnon, est  un  agent communautaire. Son service est beaucoup sollicité dans cette localité.  Devant sa maisonnette en banco construite par la communauté, il reçoit les mères et leurs enfants malades du jour comme  de nuit. Sur  son lieu de travail on peut voir  une armoire  à moitié remplie d’antibiotiques,  de sel de réhydratation orale, de zinc, de paracétamol et  de produits de planification familiale. S’y ajoutent des équipements comme les thermomètres, les balances , les bandes de Shakir, imperméables, bottes, vélos. Il en est de même pour les outils de collecte de données tels que les registres, fiches intégrées de prise en charge des enfants malades, registres de consultation curative, fiches de gestion financière, qui viennent compléter l’arsenal des ASC.

Dans ce village Toumani Dagnon l’agent de santé communautaire est parvenu à sauver des milliers de vie d’enfants âgés de 0 à 5 ans.  Il déclare  consulter plus de 20 enfants par jour, ” Le plus souvent, ils souffrent du paludisme, des diarrhées, de la pneumonie ou de toux. Si l’état de santé de l’enfant ne s’améliore pas dans les trois jours qui suivent, alors je l’évacue au centre de santé pour une prise en charge plus poussée “ ajoute t-il. Avec un air fier, il déclare que depuis qu’il est dans le village le décès des enfants a été considérablement réduit. Tout comme Toumani, à Kolonba II, Bouba Michel Kané , un jeune très frais, agent de santé communautaire a fait ses preuves dans la prise en charge des tout petits.  Situé dans l’aire de santé de Keniéba, ce dernier s’active sans relâche  pour prendre en charge les mères et leurs enfants. En plus de ces activités, il tient des séances de sensibilisation sur l’allaitement maternel exclusif jusqu’à six mois. De même que l’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticide comme moyen de prévention contre le paludisme, le lavage des mains et les gestes d’hygiène. Il  mène aussi des  activités de santé dans les localités qui gravitent dans un rayon de 3 km  de son lieu de résidence appelé  “villages satellites “.

Dans les deux localités visitées, les populations sont unanimes sur les résultats éloquents et visibles des agents de santé communautaire. ” Depuis l’arrivée des ASC, les maladies de nos enfants sont devenues rares ” témoignent les bénéficiaires. Soutenant ces propos, le chef de village de Samantan, Alama Sidibé notera que les ASC jouent un rôle clé dans la survie des enfants du village dans la mesure où le centre de santé le plus proche se trouve à 35 kilomètres d. Avant l’arrivée de l’ASC, chaque année on pouvait enregistrer 13 décès d’enfants dans la tranche d’âge de 0 à 5 ans. Pour le médecin chef de Kita, Dr Ismael Simaga, depuis la mise en œuvre de la stratégie dans la région de Kayes, 245 agents de santé communautaire sont déployés dont 66 dans les districts sanitaires de Kita.

La deuxième étape a été celle de Kéniéba ou les autorités locales entendent faire très prochainement un plaidoyer auprès des sociétés minières pour leur implication en fave ur de la pérennisation de la stratégie soins essentiels dans la communauté.

Aujourd’hui le Mali compte plus de 1 788  agents de santé communautaire formés, équipés et installés. La majorité d’entre eux ont un  certificat d’études secondaires, mais une formation de 6 mois leur est offerte pour savoir diagnostiquer et soigner les maladies infantiles les plus courantes sans se substituer aux médecins.  A titre de rappel  depuis plusieurs années, notre pays s’est engagé à lutter résolument contre la mortalité maternelle, néonatale et infanto-juvénile afin d’atteindre les objectifs 4 et 5 des OMD (Objectifs du millénaire pour le développement). A cet effet, plusieurs stratégies ont été mises en place par le gouvernement et ses partenaires.

Si l’efficacité de l’ASC n’est plus à démontrer vu les résultats encourageants enregistrés, il est à noter que beaucoup reste à faire pour renverser la tendance par rapport à la pérennisation des activités après le départ de l’Unicef qui prend en charge financièrement le salaire des ASC. Une prise en charge qui pourrait prendre fin ce mois de décembre.

Pour évaluer cette stratégie sur le terrain, les ministères de la Santé et de la Communication avec l’appui technique de l’UNICEF ont initié une caravane de presse qui sillonnera les différents districts sanitaires, les régions non occupées par les groupes armés à la rencontre de tous les acteurs.  Cette mission s’étendra sur une vingtaine de jours.

Ramata TEMBELY

Envoyée spéciale à Kayes

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