Les administrateurs du Centre de recherche et de lutte contre la drépanocytose (Crld) étaient réunis, le jeudi 21 janvier dernier, pour la 11è session de leur conseil d’administration. À l’ordre du jour : l’examen des recommandations faites lors de la 10è session ; le point des réalisations de 2015 ; et les perspectives de 2016. La cérémonie d’ouverture des travaux, présidée le Dr Salif Samaké, conseiller technique au ministère de la santé et de l’hygiène publique, fut l’occasion pour directeur du centre, Dapa Aly Diallo, d’interpeller les autorités sur la nécessité du renforcement des capacités de sa structure. Malgré de bons résultats, le Crld fait donc face à de nombreuses urgences dont celles de personnel et de moyens pour une meilleure prise en charge de ces nombreux malades (du Mali et de pays voisins) qui affluent vers le Centre.
Le Crld, fidèle à ses missions de recherche et d’amélioration de la qualité et l’espérance de vie des drépanocytaires, a enregistré d’importants acquis en 2015. En effet, le rapport d’activité (de 2015) relatif aux missions de recherche, de formation, d’offres de soins spécifique et de communication, laisse apparaitre des taux de réalisation compris entre 80 et 100%, selon les activités programmées. Aussi, les réalisations et exécutions budgétaires sont évaluées respectivement à 99 et 92%. « Ces résultats, fruits de l’ardeur des travailleurs, pourraient satisfaire, mais deux constats interpellent », selon Dapa Diallo. Il s’agit de l’augmentation encore croissante du recrutement de nouveaux cas et l’inadéquation entre les effectifs du personnel et cette augmentation du nombre de malade.
Selon le directeur du Centre, les perspectives pour 2016, construites autour d’objectifs réalisables, doivent prendre en compte les difficultés actuelles. Ces perspectives, a-t-il ajouté, doivent aussi permettre au Crld de « relever les défis de la recherche et de la formation sur la drépanocytose ainsi que celui de l’accès aux soins spécifiques drépanocytaires au Mali ». Le programme opérationnel pour l’année 2016 a été élaboré pour répondre à ce souci.
Le bilan actuel, a estimé Dapa A Diallo, invite à mettre l’accent sur l’urgence de levée certaine contraintes qui pourraient à court ou moyenne terme constituer des menaces pour l’accomplissement des missions assignées au Centre. Au nombre des contraintes, le directeur a souligné l’inadéquation entre les demandes de soins spécifiques croissante et les effectifs de personnel compétents ; l’insuffisance de personnel hospitalo-universitaire et de la capacité d’accueil du Centre. S’y ajoute l’insuffisance de structures sanitaires périphériques compétentes pour une prise en charge efficace des complications drépanocytaires. Afin de palier à ces entraves, Diallo a rappelé la nécessité «d’adopter une politique nationale et un plan stratégique de lutte contre la drépanocytose au Mali », seule approche adaptée à la prise en charge de la problématique de cette priorité de santé majeure. Le budget prévisionnel équilibré en recette et dépenses (en baisse de 3% par rapport à l’année 2014) de l’année qui vient de s’écouler est de 1 67 261400 FCFA.
Du côté du département de tutelle, l’on affirme porter une attention particulière à la question des maladies non transmissibles, dont la drépanocytose. Ainsi, «le département fera les efforts nécessaires pour que dans le cadre des prochains exercices budgétaires que des dotations puissent être faites pour accompagner le centre dans les difficultés qu’il connait », a rassuré le Dr Salif Samaké, conseiller technique au ministère de la santé et de l’hygiène publique.
Par ailleurs, les administrateurs ont rendu un hommage mérité à François Depres, décédé le 23 octobre 2015 à Paris. C’est lui qui a conçu et offert bénévolement l’architecture du Crld.
I B Dembélé
Quatre questions à Dapa Diallo, directeur du Crld :
Quelles sont les difficultés que connait aujourd’hui le centre ?
Les difficultés sont d’ordre surtout personnel. Il existe en effet une insuffisance de personnel devant une augmentation assez croissante du nombre de malades depuis sa création. L’effectif des malades est aujourd’hui supérieur à 6 000. Ce qui fait qu’on a besoin de plus de personnel (surtout qualifié) dans la mesure où on n’a pas que des soins à faire. On fait également la recherche et la formation.
Malgré ces difficultés, quelles sont les réalisations que le centre a pu faire pendant l’année écoulée ?
En matière de recherche, les réalisations sont assez satisfaisantes puisqu’on a atteint 80% de nos prévisions. En matière d’appui aux soins, on a atteint presque 100% dans certaines activités programmée. Cela est justement dû à l’engagement fort du personnel que je salue.
Quelles sont les perspectives ?
C’est d’aller encore à pérennisation de ces activités-là, par l’extension du centre. Parce que les locaux sont insuffisants. Autre perspective : c’est surtout des collaborations avec des équipes étrangères pour développer autant que possible les programmes de recherche.
Appel à lancer aux Malades et aux autorités ?
Aux malades, je dis que ce Centre est ouvert pour les drépanocytaires. Nous sommes là pour améliorer la survie du drépanocytaire. Le Centre est ouvert tous les jours (du lundi jusqu’au samedi) pour faire face à leurs difficultés. Je sais qu’il y a des difficultés au niveau des malades. Par exemple, certains ne viennent pas l’hôpital pour la simple raison qu’ils n’ont pas de l’argent. À leur attention, je répète que l’esprit du Crld est qu’il y ait une couverture aussi équitable que possible. L’équité pour nous, c’est de traiter de la même façon les pauvres et les riches. Donc, il ne faut pas rester à la maison, parce qu’on n’a pas d’argent. Ici on soigne d’abord, après on demande à régulariser. Vis-à-vis de l’autorité, l’appel c’est par rapport à ce personnel insuffisant. Il faut absolument que le personnel soit étoffé pour faire face à cette demande grandissante.