Lutte contre la dengue au Mali : L’immense échec collectif

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Alors que le Mali fait face à une nouvelle résurgence de cas de dengue depuis septembre dernier, le virus n’est jamais vraiment parti. Depuis 2020, chaque semaine, de nouveaux cas sont enregistrés dans le pays. En saison sèche, il ne s’agit que de quelques malades. Cependant, une fois la saison des pluies de retour, les cas se multiplient, souvent pour arriver jusqu’à 100 par semaine. Début 2020, les autorités avaient indiqué que le virus “ne devait surtout pas passer le cap de la saison sèche“. Trois ans plus tard, force est de constater que la lutte contre la dengue est un échec. Et tout le monde a sa part de responsabilité.

Les autorités se veulent actuellement rassurantes, bien que 336 cas positifs dont 12 cas graves aient été enregistrés au Mali, à la date du 9 novembre 2023. Elles se veulent même rassurantes alors que des atteintes ophtalmiques se multiplient, une complication qui n’existait que très peu les années précédentes.

Un discours prudent, qui ne reflète pas toujours la réalité du terrain. Dans les cabinets médicaux, particulièrement dans les zones où l’épidémie est majoritaire, les patients s’enchaînent. Les formes graves, elles aussi, semblent être plus nombreuses que les dernières années.

Si l’épidémie de Covid-19 fait rage au Mali, la dengue est tout aussi présente. Pourtant, elle semble désormais reléguée au second plan aujourd’hui. L’époque où des renforts de l’armée arrivaient pour lutter contre la prolifération des moustiques semble bien lointaine désormais. Et pourtant, les chiffres actuels de la dengue sont comparables à ceux de 2020.

Il y a trois ans, des militaires avaient en effet été mobilisés pour venir en aide à la lutte anti-vectorielle dans certaines parties du pays. Depuis, plus aucune aide n’est venue du national, dans un contexte épidémique qui est similaire, voire pire. Car il y a deux ans, seul un type de dengue circulait au Mali, contre trois aujourd’hui.

Une épidémie délaissée pour une autre

La nécessité de se concentrer sur la lutte contre le Covid-19, et le désir de ne pas affoler la population sont compréhensibles. Mais la présence de la dengue est bel et bien une réalité. Et ce n’est pas parce qu’aucune mort n’a été enregistrée en 2023, qu’il n’est pas important d’enfin prendre ce problème à bras le corps. D’ailleurs, le premier décès de 2020 avait été signalé… A noter que les ambitions de l’INSP (Institut National de Santé Publique), en 2020 comme en 2023, étaient de ne pas laisser le virus dépasser la saison des pluies. Une mission non seulement ratée, mais qui semble en plus ne plus être une priorité.

Les démoustications sont rares à Bamako et dans les localités de l’intérieur ; les communes assurent s’engager dans la lutte anti-vectorielle. Mais dans la réalité des faits, les dépôts sauvages pullulent toujours autant, les gîtes larvaires aussi, et les maliens continuent de tomber malade au même rythme que les années précédentes.

L’épidémie de la dengue frappe partout. Et pourtant, les errances des autorités et de la population ne semblent pas avoir évolué depuis. De l’apparente légèreté de l’INSP face à la multiplication des cas à la négligence des habitants, rien ne semble être fait pour arrêter efficacement cette épidémie.

Malgré des années de contaminations, nombre de maliens s’entêtent à laisser traîner déchets, carcasses de voiture, pneus et points d’eau en tout genre aux quatre coins de Bamako. 2 406 malades de la dingue dont 12 cas graves, de septembre 2023 à la date du 9 novembre dernier, les autorités sanitaires semblent une nouvelle fois minimiser (ou sous-estimer) les dégâts qu’un moustique peut provoquer.

Cyrille Coulibaly

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