Les élèves ont repris le chemin des classes. Cependant, ils ne sont pas nombreux les établissements qui ont pris des mesures de protection contre la Covid-19.
C’est difficile à croire mais triste réalité. Cette rentrée des classes se devait d’être particulière aux vues des situations socio-sanitaires qui le Mali traverse à l’instar des pays du monde entier. Elles se comptent sur le bout du doigt les écoles qui ont pris des mesures pour protéger les enfants.
Lundi 1er novembre, jour de rentrée scolaire 2021-2022. Ecole de Lafiabougou Taliko. 8h. Les anciens qui arrivent sont reconnaissables aux joies de retrouver les amis. On saute dans les bras des uns des autres. Pas un ne porte de masque. Pas de kit de lavage des mains ni dans la cour, ni à la porte. Même les enseignants qui portent des masques se comptent sur le bout des doigts.
Ce même constat sera fait dans toutes les écoles publiques que nous avons visitées. Par contre, il y a des écoles privées qui, sans mettre l’accent sur la distanciation sociale, exigent des masques et le lavage des mains à l’entrée.
« Aucune disposition n’a été prise contre la Covid-19 dans notre établissement, déplore un enseignant. La préoccupation semble même ailleurs, puisque le premier cours de la rentrée porte sur le changement climatique », dit-il, avant d’ajouter, « tout se passe comme si la Covid-19 n’est plus une réalité ».
Par contre, Boubacar Kassambara, proviseur du complexe scolaire Debougneri affirme avoir mis l’accent sur la sensibilisation et le respect des mesures barrières. « Comme l’année passée, nous avons continué à prôner le respect des mesures barrières : lavage des mains, utilisation du gel alcoolique et port du masque. Nous sommes privés, alors nous avons fait le nécessaire nous-mêmes pour mettre tout en œuvre afin que la rentrée soit sécurisée comme celle des années précédentes. Nous avons acheté les kits de lavage des mains, respecté la distanciation sociale, et pour un début ça va. Le reste dépendra des autorités scolaires. Sinon l’année précédente malgré la pandémie nous avons pu achever le programme de l’année dans nos différentes classes. ».
Madame Coulibaly Aïcha Cissé enseignante à l’école Tchagoua de Kalaban Coura confie que pour la rentrée 2021-2022, elle n’a vu aucun dispositif mis en place par l’état. « A mon avis la Covid-19 ne semble plus d’actualité d’autant plus que les gens l’ont oublié et que les autorités ne sont plus exigeantes. Les mesures barrières ne sont pas respectées. La sécurité semble plus urgente que la Covid-19 ».
Or, les cas positifs de la Covid-19 sont en train de grimper à nouveau. Force est de croire en l’inefficacité des dispositifs de lutte contre la Covid-19 dans les écoles et établissements scolaires.
Aminata Agaly Yattara
xxx
COVID-19 ET SYSTÈME SCOLAIRE
Le défi de l’adaptation
La pandémie à coronavirus a touché le Mali le 18 mars 2020. Elle a chamboulé tout sur son passage. Tous les secteurs en ont pris un coup mais celui de l’éducation a connu le pire. Après l’enregistrement du premier cas, le ministère de l’éducation a été contraint de fermer les écoles. Depuis lors l’école vit avec la Covid-19.
La plupart des établissements scolaires ou universitaires ont fermé les portes lorsque le Mali a enregistré son premier cas de Covid-19 en mars 2020. Le ministère de l’éducation pendant ce temps avait mis en place de nouvelles procédures en place pour dispenser les cours. Il s’agit des cours préparés et présentés à la radio ou à la télé, sur zoom ou d’autres plateformes pour permettre aux enfants de continuer leur programme scolaire à la maison.
Quelques mois après, les cours ont repris mais avec de nouvelles règles (les mesures barrières, les dispositifs sanitaires : port du masque obligatoire, lavage de mains avec du gel hydro alcoolique ou du savon, un mettre de distanciation). Le gouvernement à l’époque avait procédé à des distributions de masques et de kits de lavages de mains dans les écoles et beaucoup d’autres structures.
Des modules ont été conçu afin d’expliquer aux enfants qu’un nouveau virus fait des ravages dans le monde entier. Ces manuels avaient pour objectifs de sensibiliser les enfants sur les nouvelles manières qu’ils devaient intégrer et pratiquer pour se protéger et protéger les autres. Les symptômes, les moyens ou la chaine de transmission, le numéro vert qu’il fallait appeler d’urgence lorsqu’un proche présentait des signes de la Covid-19.
Même si ces mesures n’étaient respectées par tous, il y’avait un semblant d’exécution ou de pratique. Ce qui n’est malheureusement plus le cas. Les écoles qui respectent les mesures barrières se compte tellement elles sont peu.
Aminata Agaly Yattara
xxxxxx
COVID-19 ET SYSTÈME SCOLAIRE
Les graves lacunes
La pandémie à coronavirus a montré la rigidité du système scolaire Malien et son incapacité à s’adapter aux nouvelles technologies indispensables pour faire face à la Covid-19.
L’école Malienne a du mal à s’adapter à la nouvelle situation. La Covid-19 a entrainé d’énormes reformes sur tous les plans. Pour les enseignants, élèves et administrateurs d’écoles, la Covid-19, a montré la nécessité de réadapter le système scolaire, mais, surtout, de faire en sorte qu’il soit flexible.
Pour Harouna Diallo, professeur de droit, « en tant qu’enseignant je préconise le renforcement de l’enseignement à distance. Comme nous essayons de le faire maintenant à l’université.
Il s’agit de développer des plateformes de cours qui permettent à l’enseignant d’enregistrer des cours sous forme vidéo ou de monter des modules en formats Word ou PDF. Les cours enregistrés et montés sont téléchargés sur des plateformes dédiées. Les étudiants accèdent avec des codes auxdits cours et peuvent interagir en posant des questions aux enseignants. Voici un peu ce que nous envisageons à l’Université des Sciences Juridiques et Politiques de Bamako ».
Certains parents d’élèves pensent qu’il faut changer le système scolaire. Pour d’autres, il faut maintenir la régularité des cours d’abord avant de changer quoi que ce soit.
« Il est difficile, voire impossible de changer le système scolaire malien. Aucune chance que les autorités arrivent à l’adapter au contexte. Et la fermeture des écoles en période de Covid-19 a bouleversé les enfants vu le retard sur le calendrier scolaire », affirme Madame Coulibaly Aïcha Cissé enseignante à l’école Tchagoua de Kalaban coura.
« Je ne sais vraiment pas s’il faut changer de système scolaire car au Mali. Nous vivons en générale, une banalisation de la pandémie. Elle inquiète surtout les populations des grandes agglomérations, précisément le District de Bamako. À l’intérieur du pays, les gens se comportent comme si de rien n’était. Il ne faut pas multiplier des mesures qu’on ne peut pas appliquer ou faire appliquer », ajoute Jean Christophe Konaté, professeur à l’université catholique de l’Afrique de l’Ouest, unité universitaire à Bamako.
Selon Jean Christophe Konaté, « le système n’est pas lié à la Covid-19, mais aux réalités de l’évolution du marché de l’emploi ».
« Notre système scolaire est bâti sur la fonction publique. Or, il faut l’adapter au marché de l’emploi. Alors non. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de changer de système scolaire si jamais la Covid-19 persiste. À son avènement, au Mali, l’université avait voulu procéder aux cours en ligne, aux cours à distance. Ils voulaient changer le système à cause de la pandémie ce qui n’a vraiment pas marché. Sans mentir la Covid-19 m’a mis en retard, je devais présenter ma thèse de doctorat. Je devais également participer à des colloques en France, Roumanie, Venezuela. Cette période était difficile à vivre pour moi car elle a mis tous mes projets en pause », se plaint S.K, enseignant chercheur à la Faculté des Lettres des Langues et des Sciences du Langage (FLSL) de l’université de Bamako.
Pour Hafssatou Diarra, étudiante à la FSEG, le système scolaire doit vraiment changer afin qu’on s’adapte à toutes les situations. « Notre faculté est en retard. Nous sommes à l’année universitaire 2016-2017. Avec la Covid-19, notre situation a empiré car on ne faisait pas de cours. Je m’exerçais à la maison pour ne pas oublier les quelques notions apprises avant la pandémie. Et à la reprise nous étions obligés de respecter les mesures barrières, et moi personnellement je ne supporte pas les masques. Pourtant nous étions obligés de les respecter en plus des masques je suis allergique à certains gels hydro alcooliques. »
Je pense que oui C’est nécessaire aujourd’hui de revoir le système scolaire parce que la maladie ne s’arrête pas et il est important de mettre les enfants et adolescents à l’abri. Et avec les différents variants il faut rester sur ces gardes. Et pour ça il faut se tourner vers le numérique, avance Assetou Founè Samaké étudiante à l’école supérieure de journalisme et des sciences de la Communication.
Djibril Bah professeur d’université confie qu’il faut repenser le système scolaire. La pandémie a montré les limites de l’enseignement classique.
Aminata Agaly Yattara