Le 30 janvier 2020, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a jugé que la pandémie Covid-19 constituait une urgence de santé publique de portée internationale, conformément au règlement sanitaire international (2005). À la date du 19 avril 2019, le nombre de cas confirmés dans le monde se chiffrait à 2 343 293, celui des patients guéris à 602 793, et celui des décès à 161 330.
Il s’agit donc pour les pouvoirs publics d’agir urgemment pour contenir et contrôler l’épidémie c’est-à-dire « aplatir la courbe épidémiologique ». Cela se fait en ralentissant le taux d’infections par exemple en réduisant essentiellement les contacts de personne à personne par le biais de mesures barrières (fermetures d’écoles, de lieux de travail, de lieux de culte, spectacles, interdictions de voyager… C’est l’approche adoptée à Wuhan en Chine où la maladie à coronavirus a débuté et qui est maintenant appliquée en Europe, aux États-Unis et en Afrique. Une autre approche dépendant de la vitesse de propagation du Covid-19 consiste à identifier et à isoler les personnes infectées de la population en les mettant en quarantaine (quatorzaine).
Les politiques de prévention et de précaution (distanciation sociale) induisent délibérément un ralentissement de l’activité économique). Une pandémie comme COVID-19 aurait un impact important sur l’activité économique pour des raisons évidentes. Mais les politiques d’endiguement aggravent la récession économique amenant ainsi les dirigeants des pays du monde entier à mettre en place des politiques économiques et des mesures de relance économique afin de juguler la récession économique et minimiser les effets dévastateurs causés par ce choc exogène sur les économies.
Ces politiques économiques préconisées sont de six (6) ordres : – Politiques budgétaires ; – Politiques monétaires ; – Politiques financières ; – Politiques de protection sociale ; – Politiques industrielles ; – et Politiques commerciales.
En effet, les mesures mises en œuvre pour aplatir la courbe épidémiologique réduisent inévitablement l’activité économique. En encourageant les travailleurs à ne pas se déplacer vers leurs lieux de travail et les consommateurs éloignés des marchés de produits et services réduit fortement l’activité économique. La récession, ainsi induite, est une résultante des mesures de santé publique nécessaires pour le succès de la stratégie de riposte contre le Covid-19.
Dans une économie circulaire, sous une forme simplifiée, les ménages possèdent du capital et du travail qu’ils fournissent aux entreprises, qui l’utilisent pour fabriquer des produits que les ménages achètent ensuite avec les salaires que les entreprises leur ont payés, complétant ainsi le circuit et permettant à l’économie de continuer à croître.
En fait, une interruption des flux dans une partie quelconque du circuit économique provoque un goulet d’étranglement et donc un ralentissement partout dans le circuit économique. Ainsi quand les entreprises ont des difficultés de trésorerie, les employés et donc les ménages qui ne reçoivent pas de salaires connaissent des difficultés financières et ralentissent ainsi leurs dépenses de consommation.
Ensuite, les chocs de la demande intérieure frappent les importations du pays et donc le flux d’argent vers l’étranger. Bien que cela ne réduise pas directement la demande intérieure, cela réduit les revenus des partenaires commerciaux étrangers et donc leurs dépenses pour les exportations du pays vers les pays importateurs. La réduction de la demande et/ou la baisse de l’offre peuvent entraîner une perturbation des chaînes d’approvisionnement internationales et nationales. Les deux entraînant une nouvelle réduction de la production, notamment dans les secteurs manufacturiers qui sont particulièrement vulnérables, car les contrats portant sur de nombreux produits manufacturés peuvent être reportés ou annulés.
Les faillites d’entreprises sont un autre point de perturbation. Les entreprises qui se sont endettées ces dernières années sont particulièrement vulnérables à la baisse de leur trésorerie. Lorsque les créanciers et les travailleurs ne sont pas payés, ils dépensent et investissent moins. En effet, la faillite d’une entreprise peut mettre d’autres entreprises en danger. Ce type de faillite en chaîne a été observé, par exemple, dans le secteur de la construction lors de crises du logement.
Enfin, il y a les licenciements, les congés de maladie, les quarantaines ou les congés pour s’occuper d’enfants ou de parents malades directement liés aux politiques de confinement ou à d’autres nécessités médicales. Les travailleurs qui perdent leur emploi dépensent moins, de même que ceux qui sont menacés de perdre leur emploi. Il est donc important que si quelqu’un perd son emploi, il lui soit garanti un revenu de subsistance pour le soutenir jusqu’à ce qu’il trouve un nouvel emploi.
Les mesures de soutien d’urgence généralisées sont élaborées pour diverses raisons. Tout d’abord, les dépenses de santé (installations temporaires, équipements, embauches, heures supplémentaires pour le personnel médical) et les dépenses connexes (sécurité, contrôle des mesures de verrouillage, etc.) doivent être considérablement augmentées. Le coût ponctuel correspondant est difficile à évaluer, mais peut représenter une part non négligeable du budget national. Ensuite, certains secteurs des services subiront des pertes permanentes de revenus plutôt que des difficultés de trésorerie.
Les petites et moyennes entreprises (pme), en particulier, ont besoin d’un soutien financier important dans cette phase d’endiguement, sous la forme d’allégements fiscaux, de lignes de crédit concessionnelles et de subventions venant s’ajouter aux mesures précédentes afin de prévenir les faillites.
Une aide directe aux ménages, sous forme d’allègement des paiements en espèces (comme les exonérations fiscales ou l’allègement du paiement des factures d’électricité, et d’eau) ou de distributions de liquidités et de denrées alimentaires est souhaitable, ainsi que des transferts directs au secteur informel.
La pandémie Covid-19 affectera négativement l’économie réelle dans ses effets et ses impacts sur les pays. Il urge donc que les instruments de la politique budgétaire soient privilégiés dans un premier temps. Ces mesures comprennent entre autres des subventions au revenu pour les travailleurs concernés, des reports d’impôts, des reports ou des subventions de la sécurité sociale, des congés de remboursement de la dette, et des prêts ou garanties de crédit de l’État pour les entreprises.
Il est estimé que dans le cas d’un blocage d’un mois entraînant une baisse temporaire de 50% de l’activité du secteur privé, que le coût des mesures de soutien exceptionnelles s’élèverait à 0,5% à 1% du PIB annuel. Le coût direct des mesures discrétionnaires (mesures sanitaires d’urgence et de blocage plus secours économique) serait donc de l’ordre de 1% à 1,5 % du PIB annuel.
Bamako, le 19 avril 2020
Modibo Mao MAKALOU
MBA