Depuis plusieurs semaines, les populations de la Guinée-Conakry voisine sont confrontées à la propagation de l’épidémie de la fièvre hémorragique Ebola. Une situation sur laquelle, les autorités du Mali, particulièrement, le ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique a toujours gardé un silence radio. Il aura fallu que la maladie atteigne la capitale Conakry et fasse 59 morts pour que les autorités maliennes mesurent la dimension réelle du danger. Ce qui s’est traduit par la tenue, de ce qu’ils ont appelé dans leur jargon au ministère de la santé « une réunion de crise ».
En effet, il aura fallu que la fièvre hémorragique Ebola atteigne la capitale de la Guinée-Conakry pour que les autorités du Mali mesurent la dimension réelle du danger. Sinon, cela faisait déjà plusieurs semaines que cette maladie fait des ravages en Guinée. D’abord, dans la partie sud du pays où elle a fait une dizaine de morts.
Aussi, selon nos sources, le président de la République Ibrahim Boubacar Keita, accompagné d’une forte délégation de ministres et de collaborateurs vient de rentrer d’une visite de trois jours en Guinée-Conakry, où à l’issue d’une rencontre avec la communauté malienne, il a eu des échos par rapport aux ravages de cette maladie. Sans que cela ne soit suivi d’effets concrets.
Après l’autre poumon…
En effet, la menace de l’épidémie de fièvre hémorragique mortelle Ebola sur le Mali est réelle en raison de la distance qui sépare notre pays de la Guinée-Conakry. Mais aussi, la libre circulation des personnes et des biens entre ces deux pays que leurs pères fondateurs ont qualifiés des deux poumons d’un même corps.
Cette maladie avait déjà fait une dizaine de morts dans le sud de la Guinée-Conakry. Avant d’atteindre la capitale Conakry où le nombre de cas de décès signalés, à ce jour, se chiffre à 59 morts sur 80 cas recensés. Une situation face à laquelle, les autorités maliennes, comme à leur habitude, gardaient un silence de cimetière.
Et c’est face à la montée des rumeurs et aux informations que les populations ont eu à travers les journaux et chaines étrangères que nos autorités à travers le département de la santé ont, honteusement, décidé de sortir de leur torpeur à travers la tenue d’une réunion dite de crise à la suite de laquelle, elles ont juste appelé les populations à la vigilance. Pas plus. Une véritable réunion de dimanche.
Sans daigner se prononcer sur les mesures qui doivent être mises en œuvre par les populations pour empêcher à cette fièvre hémorragie mortelle de franchir les frontières de notre pays.
Alors que la présence de cette maladie en Guinée voisine devrait un peu changer la donne au regard du danger que cela représente pour la population.
Ebola, un contagieux pernicieux !
En effet, selon l’UNICEF, l’épidémie de fièvre Ebola, qui avait été décelée dans le sud du pays a atteint la capitale Conakry. Mieux, la maladie a déjà fait 59 victimes.
Selon le Dr Sakoba Kéita, chef de division prévention au ministère de la santé et de l’hygiène publique guinéen, l’épidémie a été diagnostiquée à Lyon en France comme étant une fièvre Ebola.
Le virus Ebola, selon le Dr Keita se manifeste par une poussée de fièvre, des diarrhées, des vomissements, une fatigue prolongée et parfois un saignement.
A l’en croire, cette maladie dont le taux de mortalité de 90 % figure parmi les plus contagieux et mortels chez l’homme selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS)
Pire, explique-t-il, il n’existe à ce jour, aucun traitement, encore moins un vaccin contre cette maladie qui se transmet par contact direct avec le sang, les liquides biologiques ou les tissus des sujets infectés.
Des sources médicales guinéennes expliquent que c’est la toute première fois que la fièvre Ebola, qui touche habituellement la République démocratique du Congo (RDC), l’Ouganda, le Gabon ou le Soudan du sud soit signalée en Guinée-Conakry.
Ce qui fait que les responsables de l’OMS craignent que la maladie ne s’étende aussi à la Sierra Leone voisine car des cas présentant des symptômes analogues y ont été signalés.
« Nous sommes débordés sur le terrain, nous luttons contre cette épidémie avec les moyens du bord, avec le concours des partenaires (OMS, MSF, Unicef, etc..)», a expliqué le Dr Kéita.
De leur côté, les organisations internationales émettent leur crainte quant à la propagation de cette épidémie. « En Guinée, un pays où les infrastructures sanitaires sont déjà faibles, une maladie comme celle-ci peut être dévastatrice », assure le Dr Mohamed Ag Ayoya, représentant de l’Unicef en Guinée.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les populations du Mali sont aujourd’hui en danger au regard du brassage humain qui existe entre le Mali et la Guinée-Conakry, où la fièvre Ebola est en train de faire des ravages. Mais aussi, les frontières entre les deux pays qui peuvent être franchies facilement par les ressortissants des deux pays
Pendant que cette maladie continue à se propager en Guinée-Conakry, c’est la panique générale du coté du Mali où les populations craignent qu’elle franchise les frontières au regard de la libre circulation des personnes et leurs biens qu’il y a entre le Mali et la Guinée.
A travers une réunion dite de crise, organisée au département en charge de la Santé et de l’Hygiène publique, le ministre Ousmane Koné s’est limité à mettre en veille son staff et ses services techniques contre la possibilité de pénétration de cette épidémie mortelle au Mali.
Avant de mettre en place une stratégie basée sur un devoir de vigilance attendu de tous pour empêcher à cette maladie de franchir les frontières du Mali.
Seulement, les populations se demandent quelles sont les mesures idoines que les autorités vont mettre en œuvre sur le terrain pour que la maladie n’entre pas au Mali ?
Mais aussi, les mesures individuelles que chacun peut mettre en œuvre de son côté pour jouer sa partition dans ce sens.
Une question sur laquelle le ministre Ousmane Koné et son staff doivent réfléchir rapidement, de concert avec les autres membres du gouvernement concernés par les questions de frontières (puisque cela peut nécessiter la fermeture des frontières pour un moment), pour que cette terrible maladie qui a fait disparaitre des familles entières au Congo n’arrive pas chez nous au Mali.
Georges Diarra