Les boissons énergétiques ou énergisantes : Mythe ou réalité ?

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A l’heure actuelle, à l’image du thé, chacun se lève et crée sa marque de boisson énergisante. Et en quoi sont-elles énergisantes ? Mêmes les consommateurs qui les achètent tous les jours ne peuvent le dire. D’ailleurs, ne constitueraient-elles pas une menace pour la santé ? Ne serait-ce beaucoup plus un effet de mode qu’une motivation liée à leurs propriétés énergisantes ? Pour en avoir le cœur net, nous avons mené une petite enquête qui nous a conduits respectivement chez les consommateurs, les vendeurs, les spécialistes de la santé des aliments et de la diététique.

Les boissons dites énergisantes sont de nos jours très prisées. Comme toute boisson sucrée, leur consommation excessive peut être néfaste à la santé. Mais au-delà de cela, leurs constituants présentés comme source d’énergie ne constituent-ils pas un danger pour la santé des consommateurs ? Une réalité dont beaucoup de consommateurs ne tiennent pas compte ou l’ignorent certainement. “Rox est ma boisson préférée à cause de sa saveur et de son gout. Elle me procure un certain plaisir inexplicable. Je consomme cette boisson depuis cinq ans et je n’ai pas de problème de santé”, déclare un consommateur. Un de ses amis d’ajouter : “Je consomme Red Bull parce que je suis athlète. Ça apaise ma fatigue et ma soif. Je n’ai jamais été déshydraté, mais par contre j’ai des difficultés à m’endormir.”

Selon Abdoulaye Tolo, vendeur de boissons depuis 25 ans maintenant, ce commerce est fructueux. “Je vends toute sorte de boissons, mais les boissons énergisantes sont vraiment appréciées par mes clients puisque j’en vends sur place en gros et en détail et je fais la livraison à domicile aussi.  A mes débuts, il y avait seulement la marque “3 horses” comme boisson énergisante. Après, Rox est venue. De nos jours, il y a plus d’une dizaine de marques sur le marché. C’est Double Seven, Rox, Malta et Reaktor (nouvelle boisson sur le marché) qui sont les plus vendues des boissons énergisantes. Je ne rencontre pas de difficultés parce que ça se vend bien et je suis débordé à tout moment par les clients. Je m’approvisionne directement chez les exportateurs.

Je dois préciser que parmi les boissons énergisantes, c’est Reaktor seulement qui est fabriqué au Mali. Toutes les autres sont exportées”.

Il faut savoir qu’il y a des boissons énergisantes et des boissons énergétiques.

Les boissons énergisantes sont principalement destinées aux jeunes. Elles contiennent du sucre et de fortes doses de caféine. Selon Dr Saly Dembélé, spécialiste de médecine de famille et de médecine communautaire (MF/MC), la caféine est connue pour lutter contre la fatigue, améliorer la mémoire et la concentration, mais en grande quantité. “Elle peut aussi entraîner des troubles de comportement et augmenter la tension artérielle du consommateur”, indique-t-il.

Quant aux boissons énergétiques, elles sont destinées aux sportifs, ce sont les boissons de l’effort, aussi appelées “boissons diététiques glucidiques de l’effort “. Aux dires du spécialiste, leur but est de fournir de l’énergie, d’apaiser la fatigue et de lutter contre la déshydratation. “Dans ces boissons, on retrouve de l’eau, des sucres, des sels minéraux (sodium, potassium) et des vitamines (surtout B et C). Pour les boissons de l’effort immédiat on retrouve des sucres à assimilation rapide (glucose), tandis que pour les boissons d’endurance ce sont des sucres à digestion lente comme le fructose.

 Ces boissons ne sont pas néfastes, mais leur apport en sucres et en calories n’est pas négligeable. Il n’est pas utile d’utiliser ce genre de boissons pour ceux qui pratiquent le sport une fois par semaine”, explique Dr Salia Dembélé.

Comme conseil, Dr Dembélé demande aux femmes enceintes ou allaitantes, aux enfants, aux personnes âgées et aux porteurs de maladies chroniques, de consommer ces boissons énergisantes avec modération.

Par rapport au contrôle de qualité sanitaire de ces boissons, ce qui est un préalable à leur mise à la consommation, nous n’avons pas pu obtenir les informations nécessaires auprès de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire des aliments (Anssa) malgré nos multiples démarches. Raison pour laquelle, nous n’avons pu obtenir leur point de vue. Nous espérons d’ailleurs que la prochaine fois l’accès sera plus facile à cette structure pour aider les journalistes que nous sommes à donner la bonne information, surtout lorsqu’il s’agit d’un sujet aussi important que la sécurité sanitaire des aliments.

Ces éclaircissements de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire des aliments (Anssa) sont parfois nécessaires pour rassurer la population. En effet, il arrive qu’un produit vendu sur le marché suscite beaucoup de supputations, à l’image d’un jus qui a été retiré du marché et l’unité de production fermée, mais on retrouve le même produit 3 mois plus tard dans les points de vente, l’usine ayant repris son fonctionnement, comme si de rien n’était, sans aucune explication donnée aux populations.

En ce qui concerne la Direction régionale du commerce et de la concurrence (Drcc), un responsable a déclaré que pour qu’il y ait saisie d’un produit, il faut une déclaration de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire des aliments (Anssa) sur la mauvaise qualité du produit ou qu’il soit périmé. “Si un commerçant aussi déclare qu’il y a la contrefaçon d’un produit sur le marché, nous menons nos enquêtes et si nous découvrons que c’est réel, on procède à la saisie”, a-t-il souligné.

Une étude canadienne réalisée auprès de 2.000 jeunes de 12 à 24 ans, interrogés sur leur consommation de boissons énergisantes au cours de l’année 2015, tire la sonnette d’alarme. Dans cette étude, 55 % des jeunes disent avoir ressenti au moins un effet indésirable après avoir consommé une boisson énergisante. Pour la moitié d’entre eux, l’effet s’est manifesté après leur première canette.

Marie DEMBELE

 

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