“Impact du Sida sur l’offre et la demande d’éduction au Mali” est le thème d’une étude initiée par le Syndicat National de l’Education de la Culture en partenariat avec l’Internationale de l’Education. “En commettant cette étude, le SNEC veut éviter qu’il n’y ait pas, dans les années à venir et par rapport à la pandémie, une population enseignante malade du SIDA”, a déclaré Maouloud Ben Kattra, coordinateur du projet de lutte contre le SIDA au niveau du SNEC.
Pourquoi cette etude ?
Selon le camarade Ben Kattra, qui coordonne ce projet avec Famoro Kéïta, tous membres du bureau exécutif du SNEC, son syndicat, dans le cadre de ses activités , a mené deux études. Ces études portant spécifiquement sur l’EPT ont porté sur: “Etat des système éducatifs et le renforcement des capacités des enseignants pour faire face aux défis” et “Impact de la qualification des enseignants sur la qualité de l’éducation”.
Mais, en commettant cette troisième étude sur la pandémie du siècle, la volonté du SNEC, à travers la jonction entre l’EPT et le VIH-SIDA, c’est d’amener les uns et les autres à se dépister pour l’avenir de l’éducation au Mali. Puisqu’avec des enseignants malades du SIDA dispensant des cours à des élèves aussi malades du Sida, on voit mal comment notre pays pourra former des cadres afin de faire face aux dures réalités de la compétition dans un cadre d’intégration. Pour ce faire, la sensibilisation va à l’endroit des élèves et étudiants qui serviront de relais par rapport à cette lutte.
Dores et déjà, l’implication du SNEC aux actions de formation et de sensibilisation en direction des enseignants en matière de lutte contre le SIDA en milieu scolaire a produit des résultats. A ce jour, ce syndicat national membre de l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) a formé 6 rédacteurs de modules, 619 enseignants formateurs et a sensibilisé 23 090 enseignants sur toute l’étendue du territoire national. Le thème de ces activités était “l’Education à la santé et la santé et la prévention du VIH/SIDA et des IST à l’école”.
Que dit le rapport d’etude de decembre 2006 ?
L’objectif de l’étude “Impact du SIDA sur l’offre et la demande d’éducation au Mali” menée par Cheick Oumar Fomba et Mamadou Daouda Traoré, était d’évaluer l’impact de la pandémie du SIDA sur l’éducation. Mais spécifiquement, il s’agissait de déterminer la proportion des enseignants dépistés et infectés par le VIH, d’établir le rapport entre le nombre d’enseignants malades et le nombre d’élèves correspondant et déterminer le nombre d’élèves malades du SIDA.Les chiffres présentés dans ce rapport proviennent de 37 centres de dépistage gérés par par l’ONG Population Service International (PSI
Ainsi résultats de l’étude se présentent à deux niveaux. S’agissant de l’impact du SIDA sur l’offre d’éducation, et par rapport à l’évolution du nombre d’enseignants dépistés et malades, les données laissent apparaître l’évolution de la maladie chez le corps enseignant de 2004 à 2005. On note que le niveau de l’infection reste constant et relativement faible chez les hommes, alors que cette infection est très prononcée dans le groupe des femmes. Le taux, en la matière, passe de 9,09% en 2003 à 33% en 2005.
Le fait que les femmes soient plus contaminées s’expliquerait par, entre autres, des facteurs physiologiques, sociaux et économiques. Et pourtant, cette situation ne semble guère donner des soucis à nos soeurs. A preuve, sur 246 enseignants qui se sont fait dépister entre 2001 et 2006, les femmes sont les moins nombreuses (66) contre les hommes (180).
Une autre inquiétude à signaler, c’est que l’étude démontre qu’il y a au moins 2.107 enseignants malades du SIDA au premier cycle de l’enseignement fondamental. Le ratio élèves/maîtres étant de 57 au primaire, on peut facilement estimer le nombre d’élèves susceptibles de manquer d’enseignants, soit 120. 099 élèves, sans compter aussi les nombreux instituteurs qui sont admis à la retraite chaque année. Et pourtant, le coût de formation mensuel d’un enseignant du primaire résultant des aides accordées aux élèves maîtres sous forme de bourse est de 252 000 FCFA environ.
En ce qui concerne l’impact du SIDA sur la demande d’éducation, la lecture des résultats laisse apparaître une progression de la proportion des élèves et étudiants qui consentent de se faire dépister. Chez les garçons, le chiffre a évolué de 774 à 877 entre 2004 et 2005, soit un gain de 103. Chez les filles, de 656 dépistées en 2004, on passe à 831, soit un gain de 175.
Précisions que les tendances observées dans le groupe des enseignants se confirment également à ce niveau. Les résultats indiquent un taux d’infection plus élevé chez les filles que les garçons. Et le nombre d’élèves et étudiants dépistés entre 2001 et 2006 reflète la progression de la maladie. Sur 6 557 élèves et étudiants dépistés, 3 502 sont des garçons et 3 055 sont des filles. Sur ces chiffres, seuls 17 garçons sont infectés contre 108 filles.
Par ailleurs, des données montrent que sur l’ensemble des élèves et étudiants dépistés, 94,09% d’entre eux sont célibataires, les autres se répartissent entre les mariés (0,04%), les divorcés (0,50%) et les fiancés (5,37%). Sur la base du taux d’infection observé, on peut simuler l’ampleur de la maladie chez l’ensemble des élèves et étudiants du Mali. En 2004-2005, les effectifs de l’enseignement fondamental étaient estimés à 1.822.912 élèves, ceux du secondaire à 70.511, de l’enseignement normal à 9 428 et les étudiants étaient 32 609.
En appliquant le taux d’infection (1,75%) à l’ensemble de la population, le nombre d’étudiants et d’élèves susceptibles d’être infectés par le VIH s’établirait à 3 387.
Comme on le voit, les résultats de la présente étude ont permis de constater que le milieu scolaire est aussi frappé par cette maladie. A cet effet, les actions de formation et de sensibilisation des enseignants en matière de lutte contre l’évolution de l’infection en milieu scolaire initiées par le SNEC et le ministère de l’Education devraient se poursuivre et s’intensifier.
Oumar SIDIBE
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