Le CSCOM de Torokorobougou et Quartier Malidans l’œil du cyclone : Le bureau du Comité de gestion suspendu par le maire de la commune V

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« Est suspendu à compter du lundi 30 mars 2015, et ce jusqu’à nouvel ordre, le bureau de l’Association de Santé communautaire de Torokorobougou et Quartier Mali », telle est la sentence prononcée par le maire de la Commune V, le vendredi dernier. « Cette suspension est consécutive à : l’opposition du président du Comité de gestion à la mission d’assurer le service public de la santé au niveau de l’aire de santé, par la mise sous scellé et la fermeture du bureau du directeur technique, l’obstination du président à licencier le directeur technique, alors même payé sur fonds PPTE, trouble à l’ordre public, avec l’intervention des loubards dans son désir d’empêcher le personnel de santé à travailler, indique la décision. Un comité transitoire sera mise en place pour assurer la gestion courante de l’Asaco, avant la mise en place d’un nouveau bureau », selon la même décision, qui précise que « le 3ème adjoint au maire, le médecin chef, le commissaire du 4ème arrondissement, le Secrétaire général de la mairie, les chefs de quartier de Torokorobougou et quartier Mali, sont chargés chacun en ce qui le concerne, de l’application correcte de la présente décision qui sera enregistrée, publiée et communiquée partout où besoin sera ». Pourquoi cette décision de suspension de la mairie ? Qu’est ce qui s’est passé ? Ladite suspension fait suite à un conflit ouvert entre le médecin chef du Cescom de Torokorobougou et Quartier Mali et le bureau du Comité de gestion. Le torchon qui brûlait entre le médecin chef, le Dr Issa Togo et le président du Comité de gestion Alkaou Sissoko, depuis des années a atteint son paroxysme le mercredi 26 mars 2015, date à laquelle le président du Comité a fait déguerpir le médecin chef avant de mettre sous scellé son bureau. Selon le Dr Danioko Youssouf Secrétaire administratif du bureau national de FESYSAM (Fédération des syndicats de la santé et de l’action social du Mali), contacté, après le rejet par le Csref de plusieurs demandes du bureau de limoger le médecin chef du Cscom de la Commune V, le président de l’Asacotoqa Alkaou Sissoko s’est fait accompagné de loubards et d’un huissier pour expulser et fermer son bureau. Suite à cette expulsion, les travailleurs de la santé des Cescom de la commune V, qui avait projeté une grève de 72h du lundi 30 mars au mercredi 1er avril ont fini par anticiper, en demandant la dissolution du Conseil d’administration.

Le Républicain a tenté de rencontrer le maire de la Commune V Boubacar Bâ dit Bill, qui nous a fait dire par son chargé de communication, de nous adresser au 3ème ou 4ème adjoint du maire. Contacté ce dernier nous fait dire par le même chargé de communication, que l’affaire étant au niveau du tribunal, il ne souhaiterait pas s’exprimer. Nous avons en revanche rencontré le président du Comité de gestion, certains membres du bureau avant de parler avec le médecin chef Dr Issa Togo. En effet, rien ne va plus entre le médecin chef de l’Asacotoqua Issa Togo et les membres du bureau de gestion du dit centre. Le premier est accusé par le président du bureau, « de vente de carnets maternels parallèles, d’augmentation des frais d’accouchement,  de vente de médicaments parallèles ». De son côté, le médecin chef dément ces allégations, et reproche au bureau de gestion  de détourner les ressources du Cescom au dépens de l’amélioration des conditions des travailleurs, par l’application dela grille annexée à la convention collective des associations de santé communautaire.

Selon le président du bureau du Comité de gestion Alkaou Sissoko, rencontré dans son bureau au Cescom, depuis 2006, « le Docteur Issa Togo travaillait en étroite collaboration avec tous les travailleurs, patients et lesmembres du bureau légalement installé par la population pour veiller sur la bonne marche du Cescom. Les relations deviennent tendues lorsqu’il ouvre une clinique privée avec son corollaire d’absentéisme chronique et des sorties irrégulières de médicaments dans la pharmacie. Voulant mettre un terme a cette gabegie instrumentalisée par le médecin chef, les membres du bureau convoquentle médecin chef et lui demande des éclaircissements »,explique le président du bureau de l’Asacotoqua Alkaou Sissoko.Il poursuit en soutenant que, le médecin chef Issa Togo ne parvenant pas à se justifier, jette l’opprobre sur un de ses subalternes en cherchant à le muter dans un autre centre de santé. Selon le président  du Comité, cette lettre a été récusée par le bureau et plusieurs travailleurs de la structure. « Et pendant ce temps les choses vont de mal en pis et le médecin chef continue avec sa pratique malsaine au grand désarroi des patients victimes du germe de la corruption instrumentalisée et entretenue par Issa Togo et certains de ses collaborateurs »,explique le président du bureau Alkaou Sissoko.

Le bureau provoque une réunion extraordinaire « afin d’éclairer la lanterne de la population, des autorités sanitaires et communales sur le comportement déshonorant du médecin chef Issa Togo », indique notre interlocuteur. Selon lui, ces accusations ont fait l’objet de lettres qui dorment toujours dans les tiroirs des autorités sanitaires. Après moult tractations qui n’ont rien donné, le bureau décide de convoquer une assemblée générale extraordinairequi s’est tenue le 14 mars 2015, en présence d’un huissier de justicede l’Etude de Me Bouram Sidibé, et de toutes les notabilités des deux quartiers, les membres du Conseil d’Administration de l’Asacotoqua, le Bureau de la Fédération Nationale de Santé Communautaire du Mali, le bureau des jeunes et des femmesafin de trouver une issue prometteuse au problème qui gangrène l’Asacotoqua, poursuit Alkaou Sissoko. Selon lui, « c’est lors de cette assemblée générale à la laquelle a pris part Issa Togo lui-même, que la population a sollicité son départ pour le bien être des patients quiont tant souffert de ses pratiques ». L’huissier de justice exécute la décision de la population en délogeant le médecin chef Issa Togo de son bureau quelques jours après l’assemblée générale rapporte Mohamed Diallo un membre du bureau de l’Asacotoqua.« Le médecin chef Issa Togo ne voulant plus quitter l’Asacotoqua qu’il est entrain de sucer met en branle sa machine dévastatrice et porte l’affaire devant le tribunal de la commune V en arguant qu’il a été privé de son bureau par des ‘’gros bras’’ à la solde du bureau dirigé par Alkaou Sissoko », indique Mohamed Diallo. Avant d’ajouter que le médecin chef est soutenu dans sa pratique par des autorités communales qui ne se soucient guère du sort des populations de la commune.« Les populations, les notables ne veulent plus d’un médecin chef mercantile à la tête de l’Asacotoqua et quiconque osera nous l’imposer nous trouvera sur son chemin » lance Mohamed Diallo.

Contacté, alors qu’il se trouve en déplacement à l’intérieur du pays, le médecin chef Issa Togo a apporté des réponses aux questions soulevées par le bureau. En outre, il nie les faits qui lui sont reprochés et accuse le bureau du Comité de gestion. Le médecin chef nous a fait parvenir des documents censés soutenir ses arguments. Aussi, des membres de la Fédération des syndicats de la santé et de l’action sociale du Mali (FESYSAM), ont apporté des précisions en faveur de leur collègue.

Tout le problème semble commencer à partir du jour où il a osé demander l’amélioration des conditions de vies des travailleurs de l’Asacotoqua, vu les recettes cumulées sous sa direction.Selon le Dr Danioko Youssouf Secrétaire administratif du bureau national de FESYSAM (Fédération des syndicats de la santé et de l’action social du Mali), les faits reprochés au médecin chef le Dr Issa Togo, ont fait l’objet d’explications à la demande du Gouverneur. Les réponses à cette lettre d’explication méritent une attention particulière, pour la compréhension de l’affaire.

Face à l’accusation d’augmenter les frais d’accouchement de 3000 à 5000 FCFA, sans l’avis du bureau, la réponse du médecin chef de l’Asacotoqua, le Dr Issa Togoest que « les tarifs de l’accouchement ont été fixés par l’ASACO à 3000 FCFA et n’ont fait l’objet d’aucune augmentation. Ces tarifs sont affichés dans le centre et sont vérifiable à travers les souches de tickets d’accouchement ».Selon lui, les tickets d’accouchement sont aussi vérifiables auprès des populations. Sur les absences totales ou temporaires répétées au service sans motif ni autorisation, que le président du bureau a reproché au médecin chef, sa réponse est sans appel:« Je m’inscris en faux contre cette accusation.Le président de l’ASACO se substitue au directeur technique du Cscom en posant beaucoup d’actes notamment la mise en place d’un cahier de présence dans le bureau de mon subalterne sans me consulter.J’ai donc tout simplement décidé de ne pas signer puisqu’il existait d’autres cahiers dans mon bureau que le personnel signait. Directeur technique du centre, je suis appelé aussi à participer aux réunions et aux ateliers de renforcements de capacité tout comme n’importe quel autre DTC au nom du centre chaque fois que besoin est. Par exemple pour ce  mois en cours  je me suis absenté 11fois pour participer à des ateliers et  réunions au nom de la structure ».

Accusé de déserter le Cscom au profit de sa clinique, le Dr Issa Togo répond, «au départ en 2006 j’étais contractuel et les textes m’interdisaient d’ouvrir une clinique. Mais depuis que je suis sous fonds PPTE, j’ai le plein droit d’en ouvrir une. J’ai ouvert une clinique privée à Kalaban koro Adeken avec un médecin et du personnel. Je ne me rends là-bas qu’après la décente donc l’ouverture de la clinique n’a pas eu d’incidence sur mes rendements au Cscom. À la clinique les frais de consultation s’élèvent à 3000 FCFA et au Cscom c’est 300 FCFA. Avec ce large fossé entre les prix, pensez-vous que je pourrais convaincre des patients du Cscom à rejoindre ma clinique ? Non ».

Quant à la vente des carnets parallèles, le médecin chef, indique qu’il a été saisi par le président de l’ASACO à travers une lettre l’informant de la vente illégale d’un carnet de Consultation prénatale (CPN) à 3000 F CFA au lieu de 500 FCFA à la maternité. « Aussitôt, j’ai mené mes enquêtes et l’auteur a été retrouvé. La somme de 3000F indiquée était, selon l’auteur, les frais de protection de la femme qui voulait se faire suivre uniquement par cette sage femme ». Selon ses explications, une note d’avertissement a été édictée à l’endroit de tout le personnel de la dite unité. « Malgré tout le président a adressé une lettre de demande d’explication à la sage femme maitresse sans me consulter », poursuit-il. « La suite fut alors des réunions extraordinaires comme à l’accoutumée pour faire un montage des faits non fondés et les utiliser pour d’autres fins. C’est ainsi que j’ai été surpris par une décision de me relever de ma fonction de DTC avec suppression de ma prime et celle de la sage femme ».

Voici ici un tableau vous permettant de faire une lecture de la situation financière du CSCOM avant mon arrivé et pendant mon règne.

Par ailleurs le Dr Danioko Youssouf Secrétaire administratif du bureau national de FESYSAM (Fédération des syndicats de la santé et de l’action social du Mali) est explicite sur les progrès réalisés par l’Asacotoqua de 2006, année d’arrivée du médecin chef Issa Togo, à nos jours. De 14.663.295Fcfa, les recettes ont atteint 20 .947.563 de Fcfa en 2007 ; 61.773.481 Fcfaen 2008 ; 66.856.395 en 2009 ; 86.029.460 Fcfaen 2010 ; 84.800.915Fcfa en 2011 ; 95.219.590 Fcfaen 2012 ; et 94.117.155 Fcfaen 2013. Selon notre interlocuteur, le Dr Danioko Youssouf« ce résultat est le fruit du dynamisme de l’équipe dirigée par le Dr Issa Togo, et il a été possible grâce  à un travail acharné dirigé par lui».

Selon le Dr Issa Togo, le Cscom a été classé Cscom le plus performant de la commune V en 2012 par le programme  Kenya Ciwara II  de l’USAID ». Avant l’arrivée du Dr Togo, le Cscom n’a jamais pu mobiliser 15 millions de Fcfa. Cependant, « Je demeure le médecin traitant de la famille et en particulier de notre Maman la femme du président Alkaou Sissoko », affirme le médecin chef du Cscom. Le problème qui se pose à l’Asacotoqua, est celui de la méconnaissance des textes et la volonté manifeste de l’ASACO de se servir des ressources publiques, souligne-t-il. Il relève le caractère inquiétant de certains actes posés, comme « les primes mensuelles  accordées au président du CA (50.000f) et les membres du comité de gestion (40 000f) par personne soit 210 000f /mois alors que c’est un travail Bénévole et cela pendant 7ans, la somme totale s’élève  à 17640 000 FCFA ». Assez pour construire un nouveau Cscom. D’autres actes inquiétants sont « l’interférence de l’Asaco dans la gestion des aspects techniques du DTC ; la ténue des réunions extraordinaires du conseil d’administration sans les membres de droit dont le médecin Directeur; la gestion de l’Asacotoqua comme une entreprise familiale ; la prise unilatérale des décisions ».Ces actes régulièrement décriés par lui sont à l’origine de son désaccord avec les organes de gestion de l’ASACO en général et le président du CA en particulier, indique le Dr Togo.

Les arguments des membres du bureau ne sont pas fondés et veulent simplement me chasser afin d’avoir la main libre sur les fonds du centre ajoute-t-il. Il urge que le les autorités compétentes trouvent une solution idoines à cette crise qui est entrain de secouer depuis belle lurette, afin que les patients retrouvent un centre performant répondant à leurs attentes.

Moussa Samba Diallo

Khadidiatou Sanogo

Madiassa Kaba Diakité

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1 commentaire

  1. Rectificatif: par rapport à la clinique il faudra revoir. j’ai bien dit qu’en 2006 j’avais bien le droit d’ouvrir une clinique privée parceque etant simple contractuel. Mais aujord’hui la clinique est cedée à un autre medecin car mon statut a changé entre temps.

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