Depuis bientôt deux mois, les décaissements du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme au profit du ministère de la Santé sont gelés. Une décision prise par la mission d’enquête du Bureau de l’Inspecteur général qui séjourne dans notre pays depuis début septembre 2010. Le président de la République, qui s’est rendu à New York sans son ministre de la Santé, Oumar Ibrahima Touré, qui est dans le collimateur du juge, est-il parvenu à convaincre les responsables du Fonds mondial à desserrer l’étau sur le Mali ?
Jusque-là, ce sont des cadres, agents administratifs et opérateurs économiques qui ont eu à essuyer les foudres du Procureur anticorruption, Sombé Théra, dans la sulfureuse affaire de détournement au Fonds mondial du département de la Santé. Voilà maintenant que la sanction politique vient de tomber tel un couperet sur la tête du ministre de la Santé Oumar Ibrahima Touré : En effet, le président de la République n’a pas voulu amener son ministre de la Santé à New York où il devait faire un plaidoyer pour la reconstitution des ressources du Fonds mondial. Si désaveu il y a, c’en est assurément un. C’est dire également que le ministre de la Santé, après sa mauvaise gestion du dossier du Fonds mondial, a perdu toute confiance auprès des partenaires du Mali en charge de la gestion de la santé au niveau mondial. Outre le refus du président de la République d’amener dans son avion le ministre de la Santé, aucun autre cadre ou technicien dudit ministère n’a été sollicité pour faire partie de ce voyage si important pour la coopération en matière de santé et, spécifiquement, de lutte contre les trois pandémies les plus dévastatrices du monde.
Mission accomplie
L’invitation faite au président pour être le porte-parole des présidents africains à cette rencontre de refinancement du Fonds mondial est la preuve que les partenaires techniques et financiers du Mali ont eu des garanties fermes que ce qui s’est passé au niveau du ministère de la Santé ne se reproduira plus. Au cours de cette rencontre, qui s’est tenue à New York, les 5 et 6 octobre derniers, le message du président du Mali est bien passé et a été bien reçu si l’on s’en tient, en tout cas, aux promesses faites par les donateurs et qui se chiffrent à 11,7 milliards de dollars en faveur du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme pour la période allant de 2011 à 2013. Ces moyens, assure-t-on au niveau des Nations Unies, permettront d’appuyer davantage les efforts consentis par les différents pays pour atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement liés à la santé. En effet, il s’agit de la promesse financière la plus importante jamais faite pour la lutte menée collectivement contre ces trois pandémies à l’échelle internationale. Les chiffres avancés sont assez importants au regard des 9,7 milliards de dollars que le Fonds mondial avait obtenus en septembre 2007 à Berlin pour la période allant de 2008 à 2010.
D’où la satisfaction du Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, qui présidait la reconstitution des ressources du Fonds mondial. En effet, il a déclaré : " À l’heure où les gouvernements sont si nombreux à revoir leurs dépenses à la baisse, ces engagements leur envoient un message fort en montrant à quel point les dirigeants de la planète veulent véritablement agir dans le bon sens, même au-delà de leurs frontières. Les résultats obtenus prouvent qu’ils comprennent l’importance de la santé pour tous ".
Notre pays aura-t-il une part de ce pactole ? La réponse est, certainement, oui. Et cela grâce au président de la République qui a fait en sorte que notre pays regagne la confiance du Fonds mondial et des autres partenaires impliqués dans la lutte pour la santé à l’échelle planétaire. Tout danger est-il pour autant écarté ? Le Mali va-t-il maintenant pouvoir utiliser les ressources du Fonds mondial, destinées à la lutte contre la tuberculose et le paludisme au niveau du département de la Santé, qui sont gelés depuis début septembre 2010 ? Certainement, c’est au retour du président de la République qu’on pourra se faire une religion à ce niveau.
Pour l’instant, le ministère de la Santé attend toujours le rapport qui incrimine la gestion faite du Fonds mondial au niveau de ce département. Cela au moment où ledit rapport aurait déjà été transmis à la présidence de la République et au ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale. C’est dire que l’affaire tire vers sa fin. Une fin que nous espérons heureuse pour l’image du Mali auprès de la communauté internationale.
Mamadou FOFANA