Au Mali, l’Enquête démographique et de santé (EDS VI) estime à 45% le nombre de ménages ne disposant pas de latrines améliorées. Aussi, 31% de la population ne disposent pas d’endroit où se laver les mains. Pourtant, l’hygiène des mains sauve des vies et permet de réduire les dépenses de santé publique. L’adoption de cette pratique peut sauver des vies.
« Nous, on est rapide. On n’a pas le temps pour ces histoires de toubab », rétorque Mariam, mère de trois enfants, non alphabétisée, à la question de savoir si elle pratique au quotidien le lavage des mains au savon. La jeune femme reconnait que deux de ses enfants ont été récemment admis (moins de deux mois) dans un centre de santé suite à des diarrhées et fièvres. A l’instar de Mariam, elles sont nombreuses les mères à Bamako qui ne pratiquent toujours pas le lavage des mains au savon malgré la disponibilité de l’eau potable.
« C’est une erreur de penser qu’on n’a pas besoin de se laver les mains au savon », dénonce Mme Selly Ouane, Secrétaire administrative de la Coordination des associations et ONG féminines (CAFO), spécialiste des questions environnementales et d’assainissement. Avant, explique Mme Ouane, notre environnement était beaucoup plus propre. De nos jours, les substances chimiques notamment les pesticides, les herbicides et les engrais ont envahi toutes les contrées et sont dans l’air que nous respirons. « Il suffit de sortir et de revenir se laver les mains au savon, vous serez étonné du résultat », interpelle notre interlocutrice.
« Se laver les mains au savon, c’est la santé », assure Ouane. Voyez-vous, Bamako produit des milliers de litres de boues de vidange par jour qui sont déversés à l’air libre. Ces boues de vidange sèchent et finissent par être emportées par le vent qui les déposent sur nous et les aliments que nous consommons au quotidien. Dans ces conditions, la mère, modèle pour ses enfants, doit veiller à la santé de la famille et transmettre le message aux enfants.
Le rôle primordial des mères et des scolaires dans le lavage des mains au savon a été démontré par plusieurs études à l’échelle mondiale. « Ces études ont mis en évidence que le lavage des mains au savon chez les mères et les scolaires contribue à la réduction de l’incidence des maladies diarrhéiques de plus de 45 % », a indiqué Issaka Sangaré, chargé de communication et des campagnes à WaterAid Mali. Le lavage des mains, ajoute-t-il, contribue à réduire de 25 à 50% le risque de contracter une maladie respiratoire ou intestinale.
Lavage des mains… un droit humain ?
Dans le monde, l’OMS estime à 2,3 milliards le nombre de personnes n’ayant pas d’installation avec de l’eau et du savon pour se laver les mains à la maison. Environ, un demi-million de personnes meurent chaque année de diarrhées ou d’infections respiratoires aiguës qui auraient pu être évitées avec une bonne hygiène des mains. Des chiffres qui interpellent les décideurs.
A la Coalition nationale – Campagne internationale pour l’Eau potable et l’Assainissement (CN-CIEPA), on estime que le vrai défi lié au lavage des mains est l’accès à l’eau potable et à l’assainissement. La CN-CIEPA appelle à l’inscription du droit d’accès à l’eau potable et à l’assainissement dans la constitution en cours d’adoption au Mali. « C’est à tout à fait logique, souligne Dounatié Dao, président de la coalition, puisque le Mali a souscrit à la Résolution 64/292 (2010) de l’ONU qui reconnaît « le droit à l’eau potable et à l’assainissement comme un droit de l’homme essentiel à la pleine jouissance de la vie ».
« Unis pour une hygiène universelle des mains ». C’est le thème de l’édition 2022 de la Journée mondiale du lavage des mains célébrée le 15 octobre de chaque année. Ce thème, selon Issaka Sangaré, appelle les gouvernements, les institutions, les bailleurs de fonds, les entreprises à « agir ensemble afin d’atteindre l’objectif de l’hygiène des mains pour tous d’ici à 2030 ». « Le lavage des mains au savon est un geste simple et efficace qui sauve des vies », a-t-il conclu.
Mamadou TOGOLA/maliweb.net