Sous la présidence du gouverneur de région de Koulikoro, il a été procédé, hier dans la ville de Kolokani, au lancement du projet qui ambitionne de débarrasser la route nationale N°03 (qui traverse le cercle sur une distance de 200 kilomètres) du VIH/SIDA. Il cherche à briser ladite voie nationale de toute chaîne de transmission du VIH/SIDA. C’est l’ONG, ADERA qui été choisie par l’Ordonnateur national du FED ( le Ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale) et la Délégation de l’Union européenne (UE), suite à un appel d’offre, pour l’exécution de ce projet qui s’étendra sur un peu plus de deux ans.
Prenant le premier la parole lors de la cérémonie de lancement, le Maire de Kolokani a affirmé qu’ils sont prêts à lutter à visage découvert contre le VIH/SIDA. Cette question, selon lui, sort de l’ombre, et que les actions en cours sont partiellement limitées à quelques agglomérations. Avec le projet, a-t-il dit, il y aura une approche biomédicale et comportementale. Le Maire trouve que la route nationale N°03 soumet Kolokani à un risque accru de propagation du VIH/SIDA et admet qu’avec le projet Vers un axe routier sans SIDA de l’ONG ADERA, l’espoir demeure de protéger Kolokani contre la pandémie du siècle.
Le Directeur de l’Organisation Non Gouvernementale ADERA, M. Baby a affirmé que le projet est basé sur la prévention et la lutte contre le VIH/SIDA. Il a précisé que sa sructure à une expérience de 13 ans dans la mise en œuvre des projets de santé. Il a averti que si des mesures ne sont pas prises, qu’en 2010 il y aura 06% de la population atteints de VIH/SIDA soit plus de 500.000 personnes qui vont occuper le quart des lits des hôpitaux du Mali. Il a rappelé que plus de 70% du trafic routier passe par la nationale N°03.
“Ce qui expose les populations” a laissé entendre M. Baby avant de lancer un appel pour l’implication des leaders traditionnels et locaux et des tradipraticiens dans la lutte contre la pandémie SIDA. Une lutte qui prendra en compte la distribution des préservatifs et la prise en charge des personnes vivant avec le VIH/SIDA. Les actions porteront aussi sur l’élimination de la stigmatisation à l’égard des malades par une stratégie efficace de communication. Enfin, il a pris l’engagement de réaliser tous les objectifs fixés par le projet Vers un axe routier sans SIDA.
Le Représentant de l’Ordonnateur national du fonds FED a loué le dynamisme de la société civile malienne tout en affirmant que quatre organisations non gouvernementales, y compris l’ONG ADERA, ont été sélectionnées pour l’exécution du projet Axe routier sans SIDA pour une enveloppe globale de 1,56 milliard de Fcfa. Il a salué l’ONG ADERA pour avoir initié des approches de communication novatrices dans le cadre de la lutte contre le VIH/SIDA.
La Représentante de la Délégation de la Commission de l’Union Européenne a noté que le présent projet entre dans le domaine de l’atteinte des objectifs du millénaire concernant le SIDA. Elle a rappelé que la construction d’un axe routier contribue au développement économique du pays, mais aussi à la multiplication des accidents et à la propagation du VIH/SIDA. Elle a plaidé pour la distribution des préservatifs et l’information des populations sur les modes de transmission du VIH/SIDA et le changement de comportement. Elle a, enfin, souligné que la mise en œuvre du projet ADERA est le résultat de la coopération entre le Mali et l’Union Européenne.
Le Médecin chef du cercle de Kolokani a affirmé, de son côté, que si rien n’est fait, le SIDA fera des dégâts au niveau local. Il a, néanmoins, souligné que l’initiative de l’ONG ADERA apportera une solution adéquate au problème sanitaire lié à la modernisation de la route nationale N°03 qui traverse Kolokani sur plus de 200 kilomètres. Il a fait part de la disponibilité de son centre de santé de référence pour la mise en œuvre du projet.
Le Secrétaire Exécutif du Haut Conseil de Lutte Contre le VIH/SIDA, Malick Sène a réaffirmé que le SIDA est une réalité au Mali, tout en ajoutant que 40 millions de gens ont attrapé la maladie dans le monde depuis les années 80. Malheureusement, 70% de ces quarante millions de sidéens sont en Afrique. Il trouve qu’il y a des pays où 40% de la population sont porteurs du virus du SIDA.
Le Mali ne fait pas partie de ces pas puis que son taux de prévalence du VIH/SIDA était de 1,7% en 2001. Ce chiffre a été ramené en 2006 à 1,3% soit une baisse de 0,4% en cinq ans. Malick Sène a affirmé que cela ne doit pas nous faire perdre de vue que 170.000 Maliens sont touchés par la maladie et que tous les jours 40 personnes attrapent le virus du SIDA dans notre pays. Il trouve que la lutte contre le SIDA se fera désormais à travers un programme multi-sectoriel et que tous le Ministères ont fait leur plan de lutte contre le VIH/SIDA y compris la présidence et la primature. Selon lui, les médicaments iront aux malades et non le contraire. Il a estimé que les populations à risque sont essentiellement les jeunes et les femmes qui sont les deux couches de la société les plus touchées. Malick Sène a attiré l’attention de l’assistance sur les centres de production minière où le SIDA fait des ravages. Il a précisé que la gratuité du traitement touche au Mali 50% des malades du VIH/SIDA alors que les recommandations des Nations unies portent sur 25% seulement.
Cet effort du Mali lui a permis d’obtenir la note A qui est considérée comme la meilleure note. Rappelons que la notation va A à B1, B2 et C. Le Mali et le Maroc sont les seuls pays qui ont obtenu la note A. Dans un proche délai les pays engagés dans la lutte contre le VIH/SIDA feront le déplacement du Mali pour s’enquérir de notre expérience dans la prise en charge gratuite des personnes infectées par le VIH. Le Secrétaire exécutif du Haut Conseil de Lutte contre le SIDA a promis que dans deux ans le Mali sera en mesure de prendre à 100% tous les malades du SIDA. Autrement dit, toutes les 703 communes du Mali seront protégées contre le VIH/SIDA.
Dans son discours d’ouverture, le Gouverneur de Koulikoro, Mamadou Issa Tapo a affirmé que l’Union Européenne a pris en charge les soucis de la population en matière de santé. Il a noté que la prévalence du SIDA dans la deuxième région est de 1,9%. Il a fondé un grand espoir sur le projet de l’ONG ADERA qui, selon lui s’étendra sur 26 mois et touchera toutes les dix communes du cercle de Kolokani.
La cérémonie de lancement est suivie par un atelier qui a enregistré la participation de bon nombre de cadres des communes concernées par le projet.
Ibrahima Labass Kéïta
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