La reconstruction du système de santé est en marche

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Il y a un an, quasiment jour pour jour, la France intervenait au Mali dans le cadre de l’opération Serval, répondant ainsi à l’appel à l’aide du pays. Un an plus tard, le nouveau président élu Ibrahim Boubacar Keïta a souhaité placer 2014 sous le signe de la reconstruction. “C’est le temps de la normalisation, le temps du rétablissement d’un Mali fort et stable” a-t-il souligné dans ses vœux à la Nation. “Le logement, la santé, l’école, les routes, l’eau, l’électricité, l’hygiène (…) sont autant de chantiers prioritaires.

 

Dans ce travail, l’organisation que je dirige, GAVI, l’Alliance mondiale pour la vaccination et l’immunisation, soutient pleinement la République du Mali ainsi que ses partenaires sur le terrain comme l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et l’UNICEF. Malgré une situation humanitaire et sécuritaire difficile, il s’agit de tout mettre en œuvre pour aider le Mali à renforcer son système de santé, pierre angulaire du développement de ce pays.

 

 

 

Preuve en est, l’introduction cette semaine, dans le programme de vaccination national du Mali, du vaccin contre le rotavirus, l’une des principales causes de diarrhée sévère. Il va permettre de protéger des milliers d’enfants maliens contre cette maladie qui est l’une des premières causes de mortalité infantile. Le rotavirus tue ainsi dans le pays chaque année plus de 7200 enfants de moins de cinq ans et environ un tiers de toutes les hospitalisations dues à une maladie diarrhéique chez les moins de cinq ans est causé par le rotavirus. Ce vaccin va permettre d’éviter une importante part de ces décès d’autant plus scandaleux que nous avons les moyens de les éviter.

Au-delà de ce coût humain inadmissible, il devrait également permettre aux familles de s’éviter des dépenses coûteuses. Selon une étude récente (GEMS, Etude multicentrique mondiale des germes entériques, Université du Maryland), la diarrhée représente un fardeau important sur la santé publique malienne et pèse lourdement sur l’économie des ménages. Un épisode diarrhéique coûte en moyenne un peu plus de 3 euros en termes de frais médicaux, médicaments, transport etc… Dans un cas sur dix, selon la même étude, ce coût est multiplié par trois en raison de la gravité de la maladie. Dans le même temps, plus de la moitié de la population vit avec moins de 1 euro par jour. Soutenir le Mali est donc crucial pour les enfants et les familles de ce pays.

 

 

 

 

Outre l’appui au Mali à l’achat de vaccins, achat auquel contribue d’ailleurs de manière régulière le budget national du pays afin d’inscrire ces interventions de santé dans la durée, GAVI apporte un soutien logistique, en formation des personnels de santé. Par ailleurs, la vaccination est souvent l’épine dorsale des systèmes de santé car associée à d’autres interventions de santé primaire fondamentales. Avec nos partenaires de l’OMS, de l’UNICEF, il s’agit donc d’améliorer l’accès aux soins et réduire la mortalité des populations à travers le renforcement des structures de santé et de l’appui technique aux équipes et administrations locales.

 

 

 

Les efforts du Mali doivent être reconnus ici car malgré la crise qui a secoué le pays, le gouvernement a toujours maintenu les activités de vaccination contre les maladies infantiles par le biais de campagnes. Le taux de couverture vaccinale est passé de moins de 50% en 2001 à 72% en 2012. Il faut s’attendre à un léger recul en 2013 en raison de la difficulté d’accès aux district du Nord par les équipes de santé. Mais avec nos partenaires, nous sommes optimistes car la volonté politique est ici forte.

Aujourd’hui, le Mali devient donc le 20e pays éligible au soutien de GAVI à introduire le vaccin antirotavirus dans son programme national de vaccination. Le vaccin sera tout d’abord disponible dans les structures de santé publique de Bamako, puis dès l’année prochaine dans les capitales régionales, et enfin en 2016 dans les zones rurales. Dans un premier temps, plus de 100 000 enfants seront vaccinés pour couvrir plus de 650.000 enfants dans la phase finale. C’est un moment important pour la communauté internationale puisqu’avec ces vaccins, la reconstruction du système de santé est en marche.

 

 

 

Une reconstruction à laquelle participe activement la France puisque Paris est le 4e donateur souverain de GAVI et contribue à hauteur de près de 6% du budget de l’organisation. Alors que les députés s’apprêtent à examiner pour la première fois, dans quelques jours, le projet de loi d’orientation et de programmation relative à la politique de développement et de solidarité internationale, cette introduction de vaccin au Mali a valeur de symbole. Cette loi réaffirmera en effet la priorité donnée par l’aide française à l’Afrique subsaharienne, à la santé et fixera pour la première fois un certain nombre d’indicateurs de résultats destinés à évaluer l’impact de l’aide. En la matière, la vaccination est un modèle puisqu’il s’agit d’une intervention quantifiable avec un impact social tangible et mesurable.

Depuis que GAVI a été créée en 2000, l’organisation a ainsi contribué à vacciner 440 millions d’enfant dans les pays les plus pauvres de la planète et à prévenir 6 millions de décès potentiels. Les Français peuvent être fiers de cette contribution majeure en faveur de l’équité et de la santé des enfants les plus pauvres dans le monde.

I YATTARA

 

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