Être enceinte dans notre société est signe de joie. Si apprendre qu’on attend des jumeaux ou triplés ou encore plus est source de ferveur et d’affection pour la perception qu’on a de la gémellité ou de la grossesse multiple en Afrique, sachons aussi, qu’une telle grossesse est source de questionnement pour la femme et son époux.
Si l’avènement d’enfants jumeaux est perçu comme une bénédiction dans la famille africaine ou interprété comme le résultat de l’intervention des dieux, avec un accueil différent d’une ethnie à une autre, il faut savoir qu’il s’agit d’une grossesse à risque et il faut un suivi minutieux dans une telle aventure pour que tout se passe bien pour les bébés et leur mère !
Une grossesse multiple ou pluri-fœtale est le développement de plusieurs fœtus en même temps dans la cavité utérine. Un ovule fécondé par un spermatozoïde et qui se divise par la suite en parties distinctes et égales. Les nouveau-nés issus d’une grossesse multiple seront jumeaux, triplés, quadruplets etc.
La grossesse gémellaire est la plus fréquente et la plus difficile des grossesses multiples. C’est le développement simultané de deux fœtus dans la cavité utérine.
Les complications obstétricales, les morbidités et mortalités maternelles et périnatales sont plus élevées dans les grossesses gémellaires.
Les naissances multiples sont variées : il peut s’agir de bébés identiques, qu’on appelle habituellement de vrais jumeaux ou des faux jumeaux, c’est-à-dire qu’ils ne se ressemblent pas.
Pour le cas des vrais jumeaux, c’est un seul ovule qui s’est après la fécondation divisé en deux embryons, possédant les mêmes gènes, qui peuvent ou non partager le même placenta.
Lorsqu’on parle de faux jumeaux, il s’agit de deux ovules fécondés par deux spermatozoïdes différents. Les deux embryons se développent différemment, chacun a son bagage génétique.
Dans le langage scientifique, on parle d’œuf homozygote si les fœtus issus d’une telle grossesse ont le même patrimoine héréditaire ou d’œuf dizygote si les patrimoines héréditaires sont différents en fonction de l’origine des embryons.
C’est le même processus lorsqu’il s’agit de triplés, quadruplés etc. Les nouveau-nés peuvent se ressembler deux deux, trois trois ou pas du tout.
Les grossesses multiples peuvent s’expliquer par l’âge de la maternité. La fréquence des grossesses multiples augmente avec l’âge de la mère. Les traitements de fertilité peuvent aussi expliquer ces grossesses. En cas de fécondation in vitro, on peut transférer plusieurs embryons dans la cavité utérine et cela donnera des faux jumeaux le plus souvent.
Il y a également des facteurs comme l’hérédité, la race, la parité (plus fréquente chez les multipares que les primipares), les facteurs sexuels, les facteurs hormonaux, nutritionnels, géographiques, les saisons…
Quels risques ?
Les grossesses multiples sont considérées comme des grossesses à risque. Il y a des risques pour la mère et des risques pour les bébés.
La mère court le risque d’anémie, le volume de sang supplémentaire est plus grand que pour une grossesse normale. La mère est à risque de faire une hypertension artérielle ou une pré-éclampsie pendant la grossesse. Une grande quantité du liquide amniotique peut se former et causer des problèmes rénaux. La mère est prédisposée à un diabète. Les organes et les poumons de la mère sont plus compressés, parce que les bébés prennent beaucoup de place.
Pour les bébés, il y a un problème de place qui se pose. Ce qui peut provoquer un accouchement prématuré. La moitié des bébés jumeaux viennent au monde avant la 36e semaine et la moitié des triplés avant la 32e semaine.
La prématurité vient en tête des complications dans la grossesse gémellaire, donnant lieu à penser au cerclage cervical comme moyen de prévention de la prématurité. Les fœtus peuvent ne pas grandir adéquatement ou il peut y avoir un problème avec le placenta.
Les bébés sont susceptibles de souffrir d’une anomalie congénitale. Certains jumeaux peuvent développer le syndrome transfuseur- transfusé, c’est-à-dire lorsqu’un bébé reçoit plus de sang que l’autre, la croissance de l’un des bébés peut être ralentie.
Il y a aussi les bébés accolés, le syndrome du jumeau évanescent défini comme la disparition ultérieure d’un ou de plusieurs fœtus dans les grossesses multiples. Ce syndrome est diagnostiqué dès le début de la grossesse au moyen d’une échographie.
Le suivi d’une grossesse multiple est beaucoup plus minutieux. L’accouchement gémellaire et multiple présente aussi des risques élevés. Les voies de l’accouchement et les manœuvres qui s’y font pour l’expulsion des fœtus ne sont pas sans risques.
La particularité qu’on rencontre souvent dans la gémellité est l’existence des monstres doubles, c’est-à-dire que les jumeaux sont imparfaitement séparés, parce que la division s’est faite tardivement. Ils sont soudés. Les frères siamois sont l’exemple que beaucoup connaissent.
Les femmes qui portent des grossesses multiples ont généralement un utérus plus large. La confirmation d’une grossesse multiple est faite lors d’une échographie. Les visites sont plus rapprochées pendant la 2e partie de la grossesse. Ce, dans le but de prévenir un accouchement prématuré et de détecter précocement les complications qui pourraient entraver la santé de la mère et des bébés.
Au moment de l’accouchement, le choix de l’hôpital tient compte de plusieurs facteurs : l’âge de la grossesse, les complications qui se présentent… Habituellement c’est l’hôpital de référence chirurgicale qui est recommandé.
La césarienne est l’option la plus courante, mais l’accouchement par voie basse est aussi possible lorsqu’il s’agit de jumeaux. Pour les triplés ou quadruplets, c’est la césarienne qui est conseillée.
Conseils
Les femmes qui portent des grossesses multiples doivent savoir que le repos est crucial ; elles doivent faire plus attention pour éviter le stress ; elles doivent se préparer psychologiquement en mettant en avant les avantages qu’il y a à avoir des jumeaux ; elles doivent être suivies par des spécialistes. Elles peuvent se rassurer auprès d’autres mamans qui ont déjà vécu l’épreuve ; elles doivent bien préparer leur accouchement en se mettant dans la tête qu’elles peuvent bien accoucher à l’avance.
Pr. Charlemagne Ouédraogo/Gynécologue Obstétricien