L’IBG, bientôt, devant les Tribunaux pour empoisonnement

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L’analyse du vin en sachet (le Vigneron), effectuée par un Laboratoire français, sur mandat du Laboratoire National de la Santé a permis, de mettre le doigt sur l’origine des pathologies, détectées chez la plupart des patients, accueillis au Centre psychiatrique du Point G : la présence du méthanol, un produit toxique, dans ce vin…

Tout a débuté en 2001 lorsque, IBG (Industrie des Boissons et de Glace) qui est, depuis 15 ans, le distributeur exclusif du vin au Mali, met sur le marché le vin en sachet : le Vigneron. Quelques mois, après son lancement, à grands renforts de publicité, les autorités sanitaires du District se rendent compte que « tout nouveau n’est pas toujours tout beau ». Les hôpitaux ne désemplissent plus, les centres de santé des villages, non plus. Une véritable hécatombe ! Les victimes souffrent des mêmes pathologies : complications gastro-intestinales, vomissements avec ou sans sang, dépressions, cirrhose du foie, neurasthénie, encéphalopathie toxique…

 Du coup, le Ministère de l’Industrie et du commerce interdit la commercialisation de ce produit. Quatre ans après, en juin 2005, le Laboratoire National de la Santé exige une analyse plus poussée, des échantillons de ce vin en sachet, dans le Laboratoire Inter-régional de la Répression des Fraudes, de Bordeaux, en France. Le résultat : ce vin vendu, en sachet, contient bien de l’éthanol. Pire, la migration du plastique dans le vin est de 1,3 mg. Plus grave encore : la présence de l’alcool méthylique. Selon un technicien du Laboratoire National de la Santé, ce produit est formellement interdit dans l’alimentation. Et un ouvrier de l’IBG, d’ajouter : « Le vin de l’IBG, est brassé avec cet alcool, pour le rendre plus tonique. Et il nous est fourni par l’usine de sucre de Séribala ».

En plus de ce vin incriminé, le Labo français atteste que les liqueurs en sachet (whisky, gin, pastis et Rhum), brassés par l’IBG, contiennent aussi de l’éthanol. Malgré la fiabilité de ces analyses, IBG persiste et signe. Pire, les techniciens du Laboratoire national de la Santé précisent que depuis 2004, ce vin en sachet n’est pas soumis au contrôle.

En réalité, la réglementation est muette par rapport à la dose d’alcool méthylique, admise dans la fabrication des boissons alcooliques. Elle ne fixe aucune norme. Mieux, les textes élaborés à cet effet, dorment, depuis 2004 dans les tiroirs. Ce qui contraint le laboratoire National de la Santé à se cantonner dans son rôle technique : analyser les échantillons et remettre les résultats à qui de droit. Pourtant, ce vin, bien qu’interdit à la consommation, semble bénéficier de l’aval des têtes couronnées du Ministère de l’Industrie et du Commerce. Conséquences : des victimes à la pelle.

Témoignages bouleversants

Sidi Doumbia, un consommateur de ce vin en sachet que nous avons rencontré, souffre de neuropathie. Sa sœur nous confie entre deux sanglots : « Quand Sidi nous a dit que c’est le vin, qui est à l’origine de son mal, personne ne l’a cru. Mais quand le médecin nous a dit que ce n’est pas à exclure, surtout lorsqu’il contient de l’éthanol, nous avons commencé à le croire… ». Amaigri, le regard vide, notre malade, un quadragénaire, est couché à même le sol, dans une chambre. Il a de la peine à s’asseoir. Une véritable loque humaine. « Pendant ses moments de crises, il devient méconnaissable. Pire, il invoque l’arrivée des fantômes, en frappant sa tête contre le sol », nous confie son frère.

Interrogé sur la nature et l’origine de son mal, Sidi répond, entre deux hoquets : « Comme la plupart de mes amis, je prends mon vin comme d’habitude. Mon choix s’est porté sur le vin en sachet. Parce que c’est moins cher : 200 F CFA. Ensuite, parce que ce vin est brassé par l’IBG. Mais je précise que je ne me suis jamais soûlé la gueule. Car, je crains la réaction de ma famille. Mais un an après, ma langue a commencé à me picoter et ma bouche est envahie par des boutons. Je mangeais avec peine. Pire, je ne ressentais plus le goût des aliments comme avant. Peu après, ce sont des courbatures, des maux de têtes violents, des pertes de cheveux, des crises… », dit-il avant de poursuivre : « Selon le neurologue de l’hôpital du Point G, qui m’a consulté, je souffre de neuropathie C’est elle qui est à l’origine de mes crises ».

Le père de Sidi ne décolère pas. Il fustige le laxisme des autorités. Surtout celle du Ministère de l’Industrie et du Commerce, à travers la Direction Nationale du Commerce et de la Concurrence : « Est-ce parce que ces industriels donnent des pots-de vin qu’on les laisse empoisonner nos enfants ? », s’interroge-t-il.

IBG, bientôt devant les tribunaux

Selon un célèbre neurologue du Point G, d’autres patients, en traitement à la psychiatrie, souffrent des mêmes maux : encéphalopathie toxique, neurasthénie, etc.

A ces maux, s’ajoutent d’autres, pathologies, relevant de la médecine générale. Entre autres, la cirrhose du foie, la destruction de la flore de l’estomac et de la faune des intestins… Mais selon Balla Coulibaly, chef du personnel de l’IBG, le vin en sachet, commercialisé par l’IBG est de bonne qualité. « Jusqu’à présent, aucun reproche n’a été fait à ce produit. Ce qui nous rassure, davantage, sur sa qualité », nous a-t-il confié ».

En attendant, la famille de la victime envisage de porter plainte devant les tribunaux. Afin, dit-elle, que l’IBG paie pour tout le mal qu’elle a fait à leurs frères. « IBG ne peut s’en tirer comme ça, après avoir brisé la vie de notre frère » ? avertit-elle. Avant de conclure : « Nul ne peut impunément attenter à la vie d’autrui ».

Jean-Pierre James

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