Faut-il risquer sa vie en optant pour l’avortement provoqué ou s’abstenir en s’exposant à la réprimande de la société? Tel est le dilemme devant lequel nombre de femmes en grossesse non désirée, ou socialement non acceptée, ne résistent pas, toujours en basculant dans la solution extrême.
Se conformer aux normes sociales ou échapper aux sanctions sociales? L’équation pousse encore des milliers de femmes, parfois avec l’accord tacite, sinon l’encouragement de leur entourage, à cet “ultime recours” qui s’appelle l’avortement provoqué.
En effet, parmi les femmes qui avaient contracté une grossesse non désirée, plus de 7 sur 10 en consultation gynécologique, et 4 sur 10 en consultation de planification familiale, avaient finalement opté pour l’avortement provoqué comme solution à leurs problèmes.
Mais au-delà se cache un fait révélateur: le sentiment de “soulagement” et de “libération” reste partagé par 74% des femmes ayant connu au moins un avortement dans leur vie.
Un nombre restreint d’entre elles -30%- estiment que “l’avortement est une pratique à éviter”. Et seulement 24,5% éprouvent des remords, voire des regrets après l’avoir tenté. Or les dégats causés par la pratique de l’avortement provoqué sont inestimables à tous les points de vue.
A titre d’exemple, une femme qui a connu l’avortement provoqué court 4 fois le risque de perdre son futur enfant que celle qui ne l’a pas pratiqué. Ce qui pose la réalité du problème de l’infécondité dont les femmes souffrent de plus en plus au Mali.
S’y ajoute le fait que la charge des complications consécutives à l’avortement -hémorragie, fièvre, troubles d’hypertension, perforations utérines, tétanos…- repose entièrement sur les établissements hospitaliers déjà débordés par une demande croissante.
Le temps de rétablissement passé dans des hôpitaux -généralement dépourvus d’équipements adéquats- pose un autre problème de taille : celui du poids économique de l’avortement sur les patients eux-mêmes et sur les budgets dérisoires des hôpitaux de Bamako.
Pendant ce temps, l’environnement légal et social n’offre pas une grande visibilité par rapport à la prise en charge de cette pratique. Les textes règlementaires demeurent encore inadaptés et restrictifs. Alors que les établissements hospitaliers publics et le personnel paramédical sont impliqués, d’une certaine manière, dans la prise en charge de l’avortement provoqué.
Quant à la société, elle affiche une attitude mitigée et difficile à cerner. Toutes choses qui témoignent de la persistance de la pratique de l’avortement provoqué à Bamako.
Bakoroba COULIBALY
“