Kayes-lutte contre le Covid-19 ; Le syndicat du personnel de l’hôpital Fousseyni Daou décrie les conditions de travail

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Au moment où le monde entier est mobilisé dans la lutte contre le coronavirus, « l’hôpital régional Fousseyni Daou de Kayes est abandonné par les autorités », selon le syndicat du personnel dudit hôpital.

Parmi les premiers hôpitaux du Mali à avoir enregistré des cas de Covid-19, l’hôpital de référence de la région « n’a rien reçu comme apport des plus hautes autorités de notre pays », affirme Gueladio Traoré, secrétaire général du syndicat de la santé de l’hôpital.

Le syndicaliste a fait cette révélation au cours d’une interview accordée au correspondant de VOA à Kayes. Cette sortie médiatique a permis aux populations de Kayes de comprendre les problèmes que rencontre le personnel dans le traitement de cette maladie, qui a mis le monde en ébullition, et ce, malgré les promesses faites par les autorités du pays.

« Manque de formation, de matériel, de médicaments, la lenteur des résultats des prélèvements et manque de combinaisons » sont entre autres les problèmes décriés par le syndicat de l’hôpital.

Selon M. Traoré, « plus de 40 jours après les premières prises en charge des malades, ce n’est que le jeudi 23 avril que la formation des agents a débuté. Les 2 respirateurs dont nous disposons viennent d’être installés. Pour le moment, aucun de ces appareils n’a été testé pour voir son état de fonctionnement » a révélé M. Traoré.

Poursuivant ses déclarations, Gueladjo Traoré affirme qu’à la date d’aujourd’hui, aucun matériel n’est venu de Bamako encore moins des médicaments. Il ajoute : << depuis le début de cette crise, toutes les dépenses qui ont été faites l’ont été aux frais de l’hôpital. Nous ne savons même pas comment nous allons payer les contractuels de l’hôpital en fin de ce mois. »

À en croire le syndicaliste, les prélèvements sont envoyés à Bamako et cela peut prendre 2 jours avant d’arriver à destination et 4 à 5 jours pour les résultats.

Les promesses, de la poudre aux yeux ?

Dès la déclaration des premiers cas de Covid-19, le gouvernement du Mali, en plus d’autres mesures, avait annoncé la mise en place d’un Fonds de plus de 6 milliards de francs CFA pour lutter contre le coronavirus. Mais les travailleurs disent n’avoir rien reçu à ce jour.

« Le directeur dit n’avoir rien reçu. Les autorités régionales nous ont dit la même chose. Alors, s’il y a eu de l’argent pour Kayes, nous n’avons rien reçu à la date du 23 avril 2020. Le stock de combinaisons est presque fini, ce qui veut dire qu’après ce stock, nous serons obligés d’arrêter les visites si nous n’avons pas d’autres moyens. »

Dans l’une de ses sorties médiatiques, le directeur de l’hôpital avait pourtant rassuré l’opinion publique en annonçant que les patients sont pris en charge par l’Etat et qu’ils ne manquaient de rien.

Contacté, le directeur de l’hôpital, Dr. Toumani Conaré, reconnaît les difficultés. Mais il met en cause certains points du syndicat qui, selon lui, restent à vérifier. « Pas de polémique, en tant que responsable, nous faisons tout pour venir à bout de cette pandémie, et cela, avec le concours de tous. La compréhension de tous les acteurs est impérative pour ne pas nous compliquer davantage la tâche qui est déjà difficile », a, pour sa part, déclaré le directeur de l’hôpital Fousseyni Daou.

Ces contradictions entre les syndicalistes et leur direction font surgir des tensions qui existaient entre les deux parties sur des revendications sociales des travailleurs de l’hôpital. En attendant, les plus hautes autorités doivent se pencher rapidement sur les différents problèmes signalés à l’hôpital Fousseyni Daou pour le bonheur des populations de la région de Kayes.

Le manque de communication des autorités de la région sur cette maladie, qui menace depuis décembre 2019 le monde entier, soulève des interrogations et des indignations au sein de la population terrorisée par le nombre de cas positifs dans notre pays.

À la date du 26 avril 2020, le nombre de malades du Covid-19 au Mali, selon les chiffres des services du ministère de la Santé et des Affaires sociales, était de 389, 23 décès dont 10 survenus en dehors des centres de prise en charge et 112 guérisons.

L’heure n’est donc plus aux polémiques, mais à la résolution rapide des difficultés dans nos hôpitaux pour faire face à cette maladie contagieuse et mortifère, si le patient n’est pas vite pris en charge.

Sinsin Salomon Tienou

Depuis Kayes

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