La grève illimitée des syndicats de la Santé et de l’action sociale semble être le cadre tout trouvé pour les différentes centrales pour sceller une union afin de former un seul front, celui des travailleurs face au Gouvernement. Soixante-douze heures après leur ultimatum au gouvernement, la grève qui a duré 38 jours a connu une issue heureuse. C’est fort de ce constat qu’elles sont certainement arrivées à la conclusion que seule l’union fait la force. Les différentes centrales Syndicales envisagent de mener le même combat. Elles seraient désormais dans des bonnes dispositions pour élaborer un cahier de doléances qu’elles soumettraient au gouvernement. Pourquoi ce brusque changement de tempo, alors qu’elles avaient adopté pendant longtemps l’indifférence, voire le mépris vis-à-vis des travailleurs ? Cette unité proclamée tiendra-t-elle longtemps face à l’Etat ?
Les discours de tous les secrétaires généraux des différentes centrales syndicales des travailleurs avaient le même fond sonore, à savoir l’amélioration des conditions de vie des travailleurs et le respect des engagements pris par l’Etat. Face à ce qu’ils ont convenu d’appeler la fuite en avant de l’Etat, les centrales ont jugé opportun de conjuguer leurs efforts pour présenter au Gouvernement un seul cahier de doléances contenant les revendications de l’ensemble des travailleurs du Mali. De Yacouba Katilé de la plus grande centrale syndicale, l’UNTM, à Amadoun Amion Guindo de la CSTM en passant par Mme Sidibé Dédéou Traoré de la CDTM, tous semblent arriver aux mêmes constats. Il s’agit de l’insécurité, de la faiblesse du pouvoir d’achat des travailleurs, du chômage, de la précarité des emplois et du mauvais traitement infligé à certains leaders syndicaux. Yacouba Katilé de l’UNTM a ouvert les hostilités dans son discours du 1er Mai en demandant au gouvernement d’oublier le passé et de revaloriser les salaires des fonctionnaires maliens. Cela afin que le Mali puisse sortir de la liste des pays de l’UEMOA et de la CEDEAO qui ont les plus bas salaires. Quant à Amadoun Amion Guindo et à Mme Sidibé Dédéou Traoré, ils ont abondé dans le même sens. Ils se sont même indignés de ce qu’ils qualifient d’attitude indifférente du Gouvernement face au cri d’alarme de certains travailleurs et surtout des mutations arbitraires en violation des textes qui régissent le syndicalisme au Mali.
En définitive, les festivités du 1er Mai 2017 semblent avoir été pour les responsables syndicaux une occasion de faire une introspection pour aboutir à une prise de conscience. Vont-ils enfin lier l’acte à la parole ? Wait and see.
Youssouf Sissoko