En prélude à la 14e Journée internationale de la sage-femme au Mali, l’association des sages-femmes du Mali a organisé, à l’Hôtel Radissson Blue, une conférence de presse sur le thème " rôle de la sage-femme dans la prévention de la fistule obstétricale". Chaque année, le Mali enregistre plus de 6 000 cas de fistule obstétricale
La mortalité maternelle et néonatale constitue une préoccupation majeure dans les pays en développement. On estime que chaque minute, une femme meurt des complications de la grossesse et de l’accouchement. Au Mali, le taux de mortalité maternelle est de 464 pour 100.000 naissances vivantes et celui de la mortalité néonatale est de 46 pour 1000 naissances vivantes, selon les données de la dernière "Enquête démographique et de Santé (EDSM-IV).
Pour chaque décès maternel, le plus souvent évitable, 20 à 30 femmes survivent avec des séquelles dont l’une des plus graves est la fistule obstétricale, selon les chiffres de la Direction nationale de la Santé. C’est pour diminuer de moitié ce drame que certaines femmes vivent, que le ministère de la Santé a choisi comme thème le rôle de la sage-femme dans la prévention de la fistule obstétricale. La Journée internationale de la sage-femme au Mali sera célébrée les 7 et 8 mai 2011 au Centre International de Conférences de Bamako. L’ouverture des travaux de ces journées sera placée sous la haute présidence de Madame Touré Lobbo Traoré, Présidente de la Fondation pour l’Enfance, Présidente d’honneur de l’Association des sages-femmes du Mali. En prélude à cette Journée, l’Association des sages-femmes du Mali a organisé un point de presse le jeudi 5 mai à l’hôtel Radisson Blue.
La conférence était animée par le Pr Kalilou Ouattara, expert dans la prise en charge de la fistule obstétricale au Mali, la Présidente de l’Association des sages-femmes du Mali, Mme Dicko Fatoumata Maïga, le Pr Amadou Dolo, le gynéco-obstétricien point focal Vision 2020, du Directeur Intrahealth, Cheik Oumar Touré, et la représentante de la Direction nationale de la Santé, Dr Bintou Tine Traoré.
Selon la présidente de l’Association des sages-femmes du Mali, Mme Dicko Fatoumata Maïga, l’organisation de ces journées vise à faire un plaidoyer auprès des sages-femmes pour une meilleure implication dans la prévention de la fistule obstétricale, élaborer un plan d’action de sensibilisation des sages-femmes sur la prévention de la fistule obstétricale et partager le document sur les Renseignements pour les Pratiques Cliniques, entre autres.
Parlant du thème de la Journée, le Pr. Kalilou Ouattara, urologue au CHU Point-G, a défini la fistule comme une perforation de la paroi vaginale qui communique avec la vessie ou le rectum à la suite d’un travail d’accouchement long et difficile. Ainsi, elle se manifeste par une perte d’urine et parfois de matières fécales par le vagin engendrant une souffrance physique, morale, psychologique et sociale.
Le Pr. Ouattara qualifie de dramatique la fistule chez les femmes atteintes de cette pathologie. Car la plupart des malades ont un âge compris entre 12et 15 ans. " Le plus souvent le phénomène est dû au mariage précoce ou à l’excision " a-t-il indiqué. Bien que son ampleur ne soit pas connue, il a estimé que 600 nouveaux cas apparaissent chaque année dans notre pays. Il notera que l’expérience du Mali est reconnue dans la prise en charge des fistules obstétricales sur le plan sous-régional.
Abondant dans le même sens, la représentante de la Direction nationale de la Santé a soutenu que pour mieux répondre aux besoins des femmes victimes de fistule obstétricale et pour permettre aux différents acteurs du développement d’agir dans de bonnes conditions, le ministère de la Santé a élaboré une stratégie nationale de prévention et de prise en charge des fistules obstétricales au Mali. Celle-ci vise à réduire la prévalence des fistules obstétricales et faciliter la prise en charge des cas. Avant d’ajouter que les sages-femmes ont un rôle important à jouer dans cette stratégie nationale de prévention et de prise en charge de la fistule. Le Directeur Intrahealth, Cheik Oumar Touré, a fait savoir que son projet appuie le ministère de la Santé pour la prise en charge de la fistule obstétricale.
Dr Cheick Oumar Touré a fait un bref exposé sur le parcours des femmes vivant avec la fistule. Selon lui, elles ont une similitude dans l’apparition de cette maladie. A savoir des jeunes filles qui ont été mariées à bas âge, entre 12 et 15 ans et qui ont contracté des grossesses à une période d’immaturité physique. Elles n’ont pas fait de consultation prénatale et elles ont accouché à domicile ou avec une accoucheuse traditionnelle dans certains cas. Celles qui échappent au pire, c’est-à-dire le décès, s’en sortent avec de graves invalidités comme la fistule.
Pour le Pr Amadou Dolo, la fistule obstétricale se définit comme un indicateur du sous développement s’articulant autour d’un certain nombre de problèmes : extension de la couverture sanitaire, mauvaise qualité de service (mal assisté ou non assisté), l’utilisation tardive du service de santé et les croyances culturelles, entre autres.
Ramata TEMBELY