A l’instar des autres pays du monde, notre pays a commémoré le 1er décembre, la Journée internationale de lutte contre le SIDA. La cérémonie s’est déroulée au Parc National, sous la présidence du Premier Ministre, Mariam Kaidama Sidibé. Le thème de cette année est « objectif zéro, zéro nouvelle infection à VIH, zéro discrimination, zéro décès lié au sida.» Mais peut-on y parvenir au Mali s’il y a déjà une menace de pénurie d’antirétroviraux ?
Il y a 30 ans, le Sida venait de frapper à la porte de l’humanité. Il a signalé sa présence au Mali en 1986. Depuis la découverte du sida, le monde ne cesse de multiplier des actions pour éradiquer cette pandémie. Notre pays, après avoir obtenu des résultats appréciables, semble être bloqué dans son élan à cause de la crise de confiance qui l’oppose au Fonds Mondial. C’est ce qui explique la stagnation des résultats et la menace de manque des antirétroviraux.
Dans son intervention, le coordinateur de l’ONU/Sida, Ousmane Diouf, a souligné la disponibilité de son institution pour que les ressources de lutte contre le Sida restent pérennes. Il dira que malgré la crise financière internationale, des millions de vies ont été sauvées. Avant d’ajouter que le monde doit tenir, dans chaque pays, les promesses courageuses qu’il a faites. Avec des investissements plus judicieux, nous pouvons avancer plus vite, a-t-i dit. Mais, d’ores et déjà, Diouf se réjouit des résultats obtenus de par le monde. Une génération future sans sida est possible car le fossé entre le traitement et la prévention a disparu et le sida sort de son isolement.
Le chef de file des Partenaires Techniques et Financiers, a pour sa part remercié le Mali pour la lutte acharnée qu’il mène contre la pandémie, avant de dire que la bataille est gagnée, mais que la guerre continue.
Quant à la présidente du réseau malien des personnes vivant avec le VIH, Oumou Djerma, elle a salué les efforts consentis par l’Etat avant d’exprimer sa préoccupation quant à la disponibilité des antirétroviraux.
Pour sa part, le Secrétaire exécutif du Haut Conseil National de Lutte contre le Sida, Malick Sène, dira que la thématique des 3 « zéros » vise à mobiliser les décideurs, les leaders d’opinion et les PTF, à renforcer la responsabilité de tous les acteurs dans la promotion de la prévention, et l’accès aux soins. Elle vise également à intensifier la lutte contre la stigmatisation des personnes vivant avec le VIH.
Dans ce combat, explique Malick Sène, le Mali a enregistré des avancées significatives. Entre 2003 et 2010, les sites de dépistage sont passés de 22 à 266, le nombre de personnes dépistées est passé de 5.605 à 129.030. Les sites de prévention de la transmission mère-enfant sont passés de 13 à 307, les sites de traitement ARV sont passés de 3 à 74 et les patients sous traitement ARV sont passés de 1.073 à 580. Ces avancées ont eu comme impact une réduction notable de la pandémie. Entre 2001 et 2006, nous sommes passés de 1,7% à 1,3% et comptons atteindre un taux sous la barre de 1% lors des prochaines enquêtes de santé et de démographie. Cependant, déplore M. Sène, tout n’est pas rose dans cette lutte. Notre pays a eu des difficultés avec le Fonds Mondial. Cette crise a fortement menacé notre mécanisme de lutte, a-t-il dit. Car le personnel qualifié des ONG et Association sont démotivés à cause de l’arrêt des décaissements du Fonds Mondial. Il a saisi cette occasion pour rassurer le Fonds Mondial de la volonté nationale à aller de l’avant avec lui tout en l’implorant de reprendre le partenariat fécond qui nous lie.
Le Secrétaire exécutif a également souligné la nécessité d’avoir un fonds national de lutte contre le sida afin de réduire notre dépendance de 80% de l’aide internationale. C’est sur la note d’espoir d’atteindre les objectifs de « zéro infection à VIH, zéro discrimination et zéro décès lié au sida » qu’il a conclu son intervention.
Oumar KONATE