Il y a à peu près quatre ans, l’Institut national de formation en sciences de la santé, INFSS naissait, dans la douleur, des cendres du Centre de la Spécialisation des techniciens supérieurs (CSTS), de l’Ecole des infirmiers de premier cycle (EIPC) et de l’Ecole secondaire de la santé (ESS). Il était, à sa création, confronté à un problème d’interprétation des textes. L’équation à laquelle il fallait immédiatement trouver une réponse était la suivante : « Comment élaborer des textes homogènes pouvant régir un établissement aussi hétéroclite que l’INFSS qui devait avoir en son sein trois établissements de cycles différents ? ». rn
Cette question a fait l’objet de vives oppositions entre les étudiants du CSTS soutenus par ceux des deux autres établissements à savoir l’ex-ESS, l’EIPC et l’administration du nouvel l’Institut qui pataugeait toujours dans des textes confus et approximatifs dont l’application a été la cause d’incessantes grèves. Les étudiants demandaient coûte que coûte l’application des textes pour qu’une fois leur formation terminée ils bénéficient d’un reclassement dans la catégorie « A » conformément aux prescriptions de l’article 12 du décret n°99-346/PRM du 03 septembre 1999, portant statut particulier des fonctionnaires du cadre de la santé. Dans cet article il est stipulé que « les assistants médicaux sont recrutés selon les postes vacants, par concours direct parmi les candidats titulaires du diplôme du Centre de Spécialisation des Techniciens Supérieurs de la Santé ou d’un diplôme national ou étranger, réglementairement considéré comme étant de même spécialité et d’un niveau équivalent au moins au premier pallier d’intégration à la catégorie ‘’A’’ de la fonction publique ». Ce qui était malheureusement foulé au pied avec la création de l’INFSS. Car, l’administration réservait l’entrée à l’INFSS aux bacheliers et après être reçu à un concours. D’où de sérieuses menaces sur l’année scolaire 2004-2005 marquée par de nombreuses grèves. Par ces mêmes occasions, les étudiants s’étaient interrogés sur le bien-fondé de l’Institut en tant qu’établissement public à caractère privé avec des textes confus.
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Près de 70 millions de francs CFA passés à la casserole
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Seulement quelques années après sa création, l’Institut national de formation en sciences de la santé, l’INFSS est au centre d’un scandale financier, et de beaucoup d’autres pratiques de corruption.
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S’agissant du scandale financier, il serait dû à une gestion patrimoniale instaurée par l’Administration suite au passage des trois établissements. Le statut d’établissement d’enseignement public à caractère privé était devenu un prétexte pour les responsables du nouvel institut pour faire ce qu’ils veulent. Ils rappellent le caractère public de l’institut lorsqu’il s’agit de solliciter l’apport des partenaires (locaux et étrangers) et la subvention de l’Etat malien. Et ne revendiquent le statut d’établissement privé que lorsqu’il s’agit de faire payer les étudiants privés la scolarité. Fixée à 300 000 francs, cette scolarité qui est exigée des étudiants privés acceptés au sein de l’institut à cet effet, était de 375000 francs CFA à 575 000 francs de CFA par étudiant. Ce qui, multiplié par les 60 d’étudiants privés par an, fait mathématiquement plus 22 millions de francs CFA soit -en trois (3) ans- plus de 66 millions que l’administration passe à la casserole sans rendre compte à qui que ce soit.
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Pourtant, en la matière les textes sont assez clairs. Car il est stipulé que l’entrée à l’institut est désormais uniquement conditionnée au passage à un concours organisé à l’intention des bacheliers. Le concours est donc la seule voie d’entrée à l’établissement. Ce qui avait d’ailleurs suscité l’ire des étudiants de l’Ecole des infirmiers de premier cycle et leurs camarades de l’ex ESS désireux de continuer leur formation à l’Institut national de formation en sciences de la santé (INFSS). Eux qui avaient vu perdu l’espoir de poursuivre leurs études à l’INFSS, sont sidérés de voir cette même décision révoquée pour des raisons mercantilistes.
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Concurrence déloyale
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Tous comme ces étudiants, les promoteurs d’écoles de santé sont eux aussi frustrés de voir à leurs dépens l’Institut national de formation en sciences de la santé engagé dans une concurrence déloyale qui ne dit pas son nom. Avec un statut à moitié public, l’INFSS reçoit par an d’une part la subvention de l’Etat Malien pour faire face à ses charges mobiles telles que les factures d’eau, d’électricité et le salaire du personnel. Il bénéficie de l’appui financier des partenaires étrangers tels l’Union Européenne, les Pays Bas, le Canada d’autre part. Ces appuis multiformes et nombreux devraient logiquement permettre aux dirigeants de l’institut de se passer de l’argent qu’ils collectent illégalement sur les étudiants privés et qu’ils utilisent à des fins personnelles. Mais puisque l’objectif des dirigeants n’a jamais été d’épauler l’Etat dans la prise en charge des charges fixes de l’établissement avec l’argent collecté sur les étudiants privés, l’administration de l’INFSS feint cacher le soleil avec une paume de la main. C’est du moins ce que nous a laissé entendre en début de semaine son Secrétaire général, Amadou SOW avant de rappeler la vocation l’INFSS et de d’ajouter que « celui-ci génère des recettes et non des bénéfices ». Ce responsable, comme l’adjointe du chef de l’Unité Formation à la Direction nationale de la santé qui nous a simplement envoyé nous balader lorsque nous sommes présentés à lui aux fins d’éclairages sur la question, tente de banaliser le scandale. Après un premier passage à son bureau, Mme Dicko Fatoumata Maïga nous a, quant à elle, fait savoir que vu la longueur de notre questionnaire, il serait mieux que nous repassions. A notre retour, sans chercher à nous mettre en contact avec son chef hiérarchique, elle nous explique qu’elle est trop occupée par des travaux de celui-ci. En clair, qu’elle n’est pas en mesure de nous recevoir. Cette fuite en avant en dit long sur l’implication des responsables de la Direction de la santé et même du ministère (Nous reviendrons sur l’implication de certains cadres dans cette affaire scabreuse dans nos prochaines parutions). Pour ce qui est de l’Adjointe du chef de l’Unité de Formation, son refus de parler pourrait bien s’expliquer. Des sources bien introduites nous informent que ce serait elle qui aurait demandé l’instauration du système d’amission des étudiants à l’INFSS contre paiement de faramineuses sommes d’argent sous prétexte que cela serait le cas au Maroc. Ces montants (fais de scolarité pour les privés de l’INFSS) se chiffrent comme suit : 375 000 Francs pour la filière des Techniciens de Santé ; 400 000 F pour celle des Techniciens supérieurs de santé et enfin 575 000 F pour celle des Assistants de Santé. Sur la somme d’argent ainsi générée, l’établissement ne verse ni TVA encore moins d’impôt sur le revenu. Pire, il n’assure même pas les frais de stage des étudiants privés en question. C’est d’ailleurs en cherchant à comprendre la raison de ce dernier paradoxe que les étudiants ont compris que leur administration les dépouille de sommes d’argent qui ne sont jamais versées au Trésor. Toutes ces pratiques de corruption savamment orchestrées depuis plus de trois ans par le Directeur de l’Institut, certains de ses proches collaborateurs et membres du conseil d’administration constituent de la concurrence déloyale envers les écoles privées de santé qui évoluent dans les normes et payent impôts et taxes à l’Etat.
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Affaire à suivre !
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Markatié Daou
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