Une structure sanitaire, c’est tout d’abord un cadre assaini, mais à l’hôpital national du Point G, moustiques, mouches, toiles d’araignées et voleurs à la tire… vous font croire à un capharnaüm, ce qui rapproche beaucoup de patients de la morgue.
S’il est un combat à mener et à gagner aujourd’hui à l’hôpital national du Point G, c’est bien celui de l’assainissement. N’ayons pas peur des mots : le Point G est malade, malade du désordre qui y règne.
De la cour à l’intérieur des pavillons, le constat est le même : de hautes herbes, des eaux usées stagnantes, des poubelles remplies de peaux de bananes, d’oranges, de caoutchouc, des toiles d’araignées rivalisant de largeur, des fosses septiques qui dégagent des odeurs putrides, etc.
Conséquence : des moustiques y pullulent, piquent les malades et leurs accompagnateurs. Des chats et des chiens s’y disputent férocement les restes des poubelles pourries. Les cancrelats, cafards et autres bestioles se sont emparés des toilettes au point que même les pensionnaires du cabanon (hôpital psychiatrique) ne s’y aventureraient plus.
Voilà un peu (car ce n’est pas tout) le tableau sombre que présente le plus grand hôpital du pays. Les cris de détresse des usagers sont ahurissants.
« Nous sommes ici depuis bientôt un mois. Nous en avons vu de toutes les couleurs, moi j’étais venue près du malade. Mais, une semaine plus tard, nous étions toutes deux alitées. C’est ma sœur, venue du village qui nous assiste à présent. Il y a trop de moustiques ici, ce qui fait qu’on ne peut échapper au paludisme », témoigne une malade-victime de l’hôpital.
Pour Amadou Diarra, qui assiste son frère malade, le cadre malsain de l’hôpital en a rajouté à la maladie de son frère. « Notre malade souffrait des problèmes de nerf. Au bout de dix jours d’hospitalisation, la maladie s’est compliquée, c’est le palu qui s’en est mêlé. Quand on venait, il n’avait pas de palu. Alors, où a-t-il pu contracter cette maladie ? »
Du je-m’en-foutisme ?
En plus des plaintes qui fusent de toutes parts, des patients dénoncent aussi le comportement d’internes, de médecins et soignants. Ils sont à tout le moins accusés de négligence.
« Depuis que nous sommes là, il y a une semaine, le médecin chargé de notre malade n’est venu que deux fois dans cette salle. La deuxième fois, c’est moi-même qui suis allée le rechercher parce que les médicaments étaient finis, or le malade se plaignait toujours. Il est venu le voir et nous a promis de revenir, hélas ! On a fait des analyses, mais jusque-là on ne nous a pas communiqué les résultats. Le malade est laissé à lui-même avec des calmants qu’on nous avait prescrits mais qui sont finis. Je ne comprends pas l’attitude de ces médecins », lance une dame, qui est au chevet de son mari.
Dans le même bloc, un autre patient pestait contre la lenteur dans le traitement de sa maladie. « Le lundi passé (Ndlr le 28 août), on nous a donné un papier d’analyse de 30 000 F CFA. Pis, ils disent que cette analyse ne se fait qu’un seul jour dans la semaine, c’est-à-dire le vendredi. Autrement dit, je suis obligé d’attendre encore quatre jours pour faire cette analyse. Mais dites-vous bien que tout peut arriver d’ici là ».
Comme si tout cela ne suffit pas pour envoyer les patients ad patres, un nouveau phénomène voit le jour au Point G, il s’agit du vol dans les chambres des malades.
Le week-end dernier, le pavillon de pneumo a reçu la visite de pickpockets qui ont emporté des sacs contenant divers objets. Un mois auparavant, c’est une salle du pavillon de cardiologie qui avait été fouillée de fond en comble, un sac contenant plus de 50 000 F CFA et des portables avaient été emportés, affirme une source.
Ces genres de comportements au sein du plus grand hôpital du Mali sont répréhensibles à plus d’un titre. Ils interpellent les autorités sanitaires.
Sidiki Y. Dembélé“