On enregistre entre 5000 et 6000 naissances drépanocytaires par an au Mali. Où 50% des enfants drépanocytaires parmi ceux qui n’accèdent pas à des soins spécifiques, mourraient avant l’âge de 5 ans. La situation n’était pas plus reluisante chez les adultes, au point de déclarer la drépanocytose comme une priorité de santé publique au Mali. Mais depuis l’avènement du Centre de recherche et de lutte contre la drépanocytose (Crld) en 2009, les malades sont soulagés, et mieux, le taux de mortalité (des cas enregistrés au centre) a baissé jusqu’à 2%. Reportage sur un centre qui, en peu de temps, a réalisé d’excellents résultats dans la prise en charge des malades et la lutte contre une pandémie de plus en plus maîtrisée au Mali.
Bâti sur une superficie de 1200 m2, avec des installations modernes, des équipements de dernière génération et un plateau technique compétitif, le Crld fait partie des investissements qui valorisent l’image du Mali à l’extérieur.
Pour tous les visiteurs, usagers et passants, le centre retient incontestablement l’attention par les mouvements de va-et-vient des patients qui viennent pour des consultations. Femmes, enfants, adultes, tout y passe.
Ce beau matin, à notre passage au centre, un jeune d’environ 20 ans venait de faire sa crise à l’entrée du bâtiment juste avant de passer son bilan. Au vu des cris de douleur atroce qu’il poussait, l’adolescent semblait souffrir le martyr. Et à son image, de nombreux Maliens vivent ainsi la drépanocytose.
Faute d’une structure spécialisée de prise en charge, beaucoup de patients étaient contraints de vivre avec la maladie, dans la plus grande intimité des familles. Car, la prise en charge de la maladie se faisait selon des schémas qui diffèrent d’une équipe à l’autre. Au Mali, en effet, selon les statistiques, ce sont entre 5000 et 6 000 naissances drépanocytaires qui sont enregistrées chaque année. Un poids social qui a interpellé la conscience des décideurs et motivé la volonté politique d’aller vers l’implantation d’un outil spécialisé.
La création d’un centre de recherche et de lutte contre la drépanocytose est l’aboutissement de ce processus. Institué par la loi n°08-046 AN-RM du 22 décembre 2008, le Crld est un Etablissement public à caractère scientifique, ayant pour objectif d’améliorer les conditions de prise en charge des malades et de contenir le taux de mortalité. La structure comprend quatre départements : administratif ; de recherche et de formation ; médicale, et de communication et de documentation. Et fonctionne avec un effectif de 53 agents dont 3 enseignants chercheurs, un Assistant de recherche et un expert technique international mis à disposition par la coopération française.
Flot de consultations
Avant la création du centre de recherche et de lutte contre la drépanocytose, la situation était alarmante. Le directeur général du centre, Pr. Dapa Diallo, se souvient que «les malades ne se consultaient qu’en cas de complication». D’où une mortalité lourde et précoce. Car, il y a quelques années, un enfant drépanocytaire sur deux, soit 50% de ceux qui n’accèdent pas à des soins spécifiques, mourrait avant l’age de 5 ans. Avec l’avènement du centre, la tendance a été nettement inversée, grâce à une politique basée sur «l’équité dans l’accès aux soins», une approche privilégiant des schémas de prise en charge validés par la communauté scientifique internationale.
Un autre facteur qui a contribué à la baisse de la mortalité drépanocytaire résiderait dans le fait qu’avec l’institution d’un centre de prise en charge, la plupart des malades consultent, même en l’absence de complications aiguës. Beaucoup de patients fréquentent assidument le centre pour des consultations qui rentrent dans le cadre d’«un suivi régulier qu’ils effectuent dans un but purement préventif».
La fiabilité des consultations, l’existence d’un plateau technique relevé, et la présence d’un personnel qualifié expérimenté, sont autant de facteurs qui incitent les malades à se faire inscrire au niveau du centre pour un suivi régulier de leur état.
Ainsi, à la date du 31 décembre 2012, 2 953 malades (sur une prévision de 1 850) étaient répertoriés dans les registres du centre pour un suivi régulier systématique trimestriel ou semestriel.
«Il est trop tôt pour évaluer la mortalité drépanocytaire au Mali depuis la création du centre ; mais on peut noter que dans la cohorte des 2 953 malades enregistrés, la mortalité observée n’excède pas 2%. Les malades sont mieux informés et les demandes spontanées de dépistage de la maladie ne cessent d’augmenter», se réjouit le Pr. Dapa Diallo.
Centre pilote à la pointe de la technologie
Le centre de recherche et de lutte contre la drépanocytose du Point G bénéficie de l’appui technique et financier de plusieurs partenaires, en Afrique, en Europe et à travers le monde. Il est considéré comme l’une des meilleures structures dans son domaine, dans la sous région et même en Afrique. Le Crld est le tout premier à avoir vu le jour dans la sous région, après que la drépanocytose ait été officiellement déclarée comme une priorité de santé publique. Les malades y bénéficient de meilleures conditions de prise en charge et de traitement grâce à la modernité de ses installations et un équipement à la pointe de la technologie. Le centre constitue aujourd’hui une attraction et les malades affluent d’un peu partout : Côte d’Ivoire, Guinée, Mauritanie, Sénégal. Mieux, dans le cadre d’une collaboration nouée avec la France et les Etats-Unis, les milieux sanitaires de ces deux pays (non africains), réfèrent des patients pour une prise en charge au niveau du centre de recherche et de lutte contre la drépanocytose du Point G dont l’expertise est avérée. Le centre tire l’une de ses forces de ses partenariats, avec notamment la coopération française, la Fondation Pierre Fabre et la Principauté de Monaco. Il travaille aussi étroitement avec plusieurs services et hôpitaux, tels que l’unité Inserm 970 de l’Hôpital Pompidou de Paris et le Centre de référence pour la drépanocytose de l’hôpital Henri Mondor en France, les services d’hématologie de Dakar et d’Abidjan, le service de pédiatrie de St Louis du Sénégal, les services d’hématologie et de cardiologie de Yaoundé au Cameroun, le CIRMF de Franceville au Gabon, l’hôpital pédiatrique de Philadelphie, le département des sciences biomédicales de Rochester aux USA.
Les soins d’abord, l’argent après
Les prestations du Crld (outre les activités de recherche, de formation, d’information et d’éducation) qui consistent en des consultations programmées (pour détecter tôt ou prévenir les complications) ou non programmées. Les cas non programmés concernent les malades en situation de complication aiguë. Ces complications, selon le directeur général, sont prises en charge en hospitalisation tous les jours ouvrables (de 7h30 à 16h00) et pendant les gardes d’astreinte, les samedis et jours fériés de 7h30 à 13h00. Mais le Crld a une particularité sur laquelle son premier responsable insiste: «le malade accède aux soins selon un forfait qui est payé à tempérament après l’administration de ceux-ci». Cela veut dire que, contrairement à une certaine pratique dans plusieurs de nos structures sanitaires, au Crld les prestations sont payées après que le malade ait reçu ses soins. Et le personnel respecte scrupuleusement cette règle ; un personnel formé à l’accueil du malade et à la prise en charge des complications drépanocytaires. Parmi ses acquis, le centre a formé une soixantaine de directeurs d’école, 40 médecins de campagne et 60 agents relais de communication sur la drépanocytose. Alors, drépanocytaires du Mali et d’ailleurs, ayez le réflexe CRLD.
Oumar Diamoye
Excellent
Je confirme tout ce qui a été dit, car je suis patient et parent de patient. Les lieux sont propres, le personnel est accueillant et ne vous demande jamais d’argent. Même si vous leur proposez de l’argent de votre propre volonté, ils refusent. On n’a pas besoin d’aller en europe avec ce centre de Bamko. Le Directeur est rigoureux sur les principes, prions Dieu que cela Continue pour le bonheur des malades
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