infertilité de jeunes au Mali : Aveux d’impuissance !

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De plus en plus, les médecins diagnostiquent beaucoup de cas d’infertilité chez les jeunes, surtout garçons. S’ils soupçonnent l’alimentation et les traditions, ils disent ne pas savoir les causes profondes. En entendant, le drame déchire des couples au Mali.

 “Il est inadmissible pour mes parents qu’après 5 ans de mariage, je n’ai toujours pas d’enfants. Je suis la seconde épouse de mon mari. Je vais régulièrement voir mon gynécologue qui me rassure que je n’ai rien. Mon mari a un garçon avec sa première épouse, et il m’a épousé après 5 ans de vie de foyer avec sa première femme. J’ai mis 3 ans à convaincre mon mari, à la demande de mon gynécologue, qu’il vienne se soumettre à un examen médical. Quand il a enfin accepté, le résultat a été sans appel : il n’a pas de spermatozoïdes dans son sperme, et ne peut pas, par conséquent, procréer. Et le médecin a été catégorique : le garçon qu’il a avec sa première femme n’est pas de lui. J’ai divorcé, mais j’ai perdu 5 ans avec lui”, témoigne Aïcha Touré (un nom d’emprunt).

Selon Dr. Amadou Cissé, urologue, “de plus en plus de jeunes qui se présentent souffrent d’infertilité. La première difficulté est de leur faire admettre que le problème leur incombe”.

Au Mali, il n’existe pas d’études spécifiques sur la question. Cependant, l’Enquête démographique et de santé (EDS) a régulièrement documenté la fécondité au Mali.

Quatre sources de données permettent de retracer les tendances de la fécondité au Mali : EDSM II de 1995-96, EDS III de 2001, EDS IV de 2006 et EDS V de 2012-2013. L’EDS V est donc la cinquième EDS réalisée par le Mali dont l’un des objectifs principaux est l’estimation du niveau de la fécondité. Globalement, on y constate que les niveaux de fécondité par âge ont baissé.

Cependant, malgré l’augmentation de la prévalence contraceptive, l’ampleur de cette baisse en l’espace de six ans semble questionnable et il se peut qu’elle résulte en partie de problèmes de santé (l’EDSM V).

“Globalement, on constate, pour tous les groupes d’âges, une baisse des taux de fécondité de la période la plus ancienne, 10-14 ans avant l’enquête à la période la plus récente, 0-4 ans avant l’enquête. Par exemple, si l’on considère les âges de forte fécondité, on constate qu’à 20-24 ans, le taux est passé de 299 ‰, 10-14 ans avant l’enquête, à 294 ‰, 5-9 ans avant l’enquête et à 274 ‰ dans la période la plus récente. Dans le groupe d’âges 25-29 ans, le taux est passé respectivement de 300 ‰ à 301 ‰ et à 282 ‰. Il semble donc que globalement le niveau de la fécondité ait diminué au cours des 15 dernières années”.

Dans une structure hospitalière de Bamako, la capitale malienne, ce lundi, 1er août 2023. Il est 9 h. Le médecin n’est pas encore arrivé pour sa consultation, mais, la salle d’attente grouille de monde. A première vue, deux constats : les “patients” sont jeunes, et ont tous l’air bien portant. Du coup, on se demande ce qu’ils ont à se bousculer dans un service de…

Une infirmière lâche une indiscrétion : “Bamako est rempli de jeunes impuissants !” La curiosité nous pousse à vouloir à en savoir davantage, mais ni l’infirmière, ni le médecin qui arrive moins de 30 minutes après, ne semble disposé à en dire plus. Pas plus que les jeunes d’ailleurs, sur les motifs de leurs consultations.

Selon Dr. Mamadou Sylla Traoré, médecin échographiste, praticien hospitalier à l’hôpital Mère-Enfant, CHU Luxembourg de Bamako, l’infertilité des jeunes est une préoccupation, un drame social, aujourd’hui. “L’infertilité est l’impossibilité pour une personne de procréer”. Pour lui, pour que cela soit constaté et déclaré, il faut “deux ans de rapports normaux et complets et sans option de contraception”.

Les causes sont multiples et variés. A la tête des causes d’infertilité, les infections comme les oreillons. C’est une pathologie qui bousille les testicules. Les victimes auront une azoospermie (absence totale de spermatozoïdes dans leur sperme). Il y a des ingestions d’autres produits. Aujourd’hui, pour castrer les animaux, on mélange au son de mil une dizaine de bouillons de cube et les animaux deviennent infertiles. Scientifiquement, tout ce qui est vrai pour les animaux, l’est pour les hommes.

Même asseoir un enfant qu’on lave dans l’eau chaude peut affecter les testicules. Certaines études ont démontré également qu’il ne faut pas circoncire les enfants trop tôt. Un enfant est une succession de phases physiologiques. De plus en plus, nous rencontrons des garçons de 25 ans infertiles. Certains attribuent cela à la circoncision précoce. Il n’y a pas d’études scientifiques à ce sujet, mais, de plus en plus, cette cause est évoquée.

Les études ont surtout porté sur les causes féminines, mais on peut dire que 50 % des causes incombent aux femmes et 50 % aux garçons. Les échographies testiculaires et Doppler se font régulièrement et montrent des infections et des anomalies. “Nous voyons des anomalies, mais nous n’avons ni fait des examens très poussés ni des études pour confirmer nos thèses. Il faut beaucoup de spécialités médicales pour confirmer certaines assertions”.

Idy est effondré. Il est à 3 ans de mariage. Il a consulté gynécologues, tradipraticiens, sans succès. “Je ne sais quoi dire à ma famille et à mon épouse. Je me demande si je vais même lui dire. Déjà que ma mère me met la pression pour prendre une seconde épouse qui lui donnera des petits enfants ! La pauvre se fait traiter de tout, alors que la faute m’incombe !”

Aminata Agaly Yattara

Article réalisé dans le cadre de l’accompagnement des lauréats des Mama-2023 par Tuwindi

 

Encadré

La réponse de la tradition

Selon Adama Koné, traditionnaliste, “dans nos villages, quand il était prouvé qu’un homme était infertile, son épouse dormait avec un de ses frères, le temps qu’elle tombe enceinte. Cela demeure un secret familial, souvent su seulement des trois protagonistes et du patriarche de la famille. Ni l’’enfant, ni les autres membres de la famille ne le sauront jamais”.

A A. Y.

 

 

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1 commentaire

  1. Il faut demander a Macron des explications et surtout je dirai aux jeunes de se métier de manger ou de boire tout ce qui vient de la maudite France et aussi les medicaments car ils peuvent mettre des produits qui créent l’infertilité chez l’homme.

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