Le séjour sanitaire d’une vingtaine de jours du président de la République en France lui aurait certainement servi de cadre de méditation et de réflexion sur sa gouvernance et aussi, sur certains acteurs sociopolitiques de son pays. Son avenir politique y dépend.
A quelques exceptions près, toutes les couches sociopolitiques du pays ont tu leurs velléités et se sont dit préoccupé par la santé du président de la République. Si certains décèlent en ce geste un brin d’hypocrisie, il ne demeure pas moins que la démarche reste à saluer. Assister un malade, reste avant tout au Mali, une valeur sociétale. Il s’agit juste de façon de respecter la douleur de son prochain et de sa famille. Et la science moderne a confirmé les vertus de cette forme d’assistance sociale dont le déficit s’avère souvent fatal pour le malade.
L’on ne tient cependant nullement rigueur à celui qui ne s’approprie ce principe. Mais le patient lui, n’oublie généralement pas ceux-là qui s’inquiètent ou du moins, respectent sa souffrance.
Parmi ceux-là qui se sont dit préoccupés, figurent l’opposition politique pour avoir renoncé à sa marche de protestation initialement prévue le samedi 23 Avril dernier. Si le message envoyé par cette classe politique peut être diversement interprété, l’on retiendra qu’il voudrait aussi dire: «Monsieur le Président, notre lutte n’est pas dirigée contre votre personne. Rétablissez-vous et venez gouvernez autrement et au plus vite». C’est tel, en tout cas, qu’IBK doit percevoir le message.
Pour sa part, la CSTM, a estimé que le pays ne saurait s’arrêter pour cause de maladie du Président de la République. Elle n’est, non plus blâmable. Le Mali va, bien entendu, au-delà de la personne d’IBK. Si elle avait cependant observé la même attitude que l’opposition politique, cette Centrale syndicale allait tirer de bien meilleures dividendes. Un syndicat est avant humain et censé être le reflet de sa société. En méprisant la maladie d’une personne humaine, fut-elle le Président de la République, elle a malheureusement laissé paraitre un brin de nombrilisme.
Quant au Président de l’Assemblée Nationale, il dit avoir «pris acte» du communiqué relatif au séjour sanitaire du président… Certains ont perçu là, à tort ou à raison, une désobligeance avec une arrière-pensée de tentative d’usurpation du pouvoir. Peut-être bien. Il est cependant évident que l’homme a commis, ce qu’il convient d’appeler un hiatus politico-linguae (permettez de peu l’expression).
En politique, «prendre acte», c’est accepter avec réserve et regret, voire désapprouver. L’exemple le plus récent au Mali est consécutif au communiqué du RPM ayant «pris acte» du limogeage du gouvernement M. de Bocari Tréta, secrétaire Général du Parti.
L’on pense à raison, comme l’opposition politique et le peuple malien dans une écrasante majorité, que le Président de l’Assemblée Nationale devrait plutôt s’approprier ledit communiqué et peut-être, faire constater le vice de forme au niveau et moment appropriés. Son obsession à gouverner lui aurait-elle fait commettre ce péché de trop ?
IBK se doit, en tout cas, de tirer leçon de tout ce qui est advenu au pays à son absence. Le cadavre dit-on, ignore ce qui l’attend dans l’au-delà. Mais il a une parfaite connaissance des faits qu’il a vécu dans le monde des vivants.
B.S. Diarra