Inauguré le 23 septembre 2010, le Centre hospitalier universitaire du Mali a officiellement démarré ses activités cliniques le mercredi 7 septembre 2011. Notre équipe de reportage y a fait un tour pour vous faire vivre cette journée inaugurale. De nos constats et interrogations, il ressort que l’Hôpital du Mali, fruit d’une féconde coopération sino-malienne, a impressionné ses premiers patients par la performance de son plateau technique ultramoderne et la disponibilité d’un personnel motivé. Et l’administration de l’hôpital annonce en plus « des réglages avec le temps pour répondre à toutes les attentes ».
Presqu’une année après son inauguration, l’hôpital du Mali situé à Missabougou a ouvert hier mercredi 7 septembre 2011 ses portes aux malades qui se sont vite aperçus de la qualité des services offerts désormais par cet impressionnant édifice bâti au flanc d’une colline verdoyante. Il est 11 h, le soleil est presqu’au zénith, mais rien n’indique pour le moment l’activité menée dans le bâtiment, les panneaux d’indication n’étant pas encore plantés. Les fraîches traces de pneus de véhicules et de moto sur la piste en latérite qui y mène laissent croire que quelque chose de spécial se passe là. Une fois devant l’entrée principale, les visiteurs sont orientés vers une autre voie d’accès à l’hôpital. Et un vigile tout beau habillé indique le chemin à emprunter pour arriver au parking déjà bondé de véhicules. Notre curiosité est loin d’être satisfaite. Dans le hall d’accueil, l’affluence, bien que moyenne, attire notre attention surtout dans les guichets où des patients se faisaient enregistrés. Un homme de grand gabarit vient à notre rencontre comme pour savoir l’objet de notre visite. Ayant connu notre identité et le mobile de notre présence (reportage sur les activités de premier jour de l’hôpital), celui-ci (responsable du service social de l’hôpital) devient vite notre guide. Les salamalecs terminés, Dr. Seydou Moussa Traoré nous demande une minute, histoire d’informer la hiérarchie de l’objet de notre visite. Entre temps, nous avons approché des patients pour recueillir leurs impressions sur cette première journée de la vie clinique de l’hôpital.
Mme Yaoussa Touré, mère d’un garçon d’environ un an, témoigne de sa satisfaction de l’ouverture de cet hôpital. Sans oublier de préciser que le complément des analyses de son enfant allait se faire ailleurs.
Quelques instants après cet entretien, notre guide vient nous chercher pour nous conduire là où nous devions commencer notre reportage : le bureau des entrées dont la responsable évalue à une cinquantaine le nombre de patients enregistrés entre 07h 30 et 12 heures. Elle dira ensuite que hormis les services de la radiologie et de la chirurgie, tous les autres services de l’hôpital avaient déjà commencé à prendre en charge des malades.
Orientés par le bureau des entrées après accueil, les patients enregistrés sont réorientés selon la nature du mal. Composé d’une équipe mixte de Maliens et de Chinois, le service de la Médecine générale dirigé par le Pr Traoré Assa Sidibé, chapote ceux de la médecine interne, l’Endocrinologie, la Gastroentérologie, la cardiologie et l’infectiologie. Au service de la Pédiatrie où nous avons été entretenus par Dr Simaga Tati qui a soutenu avoir enregistré son premier patient à 8 h 02 mn. Elle est assistée de deux spécialistes chinois et autant de maliens.
Au département Pharmacie et Hygiène de l’hôpital, dirigé par Mme Traoré Adama Tangara, le rythme du travail n’avait rien de celui d’une journée inaugurale. Malgré ses occupations énormes, elle se donne le temps de nous expliquer qu’elle est chargée de veiller à la propreté dans l’hôpital et de ses équipements, mais aussi et surtout de la commande, la réception et la distribution interne des médicaments dans l’établissement hospitalier. Elle assure que le GIE chargé de l’hygiène de l’hôpital est déjà à pied d’œuvre et sera permanemment surveillé lui aussi par ses soins.
Dr. Mamadou Abdoulaye Chiad Cissé, responsable du service des Urgences dirigé, se réjouit du lancement officiel des activités cliniques de l’hôpital qui permettra à coup sûr de ""minimiser les évacuations sanitaires vers l’étranger. Selon lui, la construction de l’Hôpital du Mali avec son plateau bien performant viendra décongestionner sanitairement parlant la rive gauche de Bamako où sont concentrés tous les autres hôpitaux de la capitale. Il poursuit que l’ouverture du 3e pont et la finition des voies d’accès de l’hôpital permettront à l’établissement de tourner très rapidement à plein régime. Pour cette première journée de service, le service des Urgences a eu l’honneur de prendre en charge deux patients dont un notable de Missabugou (un iman) âgée de 81 ans.
Le Dr Cissé rappelle que le système sanitaire du Mali ne souffre pas de ses compétences, mais plutôt de problèmes d’infrastructures sanitaires. « Un problème que ce nouvel hôpital va résoudre », a-t-il assuré. En effet, l’Hôpital du Mali dispose d’un laboratoire avec un plateau technique haut de gamme, certainement le meilleur du pays. Il est le seul à assurer déjà 31 types d’analyses dans 5 grands groupes à savoir : la biochimie, hématologie, la bactériologie, immunologie, parasitologie.
Au service de la Gynécologie, le chef de service, Dr. Moustapha Touré, qui travaille avec 2 collègues chinois, nous témoigne que tous les 5 patients qui sont parvenus du bureau des entrés ont été tous pris en charge. Il a grand espoir que le CHU ne tardera pas à être à hauteur des attentes avec sa technologie.de pointe.
Au service de la neurochirurgie, Dr. Diallo Oumar estime que « l’hôpital est bien parti pour répondre aux attentes des malades, et, ajoute-t-il, il peut offrir au Mali, ce qu’il n’a pas ». Comme son collègue du service des Urgences, lui aussi trouve que l’hôpital réduira les évacuations sanitaires qui coûtent des dizaines de milliards de FCFA par an selon des estimations officielles.
Preuve de sa modernité, l’Hôpital du Mali possède un service de Chirurgie thoracique. Là, l’assistant au chef de service, Dr. Seydou Togo, estime que son service, premier du genre au Mali, a obligation de résultat.
Au laboratoire où nous avons rencontré Mme Sow Fatoumata Cissé, les choses vont vite. En l’absence de son chef, pris par d’autres occupations de l’hôpital, elle s’entretenait à la fois avec et les fournisseurs d’intrants biomédicaux et le personnel de son service pour vite rendre disponibles les réactifs consommables et corriger d’autres petites insuffisances.
Fier du démarrage de ses activités, le directeur général de l’Hôpital du Mali, Pr. Mamadou Adama Kané, assure que toutes les dispositions nécessaires seront prises pour le plein fonctionnement de l’hôpital dont la fréquentation sera boostée par l’ouverture du 3e pont. Il précise que l’hôpital dispose déjà d’un personnel pouvant lui permettre d’assurer des prestations efficaces et efficientes. Il a par ailleurs indiqué que l’hôpital ne doit pas rendre des services déjà assurés par les centres de santé de références. C’est pourquoi, son établissement n’a pas de maternité dont tirent les CSCOM le clair de leurs recettes. Toutefois, il accueillera les cas urgents. Le directeur de l’Hôpital du Mali ajoutera qu’au besoin, l’Etat et l’hôpital (un EPA qui jouit de l’autonomie de gestion) étofferont l’effectif de l’établissement. Pour une meilleure prise en charge des maladies, il invite « la population à éviter les retards dans les consultations hospitalières et à souscrire surtout à l’assurance maladie obligatoire ».
Pour sa part, le chef de la délégation de la mission médicale chinoise (composées des médecins chinois jadis en service à Kati, Markala et Sikasso) à l’hôpital pour le besoin de la cause et le président du conseil d’administration, Bassidiki Traoré, ont tous témoigné de leur satisfaction.
Markatié Daou et Benogo Dao