Hôpital médico-chirurgical de campagne : Un engouement reel, mais de grandes difficultés d’organisation

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L’affluence est exceptionnelle, et les attentes très fortes

Des tentes militaires et des groupes électrogènes installés sur un terrain, des hommes en uniforme parmi lesquels des médecins militaires marocains, des étendards malien et marocain accrochés sur un pan des grillages. Rien dans ce décor n’annonce vraiment un établissement hospitalier. Pourtant, nous sommes bien à l’hôpital médico-chirurgical de campagne, installé dans l’enceinte du stade omnisports Modibo Keïta par le Royaume chérifien. Il faut rappeler que cet hôpital de campagne a même reçu la visite du Roi Mohamed VI du Maroc et du nouveau président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta.

 

 

Hier aux environs de 9 heures, notre équipe de reportage s’est rendue sur les lieux qui grouillaient de monde. Des malades avaient pris d’assaut l’enceinte du stade Omnisports très tôt au petit matin, certains y avaient même passé la nuit pour être parmi les premiers pris en charge dans les consultations spécialisées assurées par des médecins marocains.

 

 

Dans un tohu-bohu indescriptible, le désordre le dispute à l’impatience des patients qui attendent dans de longues files. Certains tentent de forcer le passage et sont rapidement rappelés à l’ordre par les forces de sécurité. D’autres parviennent  toutefois à se faufiler sans que l’on ne sache très bien ce qui leur vaut cette faveur. Tous sont venus pour les mêmes consultations et bénéficier gratuitement des médicaments. Cependant la situation laisse entrevoir de réelles difficultés d’organisation, notamment pour mieux discipliner les malades qui manifestent leur impatience.

 

 

Les malades qui sortent des consultations expriment des sentiments mitigés. Certains sont heureux d’avoir été vus en consultation par ceux qu’ils désignent comme de « grands spécialistes ». D’autres se montrent plus réservés sur la prise en charge qui leur a été faite. C’est le cas de cette patiente ayant requis l’anonymat. Notre interlocutrice nous explique qu’elle n’a pas été examinée par le médecin. « Après l’interrogatoire, le praticien a prescrit une ordonnance qui m’a été servie dans la pharmacie sur place », indique-t-elle. La dame, qui a été mise sous Fenac (un anti inflammatoire à en croire des spécialistes), exhibe ses deux plaquettes de 7 et 8 comprimés de 50 et 20 mg. Son commentaire est désabusé. « J’ai passé la nuit devant l’hôpital pour rien, soupire-t-elle. Je pensais qu’on allait me faire passer des analyses et autres examens gratuitement. Finalement je quitte l’hôpital avec deux plaquettes de  Fenac ».

 

 

Ousmane Coulibaly est lui aussi un patient traité à l’hôpital médico-chirurgical de campagne. Il souffre de la goutte. Le jeune homme développe un avis contraire à celui de notre dame. Il affiche même un large sourire sur son visage. Il explique à qui veut l’entendre qu’il est paradoxalement rassuré de savoir que son mal est incurable. «  On m’a conseillé de suivre un bon régime alimentaire, indique-t-il. Mais ce qui importe pour moi, c’est de savoir que la viande rouge et les poissons noirs sont une contre indication dans mon cas. On a besoin que de telles initiatives se multiplient pour les pauvres puissent se soigner dans ce pays».

 

 

Un vieil homme, qui sort d’une consultation des spécialistes marocains, est immédiatement apostrophé par un autre patient âgé qui cherche à savoir s’il a reçu suffisamment de médicaments. Non, rétorque le doyen d’âge visiblement ulcéré, mais qui a tenu à répondre qu’on lui a donné une seule boite de comprimés.

 

 

Nombre de patients sortis des consultations spécialisées s’accordent à reconnaître qu’ils n’ont pas touchés par les médecins. Ils ont été interrogés avant de se voir délivrer des ordonnances qui ont été servies à la pharmacie de fortune installée au sein de l’hôpital de campagne. Ces patients ont toutefois précisé que ceux qui consultent pour des troubles oculaires, cardiovasculaires ou pour des maladies dentaires reçoivent un tout autre traitement. Ils sont bien examinés après l’interrogatoire. Mais une question taraudait tous les esprits. Pourquoi les ordonnances, une fois servies, sont gardées à l’hôpital médico-chirurgical de campagne ? Les patients auraient aimé les conserver pour un usage éventuel à venir.

 

 

Notre équipe de reportage a cherché en vain à obtenir quelques informations auprès de l’équipe marocaine. Il nous a été invariablement répondu qu’il nous fallait une autorisation du ministère de la Santé. Mais même les efforts accomplis par le département de la Santé pour nous mettre en contact avec les médecins marocains n’ont pas abouti. Le Dr Elarbi de l’équipe médicale marocaine joint par téléphone a fini par nous signifier son peu de goût pour la communication.

 

 

Il faut simplement retenir que l’installation de cet hôpital médico-chirurgical de campagne a suivi une procédure particulière. Aujourd’hui, on revient vers une démarche qui permettra de sauvegarder les acquis de l’initiative. Une rencontre est en vue avec les responsables du département de la Santé pour mieux organiser la collaboration de l’équipe marocaine avec nos services de soins, notamment avec les établissements hospitaliers.

 

 

Pour combien de temps l’hôpital médico-chirurgical de campagne est-il installé dans l’enceinte du stade Omnisports? Personne ne nous l’indiquera ni au ministère de la Santé, ni au niveau de l’équipe médicale marocaine. Un responsable de la santé explique que la question a été posée à l’équipe marocaine qui a simplement répondu être au service du Roi.

B. DOUMBIA

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