Hôpital Gabriel Touré : Le personnel menace d’aller en grève le 27 et 28 janvier
Rien ne va plus au Centre hospitalier universitaire Gabriel Touré. En effet, le Directeur général de l’hôpital, Docteur Abdoulaye Néné Coulibaly est accusé de mauvaise gestion par l’ensemble des syndicats de Gabriel Touré. Conséquence : tout tourne au ralenti, l’hôpital est à ‘’genou’’ et le personnel de santé, pour manifester sa colère, n’a trouvé mieux que de menacer d’aller en grève de 48 heures, à partir du jeudi 27 janvier. Pendant ce temps, Abdoulaye Néné Coulibaly tente d’afficher un air débonnaire, mais, en réalité, tout laisse croire qu’il est dépassé par la situation. Le ministère de tutelle s’implique mais le mot d’ordre des syndiqués est pour le moment maintenu. Et, la colère continue de gronder.
‘’Jamais Gabriel Touré n’a connu un aussi piètre Directeur général… Il ne peut même pas assurer l’essentiel’’, s’indigne un médecin qui a requis l’anonymat pour ne pas subir les représailles d’un Directeur général tourmenté par les nombreux mouvements de contestation. Un autre, rongé par la colère demande purement et simplement la démission de Abdoulaye Néné Coulibaly, car pour lui, il a fait perdre à Gabriel Touré sa réputation d’antan. Plus rien ne marche.
Il faut reconnaître que depuis quelques mois, le personnel de santé de cet hôpital stratégique du Mali, a multiplié les assemblées générales, les menaces de grèves, les conciliabules pour parer à une situation devenue aujourd’hui chaotique. Le Directeur général, manifestement sourd aux revendications de son personnel, s’enferme dans un silence total. En octobre dernier, le personnel de l’hôpital avait déjà demandé son départ. Mais rien n’y fit. En revanche, le mouvement enclenché cette fois-ci semble déterminé à en découdre avec un directeur qui ne tient plus que d’un fil. Même s’il est un baron du parti dit « présidentiel », le Pdes, susurre-t-on dans les couloirs de l’établissement hospitalier.
Des revendications élémentaires…
Les travailleurs de Gabriel Touré réclament entre autres, l’amélioration des conditions de travail en rendant fonctionnels les équipements en panne notamment le scanner et en équipant les blocs à froid, le recrutement du personnel qualifié singulièrement de réanimation et d’urgence, l’approvisionnement correct de la pharmacie hospitalière et du laboratoire en réactifs, l’équipement urgent des nouveaux blocs techniques, le respect des engagements pris par la Direction, à savoir, le paiement des ristournes et des primes de garde à terme échu, la sécurisation des recettes en adjoignant les quittances du trésor aux reçus informatisés, l’information des chefs de service et les syndicats du montant des ressources propres à l’hôpital, le reversement sans délai des cotisations au compte du fonds social et de la mutuelle des travailleurs, l’arrêt de l’immixtion de l’administration dans les affaires syndicales, le paiement régulier et à temps du salaire des contractuels.
Les revendications des syndicats de Gabriel Touré font sourire certains connaisseurs du milieu de la santé. Car on affirme qu’elles sont assez élémentaires pour un hôpital qui reçoit le plus grand nombre de patients au Mali. « Si la direction ne trouve pas de solutions à ces problèmes, rien ne doit empêcher les décideurs de virer le chef de l’hôpital », nous confie un fonctionnaire du ministère de la santé.
La limite de l’incompétence
Devant le manque de répondant d’un Directeur général apparemment dépassé par la situation, les syndicats de Gabriel Touré ont cru bon d’aller frapper à la porte du nouveau ministre de la santé, du moins avant le remaniement annoncé pour la fin de ce mois, Dr. Alou Badra Macalou, lui-même médecin. Il connaît l’hôpital Gabriel Touré comme sa poche. C’est ainsi qu’il a reçu, à la fois, les syndicats et le Directeur général, la semaine dernière, dans son nouveau cabinet. Les syndicats ont égrené un chapelet de doléances que le ministre trouve juste. Dans sa tentative d’explication, le Dg a reconnu que sa structure souffre et que le seul scanner (offert par Orange Mali) ne fonctionne plus depuis 5 mois. Le presque mea-culpa de Abdoulaye Néné Coulibaly donne du crédit au mouvement de contestation du personnel et conforte les syndicats qui ont jusque-là opté pour la légalité.
Selon nos sources, le Directeur général aurait déclaré qu’il a déboursé 128 millions de francs Cfa pour la réparation du scanner. Ce qui n’a pas empêché l’appareil de retomber en panne quelques semaines après. A Gabriel Touré, on réfute la thèse du Dg selon laquelle 128 millions sont partis dans la réparation d’un scanner. On parle plutôt de… surfacturation. En tout état de cause, la réparation du scanner n’est pas pour demain, car, lors de la rencontre avec le ministre Macalou, le Dg expliquait que pour que le scanner redémarre, il fallait commander à l’usine (en Europe) une pièce qui n’est plus en bon état.
Des chèques sans provisions !
La colère de certains travailleurs contractuels de l’hôpital s’est accentuée quand l’administration du Dg leur a délivré des chèques sans provisions. On imagine comment des chefs de famille, dans le contexte malien, souvent criblés de dettes, se trouvent être confrontés à pareille humiliation. Car, ce n’est ni plus, ni moins qu’une humiliation que de se présenter dans une banque avec un chèque sans provisions.
20 autres agents n’ont pas encore reçu leur droit dans le fonds social du trimestre dernier. Bref, le Directeur général n’en peut plus, le contrôle de son hôpital lui échappe. C’est pourquoi, aujourd’hui, au moment où nous mettions sous presse, une pétition qui demande son départ de la tête de l’hôpital circule, non pas sous les blouses, mais au grand jour, au su et au vu du Dg. Apparemment, certains, en dehors des syndicalistes, n’ont plus peur de s’afficher contre un Abdoulaye Néné Coulibaly harassé.
En clair, dans cet hôpital, le premier constat qui saute à l’œil nu, c’est le fait que le personnel soignant n’est plus motivé. Leur prestation joue sur la survie des patients. Le personnel, a, tout autant, comme leurs patients, les yeux hagards. Si leurs patients sont tétanisés par la maladie, eux, sont plutôt victimes de leur propre Directeur.
Alhassane H. Maïga
Gabriel Touré : une patate chaude dans les mains du ministre Macalou !
Ministre presque intérimaire, Dr. Alou Badra Macalou qui a hérité des dossiers chauds de son prédécesseur passe apparemment des nuits blanches. Réfléchissant sur des voies et moyens de sortie de crise. En dehors de l’affaire dite du fonds mondial, le ministre Macalou, dès sa prise de fonction, a trouvé un dossier chaud sur son bureau. Il s’agit de celui concernant l’hôpital Gabriel Touré. Le dossier est chaud et lourd pour un ministre qui veut montrer à son employeur des preuves de compétence. Or, à Gabriel Touré, pour changer la situation, il faut virer le Directeur Général, Abdoulaye Néné Coulibaly et repartir sur de nouvelles bases. Mais Macalou a peur. Il a peur de virer un membre du bureau politique du Pdes et ne pas revenir dans le tout prochain gouvernement annoncé pour la fin du mois de janvier. Au fait, Macalou ne peut rien faire. Il se contente pour le moment, de regarder les choses venir. Le cas du ministre Sadio Gassama et le Dg de la police, Niamé Kéita est illustrateur.
A.H.Maïga