Hôpital Gabriel Touré : Des responsables sur des charbons ardents La situation qui prévaut aujourd’hui au Centre hospitalier universitaire (CHU) Gabriel Touré est sans appel :

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 L’hôpital se trouve dans un état sans précédent de rupture de stocks de matériels. Plus grave : avec un trou financier de 1,554 milliard de FCFA dans la caisse, la pharmacie hospitalière est plongée dans un manque criard de médicaments. Conséquence d’une gestion très controversée : à titre illustratif, il existe un écart de 218,651 millions de FCFA entre le cahier de versement et le relevé bancaire. Et ceci n’est que la partie visible de l’iceberg.

 

Abdoulaye Néné Coulibaly DG Chu Gabriel Touré

La mauvaise gestion qui a cours au niveau de l’administration de l’Hôpital Gabriel Touré a annihilé les efforts des médecins  en matière de soins de santé, mais aussi ceux des partenaires. D’où la paralysie des services de l’hôpital à tous les niveaux, ou presque. Ce jeudi 12 avril au cours d’un sit-in tenu dans l’enceinte de leur structure, les travailleurs du CHU Gabriel Touré ne croyaient pas si bien dire en dénonçant la mauvaise gestion de la Direction de l’hôpital et le manque de médicaments à la pharmacie hospitalière. La résultante d’une telle délinquance financière a occasionné un vide de 1,554 milliard de FCFA dans la caisse, à tel point que l’hôpital est plongé dans un coma financier sans précédent suite au la déficience de matériels sanitaires et de produits pharmaceutiques au sein du centre hospitalier.  A l’origine de cette rupture de stocks, de matériels et de médicaments se trouvent la mauvaise gestion, la surfacturation effrénée et le détournement de fonds par des responsables de l’administration sanitaire auxquels s’ajoutent des dépenses injustifiées et le changement, d’année en année, des règles de comptabilisation, du moins si l’on en croit un document dont nous possédons copie.
Selon nos sources, des responsables de l’administration du CHU Gabriel Touré ont poussé la complicité jusqu’à « se beurrer » sur les caisses de l’Etat : il s’agit du Directeur général de l’hôpital, le Dr. Abdoulaye Néné Coulibaly ; de la Surveillante de l’hôpital, Mme Dembélé Kadiatou Makirba (une proche de l’ancienne Première Dame de la République) ; de l’Agent comptable Issa Kouyaté ; du Chef des bureaux des entrées et non moins régisseur des recettes, Koké Diarra. Le gouffre financier ainsi creusé au niveau de ce centre hospitalier dépasse l’entendement, d’où la paralysie de la structure. Du coup, la pharmacie hospitalière de l’Hôpital fait face à une crise de médicaments. Et les malades ne savent plus où donner du corps, pardon, de la tête. En clair, jamais, au cours de son histoire, l’Hôpital Gabriel Touré n’a connu une telle hémorragie financière ! Depuis la nomination du Dr. Abdoulaye Néné Coulibaly à la tête de ce centre hospitalier, les caisses de la structure coulent. Résultat : les détournements ne sont plus comptabilisés en centaines de millions, mais en milliards de francs.
Chacun pour soi…
L’Hôpital Gabriel Touré n’a pas seulement perdu de sa superbe : il a été vidé de son âme et « vendu au diable », car : jamais les gaffes au sein de cet hôpital n’ont atteint un tel degré. Jugée, pourtant stratégique dans notre pays en matière de soins sanitaires, la pharmacie de l’Hôpital Gabriel Touré n’a pas échappé à l’appétit vorace de responsables de son administration. Et nos sources d’indiquer que « par petites touches,  ils ont sucé les caisses et érigé le népotisme en mode de gestion. L’espoir tant suscité auprès des malades a ainsi viré au cauchemar ». Réputée pour son importance, la pharmacie de l’hôpital Gabriel Touré a vite fait de taire ses ambitions. Raison invoquée par nos sources : l’utilisation des fonds et recettes de la structure à d’autres fins par ses responsables. Estimés à 1,554 milliard de FCFA, ces fonds et recettes auraient fondu comme beurre au soleil. Et ce n’est pas tout, loin s’en faut. Même l’inexistence du livre de caisse « Fonctionnement »  et la non-inscription de certains médicaments dans le registre des procès-verbaux de réception ne sont pas de nature à tempérer les curiosités, signalent nos sources. Autres gaffes relevées dans la gestion des responsables du Gabriel Touré : l’octroi de bon de commande de médicaments à des fournisseurs non agréés et l’existence d’écarts entre les montants des recettes enregistrés dans les différents supports de gestion. En effet, il existe un écart de 2,10 millions de FCFA  entre le cahier de versement des recettes et le support informatique du régisseur des recettes, Koké Diarra. Au même moment, on enregistre un dépassement d’un montant de 175 millions de FCFA entre le support informatique du régisseur de recettes et l’extrait de la situation des recettes sur le compte pharmacie. Idem pour le cahier de versement et le relevé bancaire où on note un écart de 218,651 millions de FCFA.
Au niveau des dépenses enregistrées à la comptabilité, l’équation est loin d’être équilibrée : il y a 167,938 millions de FCFA entre le support informatique de l’Agent comptable Issa Kouyaté et le pharmacien en chef. S’y ajoute la somme de 39,772 millions d’écart entre le support informatique de l’Agent comptable et le relevé bancaire du compte pharmacie. Par ailleurs, il existe des dettes fournisseurs d’un montant total de 631,493 millions de FCFA. Est-ce à dire que les bénéficiaires de ces prestations sont des proches des « seigneurs » de l’administration du CHU Gabriel Touré? En tout cas, tout porte à le croire. Même la non-exécution des budgets d’Etat 2009-2010 pour des montants respectifs de 140,397 millions et de 168,302 millions de FCFA n’a pas incité les responsables de l’hôpital à revoir leurs copies. Et quand on sait que le Directeur général de l’hôpital ne faisait guère mystère de ses relations personnelles avec l’ancien Président de la République ATT…Autant de « flous artistiques » qui ont permis aux responsables de l’Administration du CHU Gabriel Touré de « déguster à la petite cuillère » les fonds de l’hôpital. Par ailleurs, la Direction du CHU Gabriel Touré n’a jamais inscrit la pharmacie à la section D. Ce qui constitue une violation des dispositions de la loi N°86-36/AN-RM portant institution de l’Ordre des pharmaciens. Mais le hic qui fait tilt, c’est que depuis la nomination du Dr. Abdoulaye Néné Coulibaly au poste de DG de l’hôpital, il n’y a jamais eu d’organigramme et de description de tâches.  Pire, le manuel de procédures de gestion des stocks et le système de pharmacovigilance n’ont guère existé. Bien plus, la non mise en place du Comité thérapeutique, l’inadaptation des infrastructures, la rupture des stocks de produits pharmaceutiques, le manque de suivi des produits livrés aux pavillons des urgences (bloc opératoire et radiologie) et la vente de médicaments sans Autorisation de mise sur le marché (AMM) sont une réalité au CHU Gabriel Touré.
De magouilles en embrouilles
En somme, la caisse de l’Hôpital Gabriel Touré est gérée en dehors des circuits de la comptabilité. Quant aux documents professionnels de la pharmacie auxquels s’ajoutent les supports de gestion des médicaments gratuits (paludisme, césarienne, ARV) et les fiches de stocks dans les officines et les magasins, ils ont tout simplement disparu comme par magie. Depuis des lustres, l’hôpital est au bord du précipice. Plus grave : les décaissements n’ont aucun rapport avec les besoins réels de la structure : ce qui, en clair, veut dire que l’argent coule de source, mais vers d’autres sources. Et les documents indiquent. De telles pratiques ont causé une perte sèche de 1,554 milliard de FCFA à l’hôpital avec, à l’appui, une rupture de stocks de médicaments au niveau de la pharmacie hospitalière. D’où le calvaire des malades qui sont obligés de se tourner vers les officines privées qui vendent plus chers leurs produits. Face à cette situation, les travailleurs du CHU Gabriel Touré ont couplé une assemblée générale à leur sit-in du jeudi 12 avril dans l’enceinte du centre hospitalier. A la faveur de cette rencontre, ils ont témoigné en bloc : « Depuis très longtemps, nous avons expliqué la situation aux responsables de l’hôpital, à commencer par le Directeur général, le Dr. Abdoulaye Néné Coulibaly, et les autres membres de la Direction. Mais que faire lorsque les premiers responsables tardent à agir ? ». Bref, l’hôpital Gabriel Touré a été sacrifié par ses responsables sur l’autel d’intérêts égoïstes En chiffre, les caisses du centre hospitalier ont subi une saignée financière de 1,554 milliard de FCFA. D’où une pénurie de produits à la pharmacie avec, à l’appui, la paralysie de l’hôpital. En attendant, les malades sont abandonnés à leur triste sort. Nous y reviendrons !
Jean Pierre James

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1 commentaire

  1. Le prochain premier ministre doit auditer la gestion de l’ensemble des structures publiques au Mali. Le niveau des detournements de deniers publics a atteint un record sans précédent!Sans un contrôle rigoureux de l’utilisation des ressources financières, le Mali ne peut se développer même dans 1000 ans!

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