Historique du vaccin contre le virus Ebola : Le Mali sollicité pour un essai clinique

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Le virus Ebola est un virus enveloppé à ARN, simple brin de polarité négative appartenant à la famille des Filoviridae. Principalement retrouvé dans certaines régions d’Afrique, ce virus cause des fièvres hémorragiques qui sont souvent mortelles. Il est donc important de développer rapidement un vaccin contre ce virus. De plus, comme il s’attaque principalement aux primates non-humains et aux humains, les risques liés au bioterrorisme justifient la mise au point rapide d’un vaccin efficace. Le Mali sollicité pour un test clinique est aujourd’hui crédité pour son dispositif sécuritaire estimé à 90 % fiable.

 

Dès 1980, un vaccin à base de virus inactivés s’est trouvé efficace chez les cobayes, mais pas chez les primates non-humains, ce qui retarde les essais sur les humains, puisque les primates non-humains ont un système immunitaire très semblable à celui de l’homme. D’autres vaccins utilisant des protéines recombinantes ont été essayés par la suite, mais ne se sont pas avérés plus protecteurs.

En 1997, une équipe de chercheurs développa un vaccin qui semblait immuniser des cochons d’Inde. Ce groupe de Howard Hughes Medical Institute avait injecté un vaccin ADN dans les muscles des cobayes. Les animaux ont été protégés de l’infection après avoir été infectés par le virus à deux reprises, soit deux et quatre mois après l’immunisation.

En 2000, une équipe de Vaccine Research Center, National Institute of Health et une équipe de Special Pathogens Branch, Centers for Disease Control and Prevention, ont concocté un vaccin générant une immunité tant cellulaire qu’humorale chez les macaques cynomolgus. Infectés par une forte dose du virus Ebola Zaïre de 1976, les animaux vaccinés furent tous asymptomatiques pendant plus de six mois et ce, sans qu’il n’y ait de virus détectable dans leur organisme après l’exposition initiale. Cette étude démontra qu’il est possible de développer un vaccin préventif contre le virus Ebola chez les primates non-humains en quatre doses seulement.

En 2003, les mêmes auteurs qu’en 2000, associés cette fois au laboratoire P4 de l’USAMRIID (Fort Detrick, Maryland, Etats-Unis), ont amélioré leur processus de vaccination chez le macaque pour qu’il puisse être administré en une seule dose. Le nouveau mélange d’adénovirus effectué permettait une induction d’anticorps beaucoup plus rapide que précédemment. Quatre semaines après la nouvelle immunisation, les macaques infectés ont tous survécu et ce, toujours sans trace de virémie.

C’est en 2007 qu’une question fut réglée. L’opportunité de vérifier si le vaccin fonctionne après l’infection par d’autres souches que l’Ebola Zaïre (Zebov) et l’Ebola Soudan (Sebov) est survenue par la découverte d’une nouvelle souche dans la région de Bundibugyo en Ouganda (Bebov). Le Dr Nancy J. Sullivan et ses collègues du National Institute of Allergy and Infectious Diseases décidèrent d’essayer une stratégie de vaccination appelée prime-boost, ou amorce-rappel en français. Cette stratégie utilise des vecteurs ADN ainsi que des vecteurs d’Adénovirus recombinants (rAd5) afin d’assurer une réponse immunitaire en cellules T autant qu’en cellules B et ainsi induire une protection croisée contre Bebov. La question fut donc réglée lorsque l’équipe prouva que sur les quatre macaques cynomolgus immunisés avec un vaccin efficace contre Zebov et Sebov ont survécu à l’infection par Bebov.

Tout récemment, on a pu expérimenter la stratégie prime boost sur un petit groupe d’humains, qui a permis de prouver que cette technique est sécuritaire en ce qui a trait à la stimulation d’une réponse immunitaire. En revanche, nous sommes au tout début de l’expérimentation humaine et il n’y a pas encore de confirmation de protection totale contre l’infection par Ebola.

Notre pays, le Mali ainsi que plusieurs autres  pays vont être objet de nouveau vaccin contre le virus Ebola

Ousmane Daou

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