Guerre-VIH/SIDA : La vulnérabilité féminine à nu

0

La crise qui a éclaté au nord de notre pays, en 2012, avec l’entrée des jihadistes, n’a pas eu pour seule conséquence la fissure de notre tissu social ou la dégradation de l’image de notre Etat, mais elle a surtout révélé la vulnérabilité de la couche féminine aux maladies sexuellement transmissibles en temps de guerre et de trouble social.

 

 

En 2012, les hommes sans foi cachés derrière une idéologie satanique, couverte par une prétendue application de la charia, faisaient leur entrée dans notre pays. Dans leur élan, ils ont certes humilié les populations par des pratiques ignobles, mais, ont aussi violé de nombreuses femmes qui portent encore les séquelles psychologiques et physiques. Il ressort de la conclusion des travaux de la session du 28 novembre 2013 du Haut Conseil national de lutte contre le Vih-Sida que plus de soixante-dix filles et femmes âgées de 09 à 60 ans ont été victimes de viols collectifs et individuels par des hommes armés. L’âge de leur agresseur oscille entre 25 à 45 ans. 46% de ces agressions sexuelles ont eu lieu, pour la plupart, dans un endroit public inconnu de la victime (en brousse) contre 35% (au domicile) de la victime et 9% dans des camps.

 

 

Le Haut conseil national de lutte contre le Vih-Sida a collecté ces informations auprès des victimes, des témoins d’incidents. Les conclusions des travaux de ladite session rapportent que sur 31% des incidents de viols, 25 soit 79% commis sur des femmes sont dues à des viols collectifs contre six incidents impliquant des viols individuels soit 21% contre sept femmes. De ces crimes sexuels, il faut retenir que 49% ont été exercés sur des veuves ou des femmes en séparation de corps contre 35, 7% sur les célibataires et 15% sur les femmes mariées. Les langues parlées par les agresseurs étaient tamasheq (45% des incidents) ; daoussad (30% des incidents) ; arabe avec (15% des incidents) et Haoussa. Durant la période d’occupation des régions nord de notre pays par les jihadistes, les personnes vivant avec le Vih-Sida étaient dans une situation précaire avec une absence de prise en charge.

 

 

La destruction des médicaments antirétroviraux n’a pas favorisée le suivi régulier du traitement par les patients. Une situation qui, selon le Haut conseil national de lutte contre le Vih-Sida, risque d’affecter négativement et durablement la prise en charge et le soutien aux PVVIH/Sida. L’ampleur des cas de viols sur les femmes et les jeunes filles dépistées séropositives, le contexte de promiscuité et de dégradation des conditions de vie des personnes restées sur place, de celles déplacées à l’intérieur du territoire et dans les pays limitrophes avec contacts fréquents des couches ayant le plus fort taux de prévalence Vih-Sida, sont considérés, par le Haut conseil, comme des facteurs favorisant la propagation de l’infection du Vih-Sida.

 

 

Conscient du danger de l’expansion du fléau sur la population, le Haut conseil national de lutte contre le Vih-Sida appelle le gouvernement à mettre sur pied un système efficace de prise en charge sanitaire de première ligne et des services conseils aux victimes ; à développer et adapter un programme de rédaction physique et psychologique. En outre, il appelle l’Etat à renforcer le système judicaire pour faire face à l’afflux des dossiers criminels venant du septentrion de notre pays et de mettre en place un mécanisme de justice et de réparation prenant en charge les victimes des viols et autres violences sexuelles.

 

 

La lutte contre le Vih-Sida interpelle tous les citoyens à adopter une bonne hygiène de vie soutenue par des dépistages volontaires et des comportements sexuels protégés. L’Etat doit, davantage, s’investir en soutenant les structures chargées de la lutte contre le fléau à mettre en place de nouveaux centres de dépistage. Il doit les accompagner également dans leurs activités de sensibilisation. Pour le Haut conseil national de lutte contre le Vih-Sida, il urge de répertorier les personnes vivant avec le Vih-Sida (PVVIH-SIDA) pour mieux les suivre et reprendre le traitement antirétroviral dans les régions nord du pays. Dans les plus brefs délais !

MOS

 

Commentaires via Facebook :