Le Malien va de mal en pire à cause des grèves illimitées. Après celle des magistrats, médecins et enseignants du secondaire et du supérieur sont rentrés dans la danse.
Depuis le 09 mars 2017, les syndicats du secteur de la santé sont allés en grève illimitée. Après deux grèves d’avertissement en février et en mars, le syndicat de l’enseignement supérieur est allé en grève illimitée le 04 avril 2017. Ils déclarent ne vouloir reprendre le travail que jusqu’à la satisfaction de leurs revendications. Nous avons recueilli les avis de quelques Maliens sur le sujet.
Selon Mamadou Traoré, les médecins ont parfaitement raison de revendiquer leurs droits, mais le moment est mal choisi. «S’ils pensent qu’en faisant cette grève illimitée, qu’ils vont faire du mal au gouvernement, ils se trompent car le régime d’IBK est inconscient et se moque des préoccupations de la population. Aucun gouvernement conscient ne resterait tranquille devant un tel désastre. Comment développer un pays où la population est totalement désemparée ?» s’interroge-t-il.
«Ce que font les syndicats de la santé, c’est un peu trop, parce qu’après tout, nous sommes des sauveurs et on a prêté serment pour sauver la vie humaine sans condition. Même avec le service minimum qu’on donne, on assiste chaque jour à des pertes en vie humaine. La population souffre et je partage la souffrance de la population. Mais la grève est indépendante de ma volonté. Prions Dieu pour que tout ça se termine dans l’entente», confesse un médecin, qui a voulu garder l’anonyme.
D’après Boubacar Koné, un enseignant au secondaire, ils réclament deux choses : l’augmentation de leurs salaires et l’obtention de leur statut autonome. «On avait suspendu la grève. Mais on va faire une marche. Si le gouvernement ne réagit pas, la grève va continuer. Personne ne vaut mieux que nous ; on est tous des fonctionnaires et on travaille tous pour l’Etat», tonne-t-il.
Mory Cissé, un informaticien, croit savoir que le gouvernement est la source de tout ce drame. «Le gouvernement a dialogué avec les magistrats et ils sont parvenus à signer un accord. Pourquoi ne pas faire la même chose avec les médecins et les enseignants ? Parce qu’ils ont plus peur des magistrats que des médecins, et ce n’est pas juste. Le gouvernement doit réagir et prendre ses responsabilité face à cette situation qui est en train de faire souffrir les citoyens surtout les pauvres», peste-t-il.
Il ajoute que les médecins et les enseignants jouent un rôle très important. «Et si vraiment le président de la République se souvenait de son slogan : ‘le Mali d’abord’, la grève des médecins n’aurait pas dépassé une journée. Hier, tout le monde disait qu’IBK était la solution pour le Mali. Mais aujourd’hui, il est devenu un fardeau lourd à porter», déplore-t-il.
Assétou Y. SAMAKE/Stagiaire