Grève illimitée des agents de santé : L’hôpital de Kati en état de coma !

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Depuis plus d’une semaine les blouses blanches sont en grève illimitée. Les hôpitaux, les centres de santé de référence, sont tous paralysés. Un véritable calvaire pour les patients qui ne savent plus à quel  saint se vouer. A l’hôpital de Kati où nous nous sommes rendus, des cas de décès ont été enregistrés.

Les agents de santé observent une grève illimitée, décrétée par leurs syndicats depuis le 9 mars dernier. Et  L’hôpital de Kati ne fait pas exception. Car le personnel de cette structure est affilié  au Syndicat National de la Santé,  de l’Action Sociale et de la Promotion de la Famille (SNS-AS-PF) et à la Fédération des Syndicats de la santé et de l’Action sociale (FESYSAM).

Pour Dr. Badra Aliou Maïga, secrétaire général des syndicats de l’hôpital de Kati, la grève est le dernier recours du syndicaliste. « Ce n’est pas par plaisir que nous partons en grève, c’est par quête d’avantages liés à notre profession. Nous voulons un changement de notre cadre de vie. Nous voulons que le plateau technique des hôpitaux soit amélioré » a-t-il précisé.  Avant de révéler plus loin, que  le système d’approvisionnement en eau potable de l’hôpital de Kati est en panne d’eau depuis longtemps. « Il n’y a pas une seule goutte d’eau dans les robinets de l’hôpital Kati, les fontaines ne marchent pas, le château ne fonctionne pas. Les  toilettes sont pourries par faute d’eau. Chez les malades les ventilateurs ne marchent pas surtout en cette période de forte chaleur » a-t-il révélé. Pour lui, il est impossible de travailler dans ces conditions. D’où selon lui, la grève illimitée des agents de santé.

D’après lui, le gouvernement n’a pas respecté ses engagements. «  Nous partons en grève parce que le gouvernement nous a menti » a-t-il déclaré avant de préciser qu’ils ne sont aucunement manipulés par quiconque.

« En novembre 2016, nous avions tenté un arrêt de travail mais nous avons été démarchés par toutes les couches sociales du pays  (la société civile, les religieux) et nous avons reculé et observé un sursis de cette date à février, avant de leur demander d’aller dire au gouvernement de faire face à nos préoccupations » a-t-il rappelé.  Et d’expliquer plus loin, qu’après la suspension du mot d’ordre de grève en décembre 2016 une commission de travail a été mise en place pour travailler durant 21 jours. Mais dit-il, au lieu de 21 jours cette commission a travaillé pendant deux mois.

« Et  à chaque fois qu’on va vers eux, ils nous font tourner ou ils nous disent  X n’est pas là, Y n’est pas là. Et cela pendant deux mois, et nous avons dit  que trop c’est trop, il est temps de mettre fin à cette situation » a-t-il déclaré.

Avant d’ajouter que le gouvernement reste indifférent à leur sort, parce que les riches se soignent hors du pays.

« Dans nos centres de santé vous ne verrez que des pauvres. Vous ne trouverez aucun riche dans ces structures publiques. Allez y voir pendant les week-ends à l’aéroport (Air Tunis et Air Maroc), nos autorités font la navette entre ces pays pour aller se faire soigner avec l’argent du contribuable malien.  A défaut, ils partent dans les grandes cliniques du pays pour se faire soigner » s’est-il lamenté.

Des morts et beaucoup de douleur

Avant de rappeler que  la radio thérapie qui s’occupe du cancer à l’hôpital du Mali est en panne  depuis quelques temps. Et qu’il n’y a pas de « maintenancier » de cet appareil au Mali. Il a fallu l’intervention d’un ingénieur égyptien pour tenter de le dépanner, mais sans succès, pour faute de matériel.

A l’hôpital du point G  et de Kati l’imagerie (la radiographie) ne fonctionne pas.  Dire qu’au 21e siècle, le Mali n’est encore en mesure de former des techniciens pour dépanner cet appareil, selon lui, cela est une honte.

A la suite de  la grève non encore achevée des médecins, à l’hôpital de Kati, tout comme dans les autres hôpitaux les patients payent le prix fort.

Amadou Fofana nous raconte  son calvaire en ces termes: « J’ai amené ma femme qui avait fait un malaise, quand nous sommes arrivés à l’hôpital on nous a fait savoir que les médecins sont en grève, comme son état de santé s’empirait j’ai tenté de l’amener dans une clinique et malheureusement elle a rendu l’âme en cours de route. Et ça je ne le pardonnerai jamais ni à l’Etat ni aux docteurs », a-t-il affirmé, les larmes aux yeux avant d’ajouter : « Tout  le monde devrait partir en grève sauf les agents de santé. J’implore le bon Dieu pour que l’Etat ait  ces morts sur sa conscience pour la vie». Un autre déclare qu’il a été abandonné à son triste sort par les médecins, malgré ses graves blessures.

Ce sont là des preuves que tous les cas d’urgence ne sont pas pris en compte par les médecins grévistes. Face à la détresse des patients,  Dr Maïga, fait preuve de cynisme et déclare : « On ne peut pas faire d’omelette sans casser des œufs, on en a assez du sentimentalisme. Quand on prend en compte toutes ces considérations la vie n’aura pas son vrai sens. Les gens confondent le sentiment et la profession alors que c’est deux choses différentes ».

Maïmouna Sidibé (Stagiaire)                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                            

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