Le Syndicat national de la santé, de l’action sociale et de la promotion de la famille (SNS-AS-PF) observe une grève illimitée dans les centres hospitalo-universitaires (CHU) et dans certains centres de santé de référence (Csref) depuis la semaine passée.
Dans ces différents établissements publics hospitaliers, l’administration hospitalière a pris les dispositions qui s’imposent pour assurer le service minimum, conformément à la loi 87-47, relative à l’exercice du droit de grève dans les services publics. L’article 16 de cette loi stipule que toute personne qui ne défère pas à un ordre d’exécution du service minimal ou qui abandonne la tâche à elle assignée ou qui, sciemment se soustrait ou tente de se soustraire à l’exécution de cette tâche, pourra faire l’objet de sanction en dehors des garanties disciplinaires.
En faisant hier le tour de certains établissements hospitaliers, notre équipe de reportage a pu constater qu’ils assurent tous le service minimum. A l’hôpital du Point G, les services de neurologie, d’anatomopathologie, et d’hémato-oncologie disposaient tous d’équipes assurant le service minimum. En outre d’autres services comme l’imagerie médicale, le laboratoire, les urgences et l’unité d’hémodialyse fonctionnaient à plein régime.
Le directeur général de l’hôpital du Pont G, Sékou Dramé a expliqué que toutes les dispositions utiles ont été prises pour assurer le service minimum, y compris au niveau de la réanimation qui est un service extrêmement sensible. Par ailleurs, le patron du Point G a estimé qu’une évaluation de la première journée de cette grève illimitée (jeudi dernier) a permis de se rendre compte que 187 agents sur 676 étaient à leur poste, soit un taux de présence de 28%. Et ce nombre n’intègre pas les agents en mission, en congés ou partis pour une formation.
Mais la grève constitue un véritable manque à gagner pour l’hôpital. A ce propos, Sékou Dramé a révélé que les recettes de la journée du mercredi passé se sont chiffrées à 1,436 millions de Fcfa. On sera évidemment loin d’une telle entrée de fonds pendant les jours de grève. Au Point G, la direction générale confirme que les primes de garde ont été payées et que le paiement des ristournes est en cours.
A l’hôpital Gabriel Touré, le personnel astreint à l’obligation du service minimum s’employait au niveau de la pédiatrie à donner des soins appropriés aux enfants. Dans cette unité d’ailleurs, l’arrivée de notre équipe de reportage a coïncidé avec une rencontre entre la direction et les responsables de la pédiatrie pour faire face aux éventuels débordements, généralement constatés pendant la période de juillet-août.
Le directeur général de l’établissement, le Dr Lasseni Konaté a souligné que tout ce qui peut être fait à l’interne pour assurer l’hospitalisation et la prise en charge des enfants, sera fait. D’ores et déjà, les concertations avec la direction nationale de la santé auraient même permis de dégager 82 lits dans les autres structures pour accueillir des patients en cas de pléthore.
Pour ce qui concerne la grève, Lasseni Konaté relève que la loi a tout prévu. L’administration a mission d’organiser le service minimum dans les différentes unités. Pour le manque à gagner occasionné par la grève, il estime qu’il faut attendre le certificat d’encaissement à la fin du mois pour réellement évaluer l’impact.
A l’hôpital du Mali, l’administration hospitalière est à jour dans le paiement des primes de garde et des ristournes. Les syndicalistes de cet établissement par solidarité avec les autres hôpitaux observent la grève illimitée. Le directeur général de l’établissement le Dr Mamadou Adama Kané a précisé que cet hôpital n’est pas concerné par les revendications liées aux arriérés de primes de garde ou aux ristournes encore moins par la situation de contractuels à verser dans la fonction publique.
Rappelons que c’est dans ce seul établissement hospitalier qu’officie désormais l’équipe médicale chinoise. Ce personnel a été aussi contraint d’observer un arrêt du travail du fait de l’absence du personnel d’appui. A l’hôpital du Mali, le pédiatre recruté sur ressources propres de l’établissement a continué à consulter et à soigner les enfants à la demande de la direction.
Dans les autres centre hospitaliers universitaires, l’hôpital de Kati, l’Institut d’ophtalmologie tropicale d’Afrique (IOTA) et le Centre d’odontostomatologie (CHUOS), la grève a été bien observée mais partout la loi relative à l’exercice du droit de grève dans les établissements publics a été mise en application. Pour l’instant les dégâts sont réellement limités.
Qu’est ce qui est à l’origine de cette grève dans les hôpitaux et Csref ? Les syndicalistes avaient soumis des doléances en 12 points (réf L’Essor du 9 juillet). Parmi ces points figurent le paiement des arriérés de ristournes et de primes de garde, la mise en œuvre intégrale de la convention hospitalo-universitaire, le reclassement et la régularisation administrative des contractuels de l’Etat.
Le secrétaire général du ministère de la Santé, le Pr Adama Diawara a reconnu les efforts de médiation des associations de consommateurs pour amener les deux parties à la table de négociations. Par ailleurs, il rappelle que le département a saisi le gouvernement, notamment le Premier ministre de la question. Il a été convenu que le ministère des Finances épongera les arriérés de primes de garde et de ristournes, estimés à 272 millions de Fcfa pour l’ensemble des structures sanitaire concernées. Cet argent aurait dû être déjà versé dans les comptes des hôpitaux et autres structures concernées. Adama Diwara plaide la bonne foi du département et sa disponibilité au dialogue pour trouver définitivement une solution à la situation.
Cette position conciliante ne semble pas convaincre les syndicalistes. Le secrétaire général du SNS-AS-PF, le Pr Mamady Kané explique que les revendications relèvent de trois ministères. Pour l’instant aucun des départements n’aurait convié les syndicalistes à la table de négociations. Kané reconnaît avoir entendu que les arriérés de paiement seront épongés par l’Etat. Mais les syndicalistes veulent du concret.
« Toute grève a ses limites. Mais tant que nous ne serons pas essoufflés, nous continuerons la grève. Mais ne fermons pas la porte au dialogue », assure le syndicaliste.
En attendant que les différentes parties trouvent un terrain d’attente, les malades sont obligés de prendre leur mal en patience.
B. DOUMBIA