Trois syndicats de médecins sont en grève depuis lundi pour 96 heures. Avec le gouvernement, les négociations traînent et les patients souffrent. Les syndicats concernés, menacent de décréter une grève illimitée.
«Dans notre centre de santé 80%, des agents relèvent des collectivités. Et c’est le plus grand problème, car il y a plus de patients que de médecins. Avec la grève, il n’y a qu’un seul médecin en service. Il ne s’occupe que des cas d’urgence. Les infirmiers s’occupent des patients hospitalisés. En cas de problème, ils font appel au médecin », explique Alassane Densso surveillant général du Centre de Santé de Référence de la Commune III.
« Mon patient avait besoin d’une transfusion sanguine. Mais à cause de la grève, nous n’avons pas eu de poche de sang », raconte Aboubacar Sidiki Diarra. Le mercredi 20 juin, il accompagnait un proche malade au Centre de Santé de Référence de la Commune III. Là, comme dans plusieurs autres Centres de Santé Communautaires, les activités tournent au ralenti. Beaucoup de patients et des nouveaux nés à vacciner n’ont pas été pris en charge. À l’origine: la grève d’une partie du personnel de santé.
En effet, depuis lundi, la Fédération des Syndicats de la Santé et de l’Action Sociale du Mali et le Syndicat des Médecins du Mali (SYMEMA) observent un mot d’ordre de grève, pour une seconde fois, de 96 heures, soit toute la semaine. Si elle n’est pas générale, cette grève paralyse particulièrement les Centres de Santé Communautaires. Car la fédération est composée du Syndicat National des Fonctionnaires de la Santé, de l’Action Sociale et des Collectivités Territoriales et du Syndicat National du Personnel de Santé Communautaire du Mali.
Selon Dr Seydou Cissé, secrétaire général de la fédération, les syndicats revendiquent un statut particulier, lequel prévoit entre autres: l’amélioration de la grille indiciaire, la création d’un Conseil Supérieur de la Santé, l’application du procès-verbal de conciliation du 16 avril 2017.
Pour rappel, en 2017, les médecins ont observé une grève générale illimitée causant plusieurs décès. Un an après, les citoyens ne s’attendaient pas à une nouvelle grève. Mais pour Dr Seydou Cissé « Seulement 30% des points d’accord de la grève de l’année dernière ont été satisfaits par le gouvernement». Du côté du Ministère de la Fonction Publique, cette information n’a pas été démentie.
« 90% des agents de santé relèvent des collectivités territoriales. Ils ont les mêmes diplômes que leurs collègues fonctionnaires mais ils ne bénéficient pas des mêmes droits», fulmine Dr Seydou Cissé. A titre d’exemples dit-il, les médecins fonctionnaires des collectivités ne bénéficient pas des formations continues contrairement aux fonctionnaires de l’État. Et ils n’ont pas les mêmes primes et indemnités que ces derniers. La grève débutée le 4 juin était jusque-là périodique. D’après Dr Seydou Cissé, il y a eu des négociations avec le gouvernement mais aucun accord n’a été trouvé.
Pendant que les patients broient le noir, les syndicats menacent de durcir le ton en décrétant une grève illimitée.
Aminata Maiga (Stagiaire)