Depuis un certain temps, la pratique de la césarienne est gratuite dans notre pays. Toute chose ayant constitué une véritable bouffée d’oxygène pour les maliens qui en général avaient du mal à faire face aux frais de cette intervention chirurgicale. De nombreuses femmes ont par ailleurs perdu la vie lors de ces opérations. Mais est-il réellement réellement de la gratuité de ces soins?
La césarienne, selon la loi est gratuite en République du Mali, mais cela se traduit il dans les faits sur le terrain ?
En tout cas, à en croire les usagers de la plupart de nos centres de santé, surtout ceux de l’intérieur du pays, la césarienne est loin d’être gratuite.
Selon ces mêmes sources, une fois la patiente admise à l’hôpital ou au centre de santé pour césarienne, le médecin comme d’habitude se contente de faire une prescription qu’il remet à l’accompagnateur sommé se procurer des médicaments ailleurs. Il nous revient pourtant que sont gratuits même les Kits.
A noter que le montant déboursé à cet effet est de 30 et 40 000 F CFA. Pour toutes ces raisons, les candidates à la césarienne se comptent sur le bout des doigts surtout avec le risque né du peu d’intérêt des médecins pour ce type d’opération.
A titre d’exemple, dans les centres de santé de référence des communes V et VI, les patientes ont désormais pris l’habitude de payer intégralement la prise en charge de l’opération en vue d’échapper aux tracasseries susceptibles de mettre leur vie en danger.
Quand aux centres régionaux de santé, à en croire nos sources, les populations en majorité ne sont même pas informées sur la gratuité de la césarienne. Ici, elles continuent à payer comme de si de rien n’était.
En clair, l’opération de la césarienne est officiellement gratuite au Mali. Dans les faits, elle est loin de l’être.
Dans certains centres, les patientes d’ailleurs beaucoup plus qu’auparavant.
Les explications du directeur médical de l’hôpital Gabriel Touré
Pour en savoir davantage sur la gratuité de la césarienne, nous avons approché le directeur médical de l’hôpital Gabriel Touré, Professeur Kassoum Sanogo.
Il nous explique les motivations qui ont conduit à rendre la césarienne gratuite par les pouvoirs publics. Quand une femme enceinte débarquait à l’hôpital pour accoucher par césarienne, le médecin faisait tout simplement une ordonnance de produits qui, malheureusement arrivaient souvent en retard. La patiente pouvait alors succomber. Dans le meilleur des cas, et à l’absence de ces produits, le médecin procédait à une opération palliative visant à débarrasser la patiente de son utérus afin de lui donner des chances de survie. Cette méthode a également eu de nombreuses conséquences sur les foyers. C’est pour toutes raisons que l’Etat malien a décidé de rendre la césarienne gratuite.
Mais avant l’application de la décision, les gynécologues ont élaboré un paquet minimum dit kit césarienne qui est supportable par l’Etat. Bref tout juste ce qu’il faut pour sortir rapidement l’enfant du ventre de sa mère.
Selon le professeur, l’objectif de la césarienne gratuite n’est pas de traiter l’enfant ou la mère, mais, c’est de faire naître l’enfant.
Aux dires de notre interlocuteur, la gratuité de la césarienne se limite à l’acte opératoire. En effet, une fois la césarienne effectuée, la mère et l’enfant deviennent des patients ordinaires, comme les autres. En clair, immédiatement après la naissance, l’Etat ne prend plus en charge le traitement. Il le devrait pourtant, avant et immédiatement après.
Par ailleurs, le directeur médical a indiqué que la gratuité de la césarienne a, à n’en pas douter, considérablement réduit la mortalité maternelle et infantile dans notre pays au point de faire objet d’admiration dans la sous-région.
Ce qui est sûr, c’est que la gratuité de la césarienne est loin d’être comprise par les populations. D’où l’urgence de mener des campagnes d’information partout dans le pays.
Jean P James
