L’amélioration de la santé de la mère et de l’enfant est une préoccupation essentielle dans les pays du Sud, c’est-à-dire, les pays les moins avancés, notamment, ceux du continent africain. Ceux-ci déploient de gros efforts pour circonscrire les décès maternels et néonatals. Le président de la République , Amadou Toumani Touré et son épouse, Mme Touré Lobbo Traoré, sont à l’avant-garde du combat pour la réduction de la mortalité maternelle et néonatale.
A ce propos, les actions engagées dans notre pays couvrent la gratuité de la prise en charge des cas de paludisme chez les femmes enceintes et les enfants, des antirétroviraux (ARV) pour les malades du sida et de la césarienne. Pour la césarienne qui intéresse précisément dans cet article, la mesure lancée en 2005 a apporté un véritable bol d’air aux familles dont les portefeuilles sont pressurés par une conjoncture économique qui touche toute la communauté.
Il faut rappeler que la gratuité de la césarienne est destinée à faciliter la prise en charge des complications de la grossesse. Cet état de fait permettra de circonscrire en amont les décès maternels. A cet effet, le tableau n’est pas complètement noir mais il n’est guère reluisant non plus avec 464 décès pour 100 000 naissances vivantes, selon les statistiques de l’Enquête démographique et de Santé du Mali (EDS- IV) de 2006. Même si notre pays a réalisé des progrès, parce qu’on est passé d’un taux de 582 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes en 2001 à 464 décès pour le même dénominateur, ces sombres statistiques interpellent la conscience collective. Il est inacceptable de voir une femme mourir en donnant la vie, eu égard au progrès de la science et de la technique. Nos pays doivent intégrer cette réalité et agir dans la prévention. Il s’agira donc de mettre des services de santé de qualité à la disposition de la population même au niveau périphérique, c’est-à-dire, les centres de santé communautaire (Cscom). On a peu de souci à se faire au niveau des centres de santé de référence encore moins des centres hospitalo-universitaire (CHU) qui assurent aisément la prise en charge des complications de grossesses référées à temps dans le cadre d’une bonne organisation de la référence-évacuation. Depuis quelque temps, ce système est en train d’être dynamisé un peu partout dans les différents cercles du pays.
Il faut rappeler qu’une décision politique, très salutaire, accorde la gratuité de la césarienne à titre thérapeutique, c’est-à-dire, pour la prise en charge des urgences obstétricales, notamment, les complications liées à la grossesse. L’accès à cette gratuité est une réalité un peu partout dans les différentes aires de santé. La gratuité de la césarienne est aujourd’hui, porteuse d’espoir mais enlève surtout une grosse épine du pied. Les familles devraient payer, dans le cadre de la prise en charge, des frais pas forcément accessibles. Le Dr Mamadou Namory Traoré, Directeur national de la santé, confirme le bien fondé de la mesure. Il observe que l’initiative a engrangé des résultats satisfaisants. « Je pense que nous avons des indices qui nous permettent d’apprécier le soulagement apporté à la population notamment au niveau périphérique. La mesure a permis de réduire le retard dans la prise en charge des femmes pour lesquelles l’indication de la césarienne était posée », explique le Directeur national de la santé. Notre interlocuteur relève que les familles envoient plus maintenant dans les structures de santé, les femmes enceintes, une fois qu’elles commencent le travail.
La césarienne est un acte chirurgical qui permet de délivrer. Par opposition à l’accouchement par voie basse, selon l’expression médicale consacrée (accouchement normal), elle est réalisée dans les cas de complications majeures pour éviter la perte, à la fois de la mère et du bébé. Il ressort de certaines données que le taux de césarienne a connu un bond depuis l’adoption de gratuité en 2005 mais n’atteint pas les normes édictées en la matière. Les spécialistes sont unanimes à reconnaître que les normes établies en matière de taux de césarienne par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sont de 5 à 15%.
La gratuité de la césarienne marque, dans notre pays, la volonté politique de combattre la mortalité maternelle, néonatale et infantile. Dans cette croisade, les partenaires techniques et financiers accompagnent les efforts du gouvernement malien et boostent les programmes d’amélioration de la santé de la mère et de l’enfant. Ils mettent la main à la poche et apportent aussi assistance technique pour la bonne cause, c’est-à-dire, celle de la réduction de la mortalité maternelle et néonatale. Dans la mise en œuvre de la gratuité de la césarienne, l’Etat a consenti un énorme sacrifice. Des kits de césarienne sont disponibles dans les différentes structures de santé capables de réaliser une césarienne. Une fois que les indications d’une césarienne se confirment, les praticiens procèdent à l’opération pour sauver la mère et le bébé.
Tiémoko Traoré
LUTTE CONTRE LE PALUDISME
« Chaque crise de paludisme détruit des neurones ». Cette profession de foi d’un prestigieux parasitologue malien atteste de l’urgence mais surtout de la nécessité d’accomplir des efforts pour circonscrire le fléau qui reste une endémie majeure dans les pays en développement, notamment ceux du continent africain. Dans cette partie du monde, les femmes enceintes et les jeunes enfants de moins de 5 ans, continuent de payer un lourd tribut à la maladie.
Cette situation interpelle la conscience collective mais également les pouvoirs publics. Ceux-ci, décidés à prendre le taureau par les cornes, ont créé le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) et porté des efforts sur la prévention et la prise en charge des cas de paludisme, notamment chez les couches les plus vulnérables (les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans). A cet effet, une décision politique accorde la gratuité de la sulfadoxine péryméthamine (SP) à la femme enceinte et de la combinaison thérapeutique à base d’artémisinine (CTA) pour les tout- petits. Selon les spécialistes de la question, le principe actif de la CTA est à base d’artemisia annua, une plante utilisée depuis des siècles dans la médecine traditionnelle chinoise, à laquelle on prête de nombreuses vertus. La combinaison a été recommandée par l’Organisation Mondiale de la Santé dans les différents pays africains où les malades ont développé une résistance à la chloroquine et ou le paludisme sévit de façon endémique, notamment dans sa forme grave.
La charge de morbidité et de mortalité liée au paludisme est assez impressionnante. Les pays en développement où surviennent, selon les statistiques de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), un peu plus de 90% des cas, en souffrent plus. Notre pays garde le leadership africain dans le domaine de la lutte contre le paludisme. Il dispose d’un centre performant de recherche sur le paludisme. Il s’agit du Malaria Research and Training Center (MRTC), un centre de recherche et de formation, dirigé par le brillant scientifique, le Pr Ogobara Doumbo. Ce centre a beaucoup apporté à la compréhension de la biologie des parasites du paludisme.
Le paludisme demeure, selon les statistiques nationales fournies par le département de la Santé , un réel problème de santé publique dans notre pays et représente plus de 33% des motifs de consultation dans les établissements de santé. Mais au delà de ces chiffres édifiants, quel Malien ne fait pas un ou deux épisodes de paludisme par an ? La situation épidémiologique du paludisme dans notre pays, nous exige de renforcer les efforts de prévention à travers la communication mais surtout la distribution gratuite de moustiquaires imprégnées pour les couches vulnérables (les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans), la destruction de gites larvaires et la pulvérisation intra domiciliaire (PID).
La lutte contre le paludisme intègre une vision globale. Les pays en développement, notamment ceux du continent africain déploient des actions dans une bonne synergie. A cet effet, le Secrétaire général du ministère de la Santé , Ousmane Touré a précisé le 19 avril dernier à l’hôtel El Farouk, lors de l’atelier d’élaboration du plan stratégique de l’Initiative Ouest-africaine de Lutte contre le Paludisme (WAMI) qu’un traitement préventif intermittent a été développé dans des pays africains (Mali, Sénégal, Burkina, Gambie et Ghana) et attend d’être homologué par l’Organisation Mondiale de la Santé. Ces propos attestent que les pays africains, une fois qu’ils se mettent ensemble, peuvent atteindre de bons résultats.
Dans la lutte contre le paludisme, le Mali a multiplié les actions de sensibilisation et de prise en charge des cas. Aujourd’hui, l’ensemble des acteurs de la lutte contre le paludisme sont convaincus de l’impérieuse nécessité de fédérer les énergies pour rester dans le sens de la marche, en terme d’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMS) surtout l’objectif 6 qui vise à combattre le VIH/SIDA, le paludisme et les autres maladies.
SINALY