Dans sa correspondance du vendredi 10 avril, l’Association malienne contre la corruption et la délinquance financière (Amlcdf) a interpelé le Premier ministre, ministre de l’économie et des finances, Dr Boubou Cissé, sur la gestion du Fonds spécial Covid-19.
Pour l’Association, au Mali, comme sous tous les cieux, une situation dangereuse et incontournable pour la communauté entraîne une solidarité collective qui se manifeste par divers moyens. Et de poursuivre que cet élan patriotique et humain se manifeste actuellement au Mali à travers des dons pour le Fonds spécial Covid-19. “Il se trouve, malheureusement, que dans de telles conjonctures sanitaires fâcheuses, des personnes sulfureuses sont toujours en embuscade pour dévier les biens de leur destination première”, a déploré l’Association.
A titre d’exemple, l’Amlcdf dira que des exemples foisonnent dans la matière dont l’un des plus récents est celui du fonds mondial qui n’a toujours pas fait l’objet d’un inventaire exhaustif, alors que des innocents avaient été jetés en prison et en pâture pendant qu’on protégeait les margoulins. Déjà les soupçons pèsent au point d’obliger la Primature à communiquer abondamment pour endiguer les peurs liées à un scandale de “corona-arnaque”. Et de fait, elle notera que les sources d’inquiétude ne manquent pas sur le sujet.
Et de préciser qu’il apparaissait urgent de mettre en place une véritable fiche de transparence sur la gestion du Fonds spécial Covid-19 domicilié à la Banque malienne de solidarité (Bms) dont l’application sera suivie par des personnes, actives ou à la retraite, reconnues pour leur probité, de la société civile et au fait de la gestion macro-économique de l’Etat. “Il n’en manque pas au Mali, mais ils sont mis à l’écart parce que ce sont des empêcheurs de détourner en toute quiétude. Le flou entourant la gestion du compte est très préoccupant. A partir de quel montant et de quelles manières sont décomptés les dépôts ?”, s’interroge l’organisation.
A ses dires, une grande communication est manifeste sur les 6,3 milliards Fcfa annoncés par le président IBK aux premières heures de l’apparition de la maladie dans notre pays, tout comme les 100 millions du Pdg de Star Oil. Mais, s’interroge-t-elle, comment sont pris en compte les 500, 1.000, 2.000 francs Cfa de simples citoyens qui se privent pour le bien commun ?
Aussi, la correspondance mentionne que, selon le Trafin-covid-19, il y a une distorsion notable entre le compte de la Primature et d’autres données. “Ce genre d’embrouillamini est du pain béni pour les vautours qui rodent toujours autour des biens communs à la recherche d’opportunités pour s’en mettre plein les poches”, peut-on lire dans la correspondance.
De sa lecture, avant de détourner, l’élément majeur à mettre en place est le désordre comptable qui est en train de voir le jour à Bamako parce que dans ce contexte des chiffres se contredisent entre différents acteurs. Ainsi, au moment de l’harmonisation de ces chiffres irréconciliables le mal aura été fait. Cela marche toujours ainsi, c’est le même modus operandi car l’harmonisation sera effectuée sur des bases tronquées.
Dans la même veine, poursuit la correspondance, un article de la parution N° 6664 du journal “Info Matin” en date du mercredi 08 avril 2020 est édifiant parce qu’il dévoile les incohérences majeures dans le fonctionnement du Fonds Spécial Covid-19.
Pour couper court à toutes ces dérives et appréhensions du Malien de la rue, l’Association invite le Premier ministre à porter à la connaissance des Maliens une comptabilité fiable et certifiée par des experts de la société civile malienne. “Idéalement, une liste peut être créée avec les noms de tous les contributeurs, majeurs ou modestes, consultables en ligne et dans les mairies”, a-t-elle conclu.
Boubacar PAÏTAO