En marge de la rencontre de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations unies sur le Sida, le président Amadou Toumani Touré a eu le mercredi dernier des entretiens avec des personnalités importantes dont le directeur exécutif du Fonds mondial, Michel Kazatchkine qui lui a annoncé à l’occasion la décision temporaire de mettre les fonds à la disposition du Pnud et du PSI (Population service international). Une mesure qui écarte ainsi le gouvernement de la gestion dudit fonds.
Le président de la République, Amadou Toumani Touré, a profité de son séjour à New-York aux Etats-Unis d’Amérique dans le cadre de la rencontre de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations unies sur le Sida, pour rencontrer certaines personnalités dont le directeur exécutif du Fonds mondial, Michel Kazatchkine. Avec ce dernier, il a fait le point de la lutte contre le Sida en termes de progrès accomplis par notre pays mais aussi des inspections menées dans le cadre du Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le VIH-sida. Michel Kazatchkine s’est engagé à tout mettre en œuvre pour que notre pays puisse continuer à bénéficier de l’appui du Fonds. Il a aussi levé toute équivoque sur les inspections du Fonds mondial : l’inspecteur général du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme ne relève pas de lui mais du conseil d’administration du Fonds. Dans le cas de notre pays, il a été décidé que les bénéficiaires de première ligne seront temporairement le Pnud et PSI (Population service international), une organisation non gouvernementale qui œuvre dans la lutte contre le sida, notamment à travers des activités de prévention. Michel Kazatchkine a, cependant, estimé que cette situation ne pouvait durer. Des mécanismes appropriés et fiables seront trouvés, a-t-il assuré en notant que le Mali avait un des meilleurs programmes en la matière.
Ce qui veut dire que le gouvernement est écarté de la gestion dudit fonds, certainement une conséquence des malversations constatées dans la gestion des sommes déjà mises à la disposition de notre pays. Pourtant, les autorités maliennes ont déjà démontré leur bonne foi pour recouvrer les sous détournés et sanctionner les fautifs. Dans ce cadre, l’ancien ministre de la Santé, Oumar Ibrahima Touré, a été inculpé et placé sous contrôle judiciaire pour détournements de fonds, crime d’atteinte aux biens publics…
Retour sur les faits
Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, institution créée en 2002 à l’initiative des Nations unies, a mis à la disposition du gouvernement malien près de 80 millions de dollars sur 123 millions de dollars prévus.
Une première enquête révèle des décaissements illégaux et même des chèques bancaires falsifiés. Pour mener des investigations plus poussées, des enquêteurs du Fonds mondial débarquent à Bamako et sillonnent le pays. Résultat : des marchés fictifs ont été passés et dans des centres de santé, des médicaments censés être sur place pour soigner les malades, n’existent pas.
Oumar Ibrahima Touré est obligé de démissionner début décembre 2010 pour se mettre à la disposition de la justice. Au moins 15 personnes ont déjà été arrêtées dans le cadre de cette affaire. L’ancien ministre Ibrahima Touré, est contraint de mettre en veilleuse sa carrière politique. Candidat virtuel à la présidentielle de 2012, il est numéro 3 de l’Union pour la République et la démocratie (URD).
Plusieurs subventions du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme allouées au Mali ont été suspendues depuis le mois décembre. Mais les 22 500 Maliens actuellement sous traitement antirétroviral n’ont pas été affectés. Le Fonds mondial précise qu’il n’y a eu aucune interruption de subventions pour la tuberculose mais que les sommes ont été transférées à de nouvelles entités.
Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme n’en est pas à sa première affaire de malversations. Actuellement, 33 pays sur les 150 qui bénéficient de subventions ont déjà été audités. Quatre pays font l’objet de renforcement de contrôle financier : la Côte d’Ivoire, la Mauritanie, Djibouti et la Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Sur les 18 milliards de dollars de crédits alloués jusqu’à aujourd’hui, 34 millions de dollars ont été détournés dont le Fonds mondial demande le remboursement.
Rassemblés par Abdoul Karim Maïga